Subaru Legacy 2017: Appel à la résistance
Il y a deux ans, Subaru remaniait de fond en comble son populaire duo Legacy / Outback. Le constructeur aurait pu en profiter pour lui donner ne serait-ce qu’un millième du charme de la Legacy Concept vue au Salon de Los Angeles en novembre 2013, mais il n’en fut rien. Remarquez qu’une Subaru qui sort du rang n’est jamais populaire. Il n’y a qu’à regarder la cocasse XT de la fin des années 80, l’étonnante SVX de la décennie suivante ou l’excentrique Baja du début du nouveau millénaire pour comprendre pourquoi les dirigeants de Subaru ont décidé de respecter le credo de la marque depuis des décennies : logique, robustesse, simplicité.
Clarifions tout de suite la différence majeure entre la Legacy et l’Outback. La première est une berline, la seconde, une familiale haute sur pattes. Voyons ça de plus près…
Il serait facile d’affirmer que si la Legacy est pratiquement invisible sur nos routes, c’est à cause de son style passe-partout. Mais il n’y a pas que cela. Dans la catégorie des berlines intermédiaires, seule la Mazda6 se vend moins qu’elle (2 703 unités pour cette dernière au Canada en 2015 contre 3 258 pour la Legacy). Elle est même beaucoup moins populaire que l’Outback (9 992). On est loin des 16 805 Toyota Camry écoulées durant la même période.
La Legacy et l’Outback partagent un habitacle terne et peu en accord avec les thèmes modernes. Ici, pas de flaflas, pas de belles petites courbes pour faire joli. Par contre, des matériaux de qualité et du fonctionnel, en veux-tu, en v’là! Les sièges sont confortables et chauffants même dans la version de base, les espaces de rangement sont nombreux et le système multimédia StarLink s’avère intuitif et facile à utiliser au quotidien. Même pour quelqu’un qui commence à peine à comprendre son terminal Illico. C’est tout dire…
Technologie, mon œil…
Un mot sur le système EyeSight, qui fait partie de l’ensemble Technologie optionnel. Il ajoute à la sécurité en surveillant constamment ce qui se passe devant. Cependant, il ne faut jamais faire entièrement confiance à ce genre de système (et pas juste dans le cas de Subaru). Ça demeure de l’informatique. Les yeux humains et une bonne dose de jugement s’avèrent encore les systèmes les plus sécuritaires.
Personne ne sera surpris d’apprendre qu’au chapitre de la polyvalence, l’Outback se démarque avantageusement par rapport à la Legacy. Le coffre de cette dernière est de bonnes dimensions, mais sa petite ouverture nuit au transport de gros objets. L’Outback, de son côté, est l’une des dernières familiales sur le marché… même si l’on pourrait s’obstiner longtemps à savoir s’il s’agit d’une familiale, d’un VUS ou d’un multisegment! Et pour ne pas clore le débat, soulignons que son coffre est vaste comme celui d’un VUS compact…
Les deux voitures reçoivent les mêmes moteurs à plat, un peu comme sur certaines Porsche. Quoique beaucoup moins puissants, on s’entend. D’ailleurs, on l’entend cette différence… et ce n’est pas à l’avantage de Subaru, croyez-moi! Le moteur de base est un quatre cylindres de 2,5 litres développant 175 chevaux et un couple de 174 livres-pied. Rien pour se vanter sur les réseaux sociaux. Ce moteur a connu sa part de problèmes au cours des dernières années, mais sa fiabilité semble s’être améliorée depuis quelque temps.
Vivement le six cylindres!
L’autre moteur est un six cylindres de 3,6 litres nettement plus enjoué. Pas au point de faire d’une Legacy ou d’une Outback une voiture sport, que non, mais sa vivacité sera appréciée dès le premier dépassement. En plus, ce moteur permet, avec l’Outback, de tirer une remorque freinée pesant jusqu’à 1 360 kilos (3 000 livres) contre 1 224 (2 700) pour le 2,5 litres, tout en consommant à peine davantage.
Là où le 2,5 a un avantage, c’est au chapitre des boîtes de vitesses car il peut être accouplé à une manuelle à six rapports, une des très rares à être offertes de concert avec un rouage intégral. Sinon, on retrouve une automatique à rapports continuellement variables (CVT). Son comportement est à l’image de notre duo de voitures, sans problèmes mais sans passion non plus. Quant au rouage symétrique de Subaru, nul besoin d’en faire l’apologie, son excellente réputation parlant pour lui.
Sur la route, les placides Legacy et Outback sont confortables, relativement silencieuses et… plates à conduire. J’ai même eu l’impression, alors que je passais sur la route 235, en face de la piste de Sanair, que l’Outback a commencé à trembler et à rouler plus rapidement comme pour s’en éloigner le plus vite possible. Ben non, c’est pas vrai!
Dans un monde où les changements arrivent à un rythme d’enfer, les Subaru Legacy et Outback représentent une valeur sûre. Leur résistance au changement, qui serait décriée chez d’autres constructeurs, constitue ici un bel avantage pour quiconque ne ressent pas le besoin ou le goût d’avoir tous les regards braqués sur lui.