Dodge Challenger 2017: Il faut se rendre à l’évidence…
Alors que l’automobile en général, et la société à bien y penser, deviennent de plus en plus sobres, sécuritaires, économiques et sécuritaires, la Dodge Challenger est tout le contraire. Elle est trop tout. Trop grosse, trop lourde, trop puissante. Elle consomme trop, elle est trop voyante et son habitacle est trop petit. Bref, la Challenger ramène l’automobile 40 ans en arrière.
Et c’est exactement pour ça qu’on l’aime! Il y a tout d’abord son style, musclé à souhait et, selon les versions, capable de terrifier quiconque a la malencontreuse idée de se retrouver devant elle dans la voie de gauche d’une autoroute. Puis, la sonorité de ses moteurs. De n’importe lequel de ses moteurs. Le moindre appui sur l’accélérateur entraîne une exquise symphonie du système d’échappement. En fait, « exquise symphonie » devrait être réservé à la subtilité d’un moteur Ferrari. Ici, c’est plutôt un concert rock de George Thorogood qui sort des échappements.
Faisant fi des règles de l’ergonomie, l’habitacle est démesurément petit par rapport à la grosseur de la carrosserie. La visibilité, peu importe la direction où l’on regarde, est au mieux, exécrable. À l’opposé, le tableau de bord est franchement réussi et, à défaut de jouir d’une finition parfaite, affiche un grand écran central présentant l’un des meilleurs systèmes d’infodivertissement de l’industrie, le Uconnect. Les espaces de rangement… Les quoi?
Les sièges avant, même dans les versions basiques, se révèlent très confortables tandis que ceux des livrées les plus belliqueuses sont d’un maintien parfait. Le coffre, enfin, est de bonnes dimensions mais il est handicapé par une très petite ouverture.
305 chevaux pour débuter
Pour mouvoir ses quelque 1 760 kilos, la Challenger d’entrée de gamme peut compter sur un V6 de 3,6 litres développant 305 chevaux. Comme moteur de base, on a déjà vu pire. Évidemment, lorsqu’on le compare aux autres qui équipent cette voiture, il semble bien malingre. Ne vous laissez pas berner, ce moteur est amplement puissant. En plus, il autorise un comportement équilibré et sa consommation, avec un peu de bonne volonté, est presque retenue.
La fiche technique de la Challenger tombe ensuite dans le « trop ». Le V8 5,7 litres HEMI, avec ses 372 chevaux et son couple de 400 livres-pied (plus si l’on opte pour la boîte manuelle à six rapports) ne fait pas dans la dentelle. Il suffit d’enfoncer l’accélérateur pour se rendre compte que l’on est davantage dans le domaine du jean de travail que dans la lingerie fine...
Puis, il y a la version SRT. SRT pour Street and Racing Technology ou, traduction libre, technologie pour course… et pour rues. Cette SRT, c’est une brute de 6,4 litres développant 485 chevaux capable d’accélérations à vous plaquer le sternum sur la colonne vertébrale.
En configuration Scat Pack, doublée de la très intéressante option Shaker, la Challenger en impose. Sa prise d’air sur le moteur est tellement massive que l’on a dû percer un orifice dans le capot pour lui faire de la place. Quand on démarre le moteur ou que l’on accélère vivement, on voit cette protubérance bouger… ou « shaker », si vous préférez. S’il y a parmi vous des ophtalmologistes qui recherchent le moyen d’exciter les rétines éteintes, mettez votre patient dans une Challenger Shaker. S’il ne regagne pas la vue, au moins vous aurez eu du fun!
Trop, c’est mieux
Et puis il y a la Hellcat. La monstrueuse Hellcat. V8 de 6,2 litres, surcompresseur, refroidisseurs d’air intermédiaires (intercoolers) faisant partie d’un système de refroidissement très complexe, 707 chevaux, 650 livres-pied de couple, 16 litres aux cent kilomètres de moyenne... même pas en conduite sportive. Des pneus 275/40ZR20 et des freins Brembo de dimensions olympiques, à six pistons à l’avant et à quatre à l’arrière. Il en faut de la puissance et des freins pour déplacer et stopper une masse de plus de 2 000 kilos.
N’ayez crainte, les ingénieurs n’y ont pas été avec parcimonie. Tout dans la Hellcat est démesuré. Pourtant, alors que les « petits » 5,7 et 6,4 litres donnent dans le brutal, la Hellcat peut être docile comme une Corolla. Il suffit toutefois d’un petit coup sur l’accélérateur pour se retrouver avec des pneus arrière fumants qui font déraper l’arrière avant que les différents systèmes de contrôle interviennent. Décidément, il faut avoir du courage, ou plutôt de l’insouciance, pour choisir le mode Track qui laisse le conducteur seul face à 707 chevaux en furie!
Selon les rumeurs, la Dodge Challenger en serait à sa dernière année de production. Au cas où elle ne reviendrait pas l’an prochain, prenons une minute pour saluer respectueusement cette vieille amie qui nous a fait vivre des moments fous, si fous qu’ils ne se reproduiront sans doute jamais. Merci pour tout « Chall », on ne t’oubliera jamais!