Suzuki Aerio, essayez-la avant de la juger !
C’est connu, les plus ardents pourfendeurs de films ou de romans sont généralement des gens qui n’ont pas vu ou lu le sujet en question. Dans le domaine de l’automobile, la Suzuki Aerio fait souvent l’objet de critiques, de railleries même. Son allure sans doute, mais plus probablement le nom Suzuki, terni par plusieurs créations plus ou moins songées (X90 et Esteem, entre autres !), semblent être les principaux responsables de son manque de popularité.
Et pourtant, avant de critiquer, il faut voir le film ou essayer la voiture, c’est selon. La Suzuki Aerio, lancée en 2003, a reçu sa part de critiques. Le moteur proposé au début aurait à peine pu traîner un panier d’épicerie, il y avait autant de matériel insonore que dans une discothèque, et le tableau de bord avait de quoi dégoûter n’importe qui de l’électronique. Malgré ces irritants, la petite voiture avait beaucoup à offrir et sans doute que si elle avait porté le sigle Honda ou Toyota sur sa calandre, elle aurait connu plus de succès. Maintenant que les principaux problèmes ont été corrigés, il est de plus en plus difficile de comprendre pourquoi elle demeure toujours aussi impopulaire.
Performances décevantes
Lors de son lancement, le moteur 2,0 litres de l’Aerio faisait 145 chevaux, mais ce chiffre semblait très optimiste compte tenu des performances. En 2004, la cylindrée était portée à 2,3 litres pour 155 chevaux et c’est encore ce moteur que l’on retrouve sous le capot de l’Aerio. Encore une fois, on est porté à croire que les gens du département de marketing y ont été un peu fort sur le crayon. Certes, les accélérations ne sont pas pénibles mais lorsqu’on regarde le rapport poids/puissance (chaque cheval doit traîner 7,8 kilos, un peu comme la Mazda3 Sport) on pourrait espérer des accélérations et des reprises plus convaincantes. Malgré tout, ce n’est pas la misère totale et un test d’accélération avec une Smart nous fait apprécier les 9,9 secondes requises par l’Aerio berline pour accomplir le 0-100 ! Il faut ajouter que la livrée intégrale, offerte uniquement avec la familiale, demande environ une seconde supplémentaire. La transmission automatique peut être pointée du doigt pour expliquer ces performances plus ou moins adéquates. Elle se montre quelquefois lente à réagir, même si le passage entre les rapports se fait généralement de façon plutôt transparente. La boîte manuelle, absente sur les versions intégrales, est agréable à manipuler et s’avère un choix judicieux. Peu importe que le moteur soit associé à une transmission automatique ou manuelle, son niveau sonore en accélération demeure toujours trop élevé, et s’immisce dans la conversation des passagers comme un vieil oncle paqueté qui s’invite pour dîner un dimanche jusque-là tranquille.
Au chapitre de la conduite, l’Aerio est la voiture compacte typique. Aucunement sportive, elle jouit par contre d’une tenue de route saine malgré un sous-virage évident (l’avant cherche à aller tout droit dans les courbes prises trop rapidement). Ce sous-virage est moins marqué en version intégrale. Parlant d’intégrale, il ne faudrait pas surestimer l’Aerio et tenter de suivre une Subaru dont le rouage intégral est fort sophistiqué et totalement différent de celui de la petite Suzuki. Certes, l’Aerio AWD passera mieux dans la neige que l’Aerio tout court, mais le bouclier sous le pare-chocs avant, très bas, ne peut en aucun cas jouer au chasse-neige. La direction communique bien peu avec le conducteur, mais s’avère d’une belle précision tandis que les freins pourraient démontrer un peu plus de conviction dans l’accomplissement de leur tâche.
L’Aerio se décline en versions berline et Fastback, une curieuse appellation pour une familiale. Si la ligne de la berline laisse indifférent, la familiale procure un peu plus de sensations à la rétine. Depuis l’an dernier, les groupes d’options ou les ensembles ont été réduits au minimum, et même l’Aerio berline reçoit sa part d’accessoires standards, allant des freins ABS au chauffe-moteur en passant par le système audio AM/FM/CD à six haut-parleurs et le volant inclinable. Seule la climatisation est offerte en option. La Fastback offre encore plus d’accessoires et propose, elle aussi, une seule option, soit la traction intégrale qui ajoute 1 800 $ à la facture ainsi que 90 kilos sur la balance. Ces kilos, combinés au rouage intégral, gobent un litre de plus tous les cent kilomètres.
Habitacle de première classe... ou presque
L’an dernier, Suzuki a revu le tableau de bord de l’Aerio. Autant il était repoussant auparavant, autant il est agréable à vivre aujourd’hui ! Les jauges sont faciles à consulter, le design de la partie centrale qui descend jusqu’à la console se montre aussi élégant que fonctionnel et toutes les commandes tombent bien sous la main. La plupart des plastiques sont de belle qualité et le sérieux de l’assemblage ne fait pas de doute. On peut cependant déplorer que le chauffage soit si difficile à doser. On gèle ou on crève ! Au moins, les boutons de réglage se manipulent aisément, même avec de gros gants. Ajoutons également que la climatisation est efficace par temps de canicule. Qui dit Aerio dit espace et les occupants en ont en masse, surtout en hauteur. Même la banquette arrière est invitante et la place centrale, aussi incroyable que cela puisse paraître, se révèle confortable ! Les dossiers peuvent être abaissés en deux sections pour agrandir l’espace de chargement, impressionnant dans la berline et encore plus dans la familiale.
Avec l’Aerio, Suzuki propose une voiture honnête, bien fignolée et généralement fiable. On peut certes lui reprocher quelques irritants mais, dans l’ensemble, elle se compare à ce qu’offre la concurrence. Seule objection, la version intégrale dont les 23 995 $ nous semblent exagérés.
Feu vert
Suspensions confortables
Habitacle de type cathédrale
Tableau de bord esthétique
Fiabilité intéressante
Visibilité sans reproche
Feu rouge
Prix de l’intégrale un peu élevé
Puissance trop juste
Insonorisation pauvre
Direction peu communicative
Faible valeur de revente