Lincoln MKX 2017: Second regard
Les plus jeunes auront de la difficulté à le croire, mais la marque Lincoln a déjà été synonyme de prestige. Les Lincoln Continental MKII (1956-1957) ont fait école, tout comme les fabuleuses Zephyr construites entre 1936 et 1942. Au fil du temps, Lincoln a accouché de quelques autres belles créations, toutefois, depuis une trentaine d’années, la marque de prestige de Ford se cherche. Lentement mais sûrement, elle semble trouver sa voie.
Certes, les Lincoln sont toujours étroitement dérivées de véhicules Ford. Le MKX, dans le cas qui nous intéresse ici, repose sur la même plate-forme que le Ford Edge. La comparaison ne s’arrête pas là. Au moins, les designers et ingénieurs ont fait davantage que de modifier la grille avant et ajouter du matériel insonore, ce qui est tout à leur honneur, même s’ils auraient pu pousser l’exercice plus loin. Pour cela, ils auraient sans doute eu besoin d’un meilleur budget. Voyons-y de plus près.
À première vue, le MKX diffère totalement de son frangin fordien. Or, un second regard fait ressortir des similitudes, surtout au niveau de la partie vitrée, celle qui coûte le plus cher à modifier. Quoi qu’il en soit, les designers semblent avoir enfin trouvé le moyen de bien intégrer la grille avant si particulière des Lincoln modernes. S’il n’en tenait qu’à moi, il y a longtemps que je m’en serais débarrassé. Mais comme, en termes de design, j’en suis encore au stade des bonshommes allumettes, je n’insisterai pas sur ce point…
Enfin, des boutons!
Dans l’habitacle, c’est réussi. Le tableau de bord est différent de celui du Ford Edge et c’est tant mieux. Et contrairement au MKX précédent, on y retrouve de vrais boutons. Fini les commandes à effleurement ou tactiles, aberration s’il en est une à une époque où les constructeurs automobiles investissent des milliards pour augmenter et promouvoir la sécurité de leurs voitures. Ford/Lincoln a enfin compris!
Aucun levier de vitesses ne vient perturber la console centrale. En lieu et place de cette protubérance, on retrouve un espace de rangement (il y en a tellement peu qu’il est bienvenu) et de bons porte-gobelets. Pour commander la boîte de vitesses, il suffit d’appuyer sur des boutons au tableau de bord, comme dans les années 50, en beaucoup plus fiable, cependant. Cette disposition demande un temps d’acclimatation mais il n’est pas long que l’on s’y fait.
Les sièges avant sont confortables et supportent bien les cuisses tandis que ceux à l’arrière ne sont pas très affables pour les corps. Ce qui est surprenant, étant donné qu’un propriétaire de MKX a passablement de chances de transporter de la parenté ou des amis relativement âgés. Au moins, leur accès est facile.
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Le MKX de base reçoit un V6 de 3,7 litres atmosphérique (lire non turbocompressé) développant 303 chevaux et 278 livres-pied de couple. Ce moteur est doux mais ceux qui aiment avoir du jus sous la pédale pourraient être déçus. Il ne faut pas oublier qu’il a la lourde tâche de traîner tout près de 2 000 kilos.
De son côté, le V6 turbocompressé de 2,7 litres déballe 32 chevaux de plus et 102 livres-pied de couple, ce qui est nettement plus intéressant. Certains pointilleux feront remarquer qu’il commande tout de même 8 000 $ de plus que le 3,7 litres et 10 000 $ de plus que le modèle équivalent du Ford Edge... On aura beau dire ce qu’on voudra, ce 2,7 est parfaitement adapté au caractère soyeux du MKX.
La transmission, automatique il va sans dire, compte six rapports, ce n’est pas beaucoup quand on se dit « luxueux ». Son comportement très placide, peu importe le moteur, ne peut être pris en défaut. Les plus téméraires appuieront, non sans avoir hésité quelques secondes, sur le bouton S (pour Sport), logiquement placé sous le « D », anticipant un changement drastique dans le comportement du véhicule. Ils seront surpris d’apprendre que dans le MKX, le « S » veut davantage dire Sédentaire que Sport…
Même si les dirigeants de Lincoln tentent désespérément de rajeunir leur clientèle, ce n’est pas avec le comportement routier du MKX qu’ils y parviendront. Il est destiné à des gens qui apprécient le silence de roulement, le confort tous azimuts et le luxe et à ce chapitre, il réussit parfaitement sa mission. Sa direction est plutôt floue et magistralement déconnectée de toute sensation. Dès que l’on tente de pousser le moindrement le véhicule en courbe, la caisse penche et les différents systèmes de contrôle prennent le relais, en toute discrétion mais avec une autorité certaine.
Alors que Cadillac, une autre marque de prestige américaine, a enfin trouvé sa voie après avoir connu sa large part de déboires, Lincoln commence à peine à trouver la sienne. En attendant, le MKX est loin d’être un mauvais véhicule… coincé entre la fiabilité d’un Lexus RX 350 ou d’un Acura MDX, le style explosif d’un Cadillac XT5 et la sportivité d’un BMW X5 ou d’un Audi Q7.