Mazda6, conçue pour vaincre
Lancée en 2003 en tant que modèle 2004, la Mazda 6 de première génération se démarquait surtout par son caractère sportif. Vendue en version berline, hatchback et familiale, cette intermédiaire offrait une tenue de route rassurante et un agrément de conduite assez relevé pour la catégorie. Le temps était venu de rajeunir ce modèle et, cette fois, ses concepteurs se sont fixé des objectifs bien précis. Ils ont d’abord concentré leurs efforts uniquement sur la berline, délaissant les deux autres configurations moins populaires en Amérique. En plus, ils ont concocté un modèle exclusivement destiné à notre continent.
Il s’agit d’une première chez Mazda alors que la majorité des autres modèles sont à vocation mondiale. Mais compte tenu de l’importance du marché nord-américain et de l’enjeu de cette catégorie qui représente environ 25 % des ventes du marché, il était plus sage de concevoir un produit plus spécifique. Ce faisant, Mazda s’attaque à un marché plus vaste puisque ce nouveau modèle cible également des acheteurs plus âgés, ce que la première génération ne réussissait pas à faire. Le défi est de taille, car il faut conserver les jeunes conducteurs sportifs tout en intéressant d’autres catégories d’automobilistes.
Un design songé !
Chez Mazda, le style joue une part importante dans la réussite de la plupart des modèles. Par exemple, la Mazda 3 ainsi que les MX-5 et RX-8 n’auraient pas connu le succès si leur silhouette avait été fade et trop générique. Si la première Mazda 6 était élégante, il lui manquait ce petit quelque chose qui lui aurait permis de se démarquer davantage. Cette fois-ci, on a pris les moyens pour réussir en nommant Youichi Sato au poste de designer en chef de cette voiture. La feuille de route de ce dernier est assez impressionnante, son palmarès comprend, entre autres, les deux derniers modèles RX-7 ainsi que la MX-5 de la seconde génération.
Ce dernier a décidé de concilier la vocation sportive de la voiture avec une silhouette haut de gamme. Il faut également se souvenir que les principaux concurrents de ce modèle sont les Toyota Camry, Honda Accord et Nissan Altima. Vous admettrez avec moi que ces trois modèles représentent des approches totalement différentes l’une de l’autre.
Pour la Camry c’est l’opulence, pour l’Accord c’est le style urbain tandis que pour la Nissan, les stylistes ont fait appel à des lignes aguichantes.
Chez Mazda, on a préféré combiner une présentation sportive et formelle à la fois, tout en voulant donner à cette voiture une présence remarquée sur la route. Pour ce faire, les designers se sont inspirés de trois termes japonais pour s’exécuter. Il s’agit des mots Yugen qui signifie harmonie avec la nature, Rin qui incarne la dignité et Seichi qui exprime le savoir-faire d’un artisan créant une oeuvre de qualité. Il faut surtout savoir que les passages de roue avant en relief servent de points de base pour donner cette image sportive. Les tôles tendues des parois confèrent une touche formelle, tandis que la ligne du toit presque similaire à celle d’un coupé a pour effet d’assurer la signature visuelle finale de cette japonaise. De prime abord, cette berline ne nous impressionne pas par sa silhouette, mais au fur et à mesure qu’on l’examine, son élégance et sa sportivité prennent le dessus. De plus, lorsqu’on la croise en mouvement, on ne peut s’empêcher de la remarquer immédiatement.
Alors que les stylistes de Honda et Toyota ont voulu que les lignes des Camry et Accord fassent paraître la voiture plus grosse qu’elle ne l’est, ceux de chez Mazda ont réussi le contraire, bien que la nouvelle Mazda 6 soit plus longue de 195 mm, son empattement allongé de 115 mm et sa largeur de 60 mm. L’utilisation entre autres de porte-à-faux très courts, d’une ligne de toit fuyante et d’une fenestration relativement étroite a permis de préserver l’allure sportive de la voiture. La ceinture de caisse est également marquée par un renflement de la paroi, ce qui sert de point de fuite des lignes vers l’arrière. Ces dimensions n’ont pas uniquement pour but d’impressionner les acheteurs américains toujours férus de grosses bagnoles. Elles doivent aussi assurer une meilleure habitabilité et un meilleur confort sans pour autant affecter la tenue de route et l’agrément de conduite.
