Donald Trump met-il en péril l'industrie automobile canadienne ?
Les récentes déclarations du président élu Donald Trump, qui dit vouloir imposer des tarifs à la frontière américano-mexicaine pour protéger l'industrie automobile américaine, font planer une menace sur l'industrie canadienne et les milliers d'emplois qui en dépendent, montre un Point publié aujourd'hui par l'IEDM.
Les conséquences économiques pourraient être graves puisque la quasi-totalité (96%) des exportations canadiennes de cette industrie est destinée aux marchés américains. L'industrie automobile canadienne, et les 125 400 emplois directs qui s'y rattachent, est donc très dépendante de son partenaire économique.
- À lire aussi: Au tour de Chevrolet de goûter à la médecine Trump
- À lire aussi: Trump a gagné : Ford annule la construction d'une nouvelle usine mexicaine
Mais l'inverse est aussi vrai. Les producteurs automobiles américains ont exporté au Canada pour plus de 62 milliards de dollars en 2015. « Le niveau d'intégration des usines d'assemblage et des fournisseurs situés des deux côtés de la frontière est tel que l'imposition de tarifs douaniers serait très coûteuse pour les deux pays », explique Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques à l'IEDM et coauteur de la publication.
À court terme, un nombre restreint de travailleurs américains pourrait bénéficier de contraintes à la frontière. Mais à long terme, les entreprises pourraient voir leur compétitivité diminuer face aux fabricants étrangers. Si cela se produit, le nombre de voitures construites en sol américain pourrait baisser et des emplois seraient perdus.
L'imposition de contraintes à la frontière canado-américaine coûterait également cher aux consommateurs qui devront payer davantage pour obtenir la même voiture. « L'intégration du marché de l'automobile depuis l'ALÉNA en 1994 a permis de réduire le prix des voitures tout en offrant une plus grande variété de modèles au bénéfice des consommateurs », explique Germain Belzile, chercheur associé senior à l'IEDM et coauteur du Point.
Pour toutes ces raisons, il n'est clairement pas dans l'intérêt économique des États-Unis de compromettre l'intégration de l'industrie automobile américaine avec celle du Canada, ni d'ailleurs avec celle du Mexique. « Compte tenu de ces réalités économiques, nous sommes confiants que l'administration Trump les prendra en considération lors de l'élaboration de ses politiques », conclut Michel Kelly-Gagnon, président de l'IEDM.
Le Point intitulé « Le président Trump menace-t-il l'industrie automobile canadienne ? » est signé par Germain Belzile, chercheur associé senior à l'IEDM, et Alexandre Moreau, analyste en politiques publiques.