Suzuki XL-7, vivement les renforts !
Apparu en 2001 pour donner à Suzuki la chance de participer à la vague des VUS (Véhicules Utilitaires Sport), le XL-7 n’a jamais vraiment été de la fête. Les ventes sont toujours demeurées confidentielles et, si ce n’était du joli sourire et du talent de Véronique Cloutier, sans doute qu’on en verrait encore moins sur nos routes. Pourtant, le XL-7 n’est pas un mauvais véhicule, mais sa dernière année sur le marché ne risque pas d’en faire une vedette dont on s’ennuiera. L’an prochain, il cédera sa place à une nouvelle création, basée sur le Concept X, dévoilée à Détroit en janvier 2005.
Le XL-7 est dérivé du Grand Vitara, qui, lui, est tout nouveau cette année. En 2001, pour les besoins de la cause VUS, les ingénieurs ont allongé le Grand Vitara jusqu’à pouvoir greffer une troisième banquette aux versions les plus cossues du XL-7. Ainsi, les consommateurs à la recherche d’un véhicule quatre roues motrices en quête de beaucoup d’espace et ne voulant pas d’une fourgonnette et d’un prix d’achat trop élevé avaient enfin une solution de rechange. Sauf que dans les faits, accéder à la troisième rangée demande des talents d’alpiniste professionnel et lorsqu’on y est rendu, il faut un sens aigu du masochisme pour l’apprécier. De plus, en se basant sur le Grand Vitara, il était impossible pour les ingénieurs d’augmenter la largeur du XL-7. On se retrouve donc avec un véhicule long et étroit, ce qui donne l’impression de voyager dans une boîte de chaussures.
ON SE REMETTRA DE TON DÉPART, XL-7…
Pour l’instant, le XL-7 poursuit son petit bonhomme de chemin sans faire plus de bruit qu’avant. La mécanique demeure la même qu’à ses débuts, soit un V6 de 2,7 litres de 185 chevaux. C’est peu, vous en conviendrez, mais c’est déjà une amélioration par rapport à 2001 alors qu’il ne faisait appel qu’à 170 équidés ! Le couple aussi a progressé… mais si peu. Au fil des années, il est passé de 178 à 180 ! Sans être particulièrement lourd, le XL-7 n’est pas non plus un poids plume (1680 kilos) et son rapport poids/puissance peut difficilement supporter la comparaison avec ses concurrents. C’est probablement la raison pour laquelle il m’a été impossible d’effectuer l’incontournable 0-100 en moins de 11 secondes. D’ailleurs, il faut noter que même si le XL-7 démarre sur les chapeaux de roues, le moteur semble s’essouffler rapidement. Les reprises, heureusement, démontrent un peu plus d’enthousiasme mais, encore là, rien pour épater le beau-frère. D’un autre côté, la transmission automatique à cinq rapports effectue les changements doucement et sans hésitations.
Au chapitre de la conduite, ce n’est pas non plus le Pérou. Le moindre excès d’optimisme dans une courbe fait drôlement pencher la caisse et le roulis impressionnerait le capitaine du Queen Mary II. De plus, les sièges n’offrent à peu près aucun support latéral. À tout le moins, les suspensions, un peu molles, proposent un confort assez relevé jusqu’à ce qu’elles aient à affronter une route en mauvais état. À ce moment, leurs réactions deviennent imprévisibles et, si la vitesse n’est pas ajustée à la condition de la chaussée, prière de tenir le volant à deux mains. Volant qui, en passant, n’offre que bien peu de feedback de la route. Ce type de comportement routier n’inspire sans doute pas de grands élans de passion, mais puisque ses réactions s’avèrent généralement prévisibles, il fait l’affaire de bien des consommateurs. Les autres se tournent vers les Escape, CR-V ou X-Trail qui, toutefois, ne proposent pas de troisième banquette.
Le XL-7 bénéficie d’un système quatre roues motrices plutôt efficace. Il n’a certes pas les capacités d’un Jeep TJ – sa longueur le handicape un peu - mais puisqu’il s’agit d’un système avec boîtier de transfert et deux modes de traction (Hi et Lo), on peut compter sur lui pour se sortir d’à peu près toutes les situations difficiles. L’hiver, cependant, il faut impérativement le chausser de quatre bons pneus à neige et rouler en version « quatre pattes » dès qu’il y a un peu de neige sous peine de sentir l’arrière danser comme l’auteur de ces lignes après quelques consommations…
… MAIS ON S’ENNUIERA DE TON TABLEAU DE BORD
C’est en 2003 que le XL-7 a connu son plus important et bénéfique changement. Le tableau de bord autrefois d’une profonde insignifiance a alors fait place à une unité infiniment plus esthétique, plus pratique et bien assemblée, du moins dans notre véhicule d’essai. Quant aux plastiques, ils ne démontrent pas un gros penchant pour la qualité. Les gros boutons du système de chauffage se manipulent même avec de gros gants mais la chaleur, par temps très froid, n’arrive pas assez rapidement. Un bref essai durant une journée estivale ne nous a pas permis de prendre le climatiseur en défaut. Le système audio offre une sonorité correcte pour ce type de véhicule et pour mon type d’oreille (qui réussissait à apprécier la radio AM dans son Nova 1977 !) Les sièges sont confortables même si l’assise pourrait être plus longue, et le fait qu’ils soient ancrés plutôt haut améliore une visibilité déjà excellente.
Le XL-7 (eXtra Long 7 passagers) arrive – enfin, diront certains ! - au bout de son rouleau. Malgré ses nombreuses qualités, il lui était devenu impossible de soutenir la comparaison avec les autres véhicules offerts dans ce créneau très achalandé. Espérons que son remplaçant conserve certains éléments qui donnent de la gueule au prototype. Mais, finalement, peu importe le résultat, il y a fort à parier que le XL-7 sera oublié dès que la relève se pointera.
Feu vert
Sièges confortables
Système 4RM efficace
Tableau de bord moderne
Équipement de base intéressant
Visibilité sans faille
Feu rouge
Modèle déjà démodé
Sportivité nulle
3e banquette risible
Chauffage peu efficace
Valeur de revente faible