Mécanique connue mais améliorée
Les éléments qui coûtent le plus cher dans le développement de nouveaux produits font partie de la motorisation, soit le moteur et les transmissions. En outre, si ces éléments ne sont pas fiables, ils peuvent compromettre à tout jamais l’avenir d’une automobile. Souvenez-vous de ces fameuses transmissions automatiques des fourgonnettes Chrysler, ça fait plus d’une décennie que le problème a été connu du public et heureusement corrigé par la suite, mais les gens en parlent encore. Chez Mazda, le moteur quatre cylindres et le V6 n’étaient pas dépassés, mais ils avaient besoin d’être modernisés afin de les rendre plus puissants et de réduire leur consommation. Pour le V6, ce fut relativement facile puisqu’on prend le même moteur de 3,7 litres déjà monté avec succès sur la CX-9. Comme sur cette dernière, il est associé à une boîte de vitesses automatique à six rapports qui fonctionne en douceur. Celle-ci est dotée du changement de vitesse adaptatif – AAS- qui règle la transmission aux conditions du moment. Par exemple, en décélérant pendant les virages, la transmission accélère la vitesse de rétrogradation pour offrir un freinage moteur maximal. Autre exemple, lors de manoeuvres de dépassement, la transmission maintient les rapports inférieurs plus longtemps pour maximiser l’accélération.
Le moteur quatre cylindres de 2,3 litres de Mazda n’est plus à présenter. Il a été utilisé à toutes les sauces par le constructeur nippon et Ford. Cette fois, sa cylindrée passe à 2,5 litres et sa puissance est maintenant de 170 chevaux par rapport à 156 précédemment. Il serait faux de croire que chez Mazda, on s’est contenté d’augmenter la cylindrée pour obtenir ce surplus de puissance et une infime réduction de la consommation de ce moteur. Ce quatre cylindres a été révisé en profondeur et plusieurs de ses éléments mécaniques, dont la culasse, sont nouveaux, tandis que le vilebrequin est plus rigide et en acier forgé. Comme pour le moteur V6, la boîte de vitesses manuelle à six rapports est de série et l’automatique est une boîte manumatique à cinq rapports. Les ingénieurs ont fait appel à la même plate-forme que celle du modèle précédent, mais ils l’ont fortement modifiée afin d’augmenter sa rigidité tant en flexion qu’en torsion. Alors que plusieurs matériaux insonorisant ont été placés à des endroits stratégiques, la mécanique avant repose sur un berceau autonome. Quant aux éléments de suspension, le levier triangulé inférieur avant est dorénavant mono pièce et à l’arrière, on a repositionné les amortisseurs.
Tel que promis
Lors de la présentation de ce modèle, les présentateurs de Mazda ont souligné avec emphase l’équipement de base plus que complet et les prix fort compétitifs. Mais ce qui nous intéresse, c’est surtout la conduite. J’ai été en mesure d’essayer toute la gamme des modèles Mazda 6, aussi bien avec le moteur quatre cylindres avec boîte manuelle ou automatique que le V6 avec sa boîte automatique à six rapports. Dans les deux cas, la tenue de route est excellente, la voiture demeure neutre dans les virages, la direction à assistance électrique offre un excellent feedback de la route, et les reprises et les accélérations, à défaut d’être spectaculaires, sont légèrement supérieures à la moyenne. Sachez que la position de conduite est parfaite et que le tableau de bord moderne est facile à consulter. Nous avons également apprécié les multiples espaces de rangement, notamment les vide-poches dans les portières avant, qui peuvent accueillir une bouteille d’eau de bonne dimension. Somme toute, les dirigeants de Mazda au Canada ont raison d’être optimistes avec leur nouvelle berline qui a tout pour réussir.
FEU VERT
Silhouette réussie
Moteurs performants
Excellente tenue de route
Tableau de bord élégant
FEU ROUGE
Fiabilité inconnue
Dégagement moyen pour la tête (arrière)
Pas de familiale ou hatchback
Consommation réduite de peu