Toyota Sequoia, le Bad Boy japonais
Les brutes ont beau avoir mauvaise presse, il se trouve toujours plusieurs personnes pour les admirer. On aime ce je-m’en-foutisme qui va totalement à l’encontre du politiquement correct. Souvent parce que soi-même, on n’a pas le courage de nos convictions. Pourquoi pensez-vous que les rockers attirent autant les regards envieux? Transposés dans le domaine de l’automobile, ces rockers s’appellent Mustang ou Viper. Ou Sequoia, cet immense véhicule qui, vu le prix de l’essence, s’en va droit en enfer à force de trop pécher. Mais il s’en fout, il a du fun !
Plus gros qu’un Cadillac Escalade ou qu’un Hummer H2 (en fait, seul un Ford Expedition MAX peut lui tenir tête au niveau des dimensions), le Toyota Sequoia ne fait pas dans la dentelle. Renouvelé cette année, question de relever des ventes qui baissaient à vue d’oeil, Toyota a donné à son plus gros véhicule les moyens de ses ambitions. Tant qu’à refaire le véhicule, se sont dit les gens de chez Toyota, on va le refaire pas à peu près ! Enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre, mon japonais étant plutôt restreint…
Du Tundra dans le nez
Comme pour la génération précédente, on a pigé dans le stock de pièces du Toyota Tundra, une des plus imposantes camionnettes sur le marché. Le Tundra ayant été entièrement renouvelé l’année dernière, on pouvait donc compter sur une base moderne. Le châssis ne change donc pas, même si l’empattement a été réduit par rapport au Tundra à cabine ordinaire. On lui a aussi emprunté sa mécanique, ses mécaniques plutôt. Pour la version SR5, on retrouve un V8 de 4,7 litres mais, si vous voulez mon avis, c’est uniquement pour pouvoir offrir le Sequoia à un prix moindre. De l’avis même de Toyota, à peine 15 % des Sequoia vendus auront le « petit » 4,7 litres qui peut tout de même remorquer jusqu’à 3 400 kilos (7 500 livres).
L’autre moteur est un V8 de 5,7 litres de 381 chevaux et 401 livres-pied de couple qui prend place dans les modèles Limited et Platinum. On est en droit de sourire quand on constate que le même moteur officie aussi dans le Lexus LX570 et qu’il y développe sept chevaux de plus et deux livres-pied de couple de plus. Question de prestige ! Pour en revenir au Sequoia, qui a beau peser trois tonnes, ses performances sont tout simplement éblouissantes. Le V8 réussit à arracher le Sequoia de sa position stationnaire jusqu’à 100 km/h en 8,2 secondes à peine ! Les reprises sont du même acabit, le tout accompagné de la belle sonorité que seul un V8 peut produire. Ce 5,7 litres a droit au calage variable des soupapes d’admission et d’échappement et, combiné à une transmission automatique à six rapports au lieu de cinq seulement pour le 4,7 litres, offre une meilleure consommation d’essence que ce dernier moteur.
A défaut d'un bulldozer, un Sequoia !
Les Américains ont droit à une version propulsion (roues arrière motrices) du Sequoia mais les Canadiens, qui s’y connaissent en matière de mauvaises routes, n’ont d’autre choix que le rouage 4x4. Ce système, sans être aussi sophistiqué que celui du cousin de chez Lexus, le LX570, se montre pourtant intraitable lorsque vient le temps de franchir un sentier en bien piètre état. Un essai, lors du lancement du Sequoia en janvier dernier, est venu à bout de nos dernières réticences. On peut même désactiver les coussins gonflables pour être sûr qu’ils n’éclateront pas à la moindre manoeuvre très brusque. Il faut savoir que ce VUS s’adresse avant tout à des entrepreneurs en construction qui doivent souvent se rendre sur des chantiers boueux. Pas question pour eux de perdre du temps à courir les remorqueuses pour sortir un véhicule d’une impasse. Et surtout pas question d’entendre rire les gars… Si un Sequoia s’enlise, nul doute que la remorqueuse en fera autant.
Aussi bien demander tout de suite l’aide d’un bulldozer. Puisque son châssis et les principales composantes proviennent de la camionnette Tundra, le Sequoia se comporte sur la route un peu comme un Tundra avec une boîte fermée. Dans les deux cas, les suspensions s’avèrent confortables à condition d’aimer la mollesse. Par contre, une série de trous a tôt fait de les déstabiliser. Ce n’est jamais dangereux et le lever du pied droit se fait comme par magie. Quant au volant, il affiche un certain flou au centre, ce qui est le propre d’un VUS de grand format équipé d’un rouage 4x4. Soulignons un rayon de braquage très court. Le Sequoia a été conçu pour le travail dur et cela paraît dans l’habitacle. Tout y est surdimensionné : les poignées de maintien placées sur les piliers A, les boutons du module de chauffage/climatisation si gros qu’ils peuvent être manipulés avec des gants, les espaces de rangement nombreux, la console centrale où l’on peut mettre des dossiers et un ordinateur portable, les sièges pouvant accueillir la plupart des physiques américains, le système audio de très bonne qualité, l’instrumentation très complète, tout quoi !
Les sièges avant sont confortables, tout comme ceux de la deuxième rangée. Ces sièges coulissent sur environ un pied, ce qui permet d’accommoder toutes les grandeurs. L’espace n’y est donc jamais compté. Ceux de la troisième rangée font, eux aussi, preuve de confort mais dans une moindre mesure, ces places ne servant de dépanneur qu’à l’occasion. Il est assez ironique de penser que Toyota propose un véhicule aussi indécent que le Sequoia sur les terres américaines. Cependant, le numéro un japonais n’aura pas réussi mieux que les manufacturiers américains, les maîtres du gros truck, sur leur marché. Au moins, Toyota peut compter sur ses petites voitures pour continuer à prospérer.
FEU VERT
Excellente fiabilité
Capacités hors route impressionnantes
Moteur 5,7 litres performant
Prix à la baisse
Habitacle confortable
FEU ROUGE
Consommation démesurée
Dimensions gênantes
Moteur 4,7 litres mal adapté
Direction floue