Dodge Charger SRT 392 2016 : apprêté à la sauce 1970
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Difficile de parler de la Dodge Charger sans penser au coupé qui portait ce nom dans les années 70 : ce désormais mythique bolide à moteur V8 (il y avait aussi des six cylindres en ligne, mais le temps a oublié ceux-là!) s'est taillé une réputation sur les pistes d'accélération et les boulevards. Que ce soit avec un 426 HEMI ou un 440 sous le capot, il était difficile de passer devant un Mopar.
Aujourd'hui, la Charger n'est plus ce muscle car d'antan : elle est maintenant plus mature, plus confortable et possède même une seconde paire de portières (au grand dam de certains). Si les versions à moteur V6 sont prisées des entreprises de location et des forces policières, Dodge n'a pas oublié que beaucoup associent encore le nom Charger à un bolide capable de faire frémir celui qui a le malheur d'arriver à un feu rouge aux côtés d'un de ces monstres. Pour eux, la marque a créé le SRT 392.
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Profiter du succès de son grand frère
La Charger SRT 392 n'est pas le modèle le plus puissant dans son segment; cet honneur revient à la SRT Hellcat et ses 707 chevaux.
Cependant, la SRT 392 se sert de la réputation de sa grande soeur pour intimider ses concurrentes : elle est parée des mêmes pare-chocs avant et arrière, des mêmes phares à projecteurs, des mêmes roues de 20 pouces (?) et du même aileron que celui-ci. À moins de savoir exactement où regarder, vous aurez du mal à savoir si la Charger qui ronronne à côté de vous au feu rouge a 707 chevaux où non... Même la sonorité est très similaire : au repos, la Charger SRT 392 émet un son guttural très semblable à celui de la Hellcat.
Sous le capot de cette Charger se tapit un V8 HEMI de 6,4 litres qui développe 485 chevaux et un couple de 475 livres-pied. Marié à une boîte automatique comptant huit rapports — la seule proposée, alors que dans la Challenger, on peut avoir une manuelle —, cette motorisation est l'une des plus appropriées pour la Charger : elle est suffisamment puissante pour clouer les passagers à leur siège et diffuse une trame sonore à mi-chemin entre les lamentations des démons et les chants des anges, mais n'est pas trop violente pour vous vous intimider. Nette différence comparativement à la Hellcat, qui vous donnera des sueurs froides si vous avez le malheur de lui manquer de respect...
Équipée de suspensions ajustables, de gigantesques freins Brembo avec un diamètre de 15,4 pouces à l'avant et 13,8 pouces à l'arrière ainsi que de pneus Pirelli P Zero, la SRT 392 est plutôt agile; après quelques tours sur circuit, j'ai été surpris par son aplomb et ses performances de freinage... Bien qu'il soit difficile d'oublier qu'elle pèse 2 000 kilos! En ligne droite, la Charger passe de 0 à 100 km/h en 5,4 secondes, pulvérise un quart de mile en 13,7 secondes et atteindra 174 km/h sur cette même distance.
Une fois l'euphorie retombée
Toutefois, c'est probablement une fois que l'on s'habitue aux accélérations fulgurantes, au son démentiel et au look ravageur que la Charger SRT 392 dévoile son plus gros atout : elle est diablement pratique comme voiture de tous les jours! Son gros gabarit fait en sorte qu'elle accommodera cinq adultes et tous leurs bagages dans son immense coffre, elle est silencieuse lorsque l'on n'enfonce pas la pédale de droite au plancher et ses sièges ne vous causeront pas d'inconfort même après plusieurs heures de route.
Grâce au système de désactivation des cylindres (qui coupe l'alimentation en carburant et en étincelle dans quatre des huit cylindres quand la demande en puissance est moindre), la consommation sur la route est correcte : Dodge annonce 7,7 litres aux 100 km. Durant mon essai, la moyenne s'est tenue à environ 18,4 litres/100 km... On accusera ici mon pied droit, mais je n'ai aucun regret!
L'habitacle est aussi digne de mention : si les produits Dodge n'ont pas toujours brillé par leurs qualités intérieures (étant propriétaire d'une Magnum 2005, je parle ici en connaissance de cause), l'arrivée de FCA dans le décor a fouetté les designers : la cabine de la Charger SRT 392 est non seulement dynamique et beau à regarder, mais il est aussi bien fini et regorge de petites touches rétro. On apprécie par exemple le levier de vitesses en forme de T ou encore la planche de bord rappelant l'aluminium boudiné de certain muscle cars. Par contre, le gros écran Uconnect de 8,4 pouces et le cuir confortable associé à du suède sont très contemporains.
Au sein de la gamme Charger, la SRT 392 n'est donc pas le joueur de quatrième trio, le compromis que vous devrez faire si vous n'avez pas les 75 000 $ pour une Hellcat — puisque ce modèle débute à 54 995 $ —; elle est une bonne affaire à part entière, avec beaucoup plus de puissance que ce qu'il est possible d'utiliser sur la route et un confort qui étonnera tous ceux qui prendront place dans le bolide. Et avec son look et sa sonorité, vous réaliserez bien vite que vous n'avez pas besoin de 707 chevaux pour vivre l'exaltation d'un V8 américain lancé à plein volume...