Infiniti au service de la performance en F1
MONZA (Italie) – Autrefois simple commanditaire de l’écurie Red Bull en F1, Infiniti s’affiche maintenant comme « partenaire technique » de l’équipe Renault en formule un depuis que la marque au losange a fait l’acquisition de l’écurie Lotus pour s’aligner en F1, non seulement comme motoriste, mais plutôt comme une équipe à part entière, au même titre que Mercedes-AMG, Ferrari, et les autres.
À l’occasion du Grand Prix d’Italie disputé à Monza, le capot moteur des Renault RS16 de formule un affichait « Infiniti Performance Hybrid » et non plus simplement le nom de la marque Infiniti. Ce changement à la livrée des monoplaces vise à souligner plus directement la contribution de la marque de luxe de l’alliance Renault-Nissan aux efforts déployés pour lui permettre de revenir aux avant-postes en F1.
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Infiniti Performance Hybrid
Cette contribution d’Infiniti se décline en deux volets. Dans un premier temps, les ingénieurs travaillent avec ceux de Renault Sport F1 sur la conception et le développement du système ERS (Energy Recovery System). Ce dernier récupère l’énergie cinétique emmagasinée lors du freinage ainsi que l’énergie thermique générée par la chaleur du moteur pour la redéployer lors de l’accélération, secondant le moteur thermique. Il fait partie du moteur de la monoplace, désormais appelé Power Unit, pour refléter le fait que la motorisation des F1 est composée d’un moteur thermique V6 de 1,6 litre et du ERS.
MGU-K et MGU-H
Le dispositif MGU-K (Motor Generator Unit–Kinetic), directement relié au vilebrequin du moteur thermique, agit comme un générateur lors du freinage en récupérant l’énergie cinétique dissipée lors du freinage pour la convertir en électricité, laquelle est stockée dans la batterie. De son côté, le système MGU-H (Motor Generator Unit-Heat), qui est directement relié au turbocompresseur, agit lui aussi comme un générateur en récupérant la chaleur des gaz d’échappement pour la convertir en énergie électrique qui sera à son tour stockée dans la batterie.
De plus, comme le MGU-H est directement relié au turbocompresseur, il sert également à augmenter plus rapidement la vitesse de rotation du turbo, qui peut atteindre 100 000 tours/minute, afin de réduire le temps de réponse à la commande des gaz, communément appelé « turbo lag ». Toute l’énergie électrique récupérée par ces deux systèmes très complexes peut être déployée lors de l’accélération. Cette contribution du ERS est limitée à 120 kilowatts ou 160 chevaux, selon la réglementation technique de la formule un, ce qui porte la puissance totale du Power Unit de Renault F1 à 875 chevaux.
Autrefois, Renault Sport ne faisait que concevoir et mettre au point le moteur thermique, laissant le soin à un fournisseur externe de développer le ERS. Le degré toujours plus élevé de compétition en F1 a cependant convaincu Renault Sport de l’importance de développer l’ensemble du Power Unit, et non seulement le moteur thermique, à l’interne et de travailler en partenariat avec Infiniti.
La marque de luxe de l’alliance Renault-Nissan a acquis une certaine expertise de la motorisation hybride avec des modèles comme la Q50 Hybrid et la Q70 Hybrid. Cela permet également à Infiniti de s’afficher sur les monoplaces de F1 avec plus de crédibilité qu’auparavant et de bénéficier des retombées médiatiques de cet investissement en ressources et en technologie.
Infiniti Performance Academy
Dans un deuxième temps, Infiniti a lancé un grand concours pour recruter de jeunes ingénieurs en vue de leur offrir un stage de six mois avec l’équipe Renault de F1 et de six mois chez Infiniti. Appelé Infiniti Performance Academy, ce concours a permis à sept gagnants, dont Félix Lamy du Québec, de mériter ce stage très convoité au cours de l’année 2016, où plus de 4 000 candidats se sont inscrits par le biais d’un site web dédié au recrutement à l’international.
Au Grand Prix d’Italie, j’ai rencontré Daniel Sanham d’Angleterre qui venait de terminer son stage, qui retournait à l’université pour faire ses études et qui avait déjà l’assurance de retrouver un poste au sein de l’équipe Renault F1 à son retour. Selon Tomasso Volpe, directeur de Infiniti Motorsport, ce programme connaît un succès dont l’ampleur a largement dépassé les attentes et a permis d’attirer de jeunes ingénieurs très talentueux dont certains ont même été débauchés par des écuries rivales.
Des objectifs ambitieux
Pour Renault Sport et Infiniti, les objectifs de performance en F1 sont aussi clairs qu’ambitieux. L’équipe souhaite se battre pour des podiums dans trois ans et de se battre pour le Championnat du monde dans un horizon de cinq ans, selon Jérôme Stoll, directeur de Renault Sport. À Monza, les monoplaces de l’équipe se sont qualifiées aux 20e et 21e places, Jolyon Palmer a été contraint à l’abandon après sept tours et Kevin Magnussen a terminé au 17e rang avec un tour de retard sur le vainqueur Nico Rosberg de l’écurie Mercedes-AMG.
Le défi est donc de taille. À ce sujet, Jérôme Stoll explique « Le succès en F1 repose sur trois piliers : le moteur, le châssis et les pilotes. Nous savons que notre moteur est efficace, peut-être pas autant que celui de Mercedes, mais l’écurie Red Bull est en mesure d’atteindre le podium avec une certaine régularité avec notre moteur. Il nous faut travailler sur le châssis. De ce côté, nous avons un déficit qui est en partie dû à notre décision tardive d’acquérir l’écurie Lotus et de la remettre sur pied. Quant aux pilotes, ils savent pertinemment que la F1 est un univers sans pitié et qu’ils doivent livrer la marchandise s’ils souhaitent conserver leur place ».