Ford Smart Mobility ou La voiture autonome selon Ford
Par les temps qui courent, le monde n’en a que pour les voitures autonomes. Décriées ou vénérées, ces voitures qui se conduisent toutes seules sont pourtant encore très rares. Quelques propriétaires de Tesla, tout au plus, peuvent prétendre, jusqu’à un certain point, au nirvana de la voiture sans pilote. Ici et là, on voit poindre des projets pilotes, comme celui d’Uber à Pittsburgh, en Pennsylvanie, qui utilise des Ford Fusion spécialement conçues pour la conduite autonome.
Ford voit toutefois la voiture autonome comme une partie d’un vaste plan qu’elle a baptisé Ford Smart Mobility.
- À lire aussi: La Ford Fusion hybride autonome testée la nuit
- À lire aussi: Les technologies dernière la voiture autonome
Quand Ford fait le point…
Le Guide de l’auto vient de passer deux journées à se taper sept conférences sur le sujet. Elles allaient des tendances actuelles de la société à la progression de la technologie autonome en passant par la gestion de l’époque de perturbation technologique dans laquelle nous vivons. Certains conférenciers ont suscité notre intérêt, d’autres notre ennui. À la fin, toutefois, on pouvait se faire une bonne idée du plan Ford Smart Mobility. Voyons ça de plus près…
L’automobile autonome s’inscrit dans un mouvement de société très fort. Les villes sont de plus en plus peuplées, les ventes de voitures continuent d’augmenter (aux États-Unis, il se vend 30 véhicules chaque minute), les gens comptent de plus en plus sur la technologie pour faciliter leur vie et sont plus prêts que jamais à partager l’utilisation de leurs biens via des applications comme Airbnb ou les médias sociaux traditionnels.
De son côté, Ford tente de régler le problème de la congestion routière, de la pollution et des changements sociaux en ratissant le plus large possible. Les voitures autonomes font partie de la solution, mais il y a d’autres voies à explorer. Nous avons pu nous entretenir avec le responsable de Go-Ride, un des projets pilotes parrainés par Ford qui fonctionne un peu comme Uber, mais qui est davantage axé vers le transport en commun (6 à 8 personnes qui ne sont pas nécessairement au même endroit et qui ne vont pas nécessairement au même endroit).
Pour le moment, ce service, qui s’inscrit dans la philosophie du Ford Smart Mobility, utilise des Ford Transit dotés d’un moteur à essence et conduits par des humains. La prochaine étape consistera en l’électrification de la motorisation. Puis, en 2021, ces véhicules seront, selon les plans actuels, entièrement autonomes. N’en déplaise aux conducteurs de véhicules de transport en commun, l’autonomie réduira dramatiquement les frais d’exploitation. Ford prévoit présenter des voitures autonomes en 2021. Ça semble loin, cependant c’est dans cinq ans… Ces voitures seront d’abord dédiées au transport en commun.
Enfin, on monte à bord d’une voiture autonome
Après moult discussions, Ford nous a enfin assis dans une Fusion Hybrid autonome… à l’arrière et sans possibilité de faire de la vidéo, pour « ne pas déranger les ingénieurs assis à l’avant ». Ou pour éviter qu’une éventuelle gaffe de la voiture se retrouve dans les médias sociaux. Ça, ce n’est pas Ford qui le dit, c’est moi! Entre vous et moi, faire l’essai d’une voiture autonome derrière le conducteur n’a rien d’intimidant. J’aurais tellement aimé l’être…
Durant notre « essai », plutôt court mais jalonné de défis pour une voiture autonome, notre Fusion n’a réagi bizarrement qu’une seule fois. Le système autonome est programmé pour suivre les règlements de la circulation à la lettre. Lorsque la voiture arrive à une intersection à quatre arrêts obligatoires en même temps qu’une autre, elle est programmée pour laisser cette dernière passer. Même si l’autre voiture attend.
À ce concours de politesse, la Fusion Hybrid gagnera, même s’il lui faut trois heures pour y parvenir! Cette situation s’est produite durant notre périple urbain et, après avoir patiemment attendu qu’une voiture à notre gauche daigne virer à sa gauche pour passer devant nous, notre Fusion est repartie plutôt rapidement, laissant peu de distance entre elle et cette voiture. Après quelques mètres, la distance s’est allongée et jamais je n’ai senti ma sécurité en jeu. Il reste encore plusieurs de ces petits détails à peaufiner, mais en général, on n’y voit que du feu. La voiture peut même décider, pour le confort des occupants, de rouler moins vite que la vitesse permise.
Encore beaucoup de peaufinage à apporter…
Il faudra aux gens de Ford, et des autres constructeurs, de déterminer une foule de paramètres. Par exemple, quelle vie devra sauver la voiture si deux vies sont en danger lors d’un accident imminent. Dans un véhicule de transport en commun, comment faire réagir le véhicule si un client fait un AVC? Vous voyez le genre de « détails » qui préoccupent les décideurs…
Avec la poussée technologique qui mène de plus en plus la société, Ford compte, parmi ses concurrents, les classiques comme General Motors, Toyota, Honda mais aussi Google, Uber, Apple, etc. Ford veut être au-devant de la parade. Pour cela, elle doit prendre des risques. Et c’est justement là-dessus que repose le succès ou l’échec d’une telle opération. Dans le passé, Ford a quelquefois péché par excès de zèle technologique (on se souvient du SYNC et du MyFord Touch de la première génération…). Il lui faudra donc éviter de se retrouver avec une voiture autonome que personne ne comprend.
L’automobile devient un moyen de transport pour amener la technologie d’un point A au point B. Chez Ford, le slogan Have you driven a Ford lately? (Avez-vous conduit un Ford récemment?) pourrait bien devenir Have you been driven by a Ford lately? (Avez-vous été conduit par un Ford récemment?). Celle-là, elle n’est pas de moi, malheureusement. Je la dois à Andy Serwer, de Yahoo Finance, qui agissait à titre de présentateur lors de la conférence de Bill Ford.