Chrysler 300S 2016: coincée dans le temps
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Alors que les quelques berlines pleine grandeur sur le marché se rajeunissent et se modernisent, les Dodge Charger et Chrysler 300 poursuivent leur carrière année après année avec de légères améliorations. Cependant, elles n’ont pas subi de refonte totale depuis leur arrivée en 2004.
Est-ce vraiment une mauvaise chose? Eh bien non, mais tout dépend à quel point son châssis peut résister au progrès. Dans le cas de la 300, c’est la plate-forme LX/LH de Chrysler, créée à l’aide de divers composants Mercedes-Benz. Vous vous souvenez lorsque la compagnie s’appelait DaimlerChrysler? C’est à ce moment-là que cette plate-forme a été mise au point.
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La plus récente génération de la Ford Taurus date de 2010, les actuelles Toyota Avalon et Chevrolet Impala sont âgées de quelques années seulement et la Nissan Maxima a été entièrement redessinée l’an dernier. En contraste, la Chrysler 300 2016 et la Dodge Charger 2016 reposent sur une structure introduite il y a plus de 12 ans, mais se marie toujours aussi bien à la mission de ces voitures.
Puissance HEMI — pour l’instant
La 300 est équipée du V6 de 3,6 litres très répandu au sein de la gamme FCA, jumelé ici à une boîte automatique à huit rapports, alors qu’un rouage intégral est optionnel. Ce six cylindres développe 292 ou 300 chevaux, c’est plus que suffisant pour le trajet quotidien.
Par contre, notre 300S à l’essai était plutôt motivée par un V8 HEMI de 5,7 litres, disponible en option. Ceux qui aiment toujours la puissance et la sonorité d’un bon vieux V8 (comme moi, je l’admets) n’ont plus beaucoup de choix, à moins d’opter pour une dispendieuse voiture de luxe allemande. Dans le segment des berlines pleine grandeur « abordables », seule la 300 et la Charger offrent un tel moteur. Le reste propose des motorisations à quatre cylindres ou V6.
Le V8 HEMI produit 363 chevaux et un couple de 394 livres-pied, procurant à la grosse berline des performances très intéressantes, mais aussi une douceur et une fluidité lorsque le conducteur n’est pas en train d’enfoncer la pédale de droite au plancher. L’automatique à huit rapports effectue son boulot de façon quasi imperceptible, et son temps de réponse peut être accentué en tournant la molette rotative de la boîte en position « S ».
La Chrysler 300 2016 cache certainement un petit côté sportif, mais ce n’est pas une berline orientée vers les performances comme c’est le cas de sa cousine Charger. FCA a même retiré la version 300 SRT, laissant à la marque Dodge et au Jeep Grand Cherokee l’honneur de recevoir un traitement haute performance. Malgré tout, le moteur de 5,7 litres ne laissera personne sur sa faim côté puissance.
On s’y attend, le V8 consomme pas mal d’essence, mais il inclut tout de même une désactivation de cylindres lorsque l’on roule tranquillement sur des surfaces planes. Lors d’un voyage aller-retour de Montréal à Toronto, nous avons observé une moyenne de 9,1 l/100 km, ce qui n’est pas mal du tout. Hélas, la conduite urbaine a fait grimper cette moyenne à 11,0 l/100 km. C’est probablement le mieux que l’on puisse faire avec une 300 à moteur V8.
Cabine bien finie
Au fil du temps, les accommodations de l’habitacle de la 300 ont été rehaussées avec des matériaux plus riches et une finition plus rigoureuse. FCA a toujours beaucoup de travail à faire à ce chapitre, et en ce qui concerne la fiabilité générale de ses produits, mais la présentation dans cette Chrysler est élégante et épurée. On n’a remarqué aucun bruit de craquement ou de rossignol dans la cabine de la voiture, alors que les commandes sont d’une sensation raffinée et solide.
L’affichage du conducteur inclut un écran numérique beaucoup plus lisible que les marquages bleu foncé de l’indicateur de vitesse et du compte-tours. Le système multimédia Uconnect 8.4 est facile à utiliser, avec un écran tactile très réactif et de grosses zones de boutons. En somme, il s’agit d’une des interfaces les plus conviviales sur le marché. Quant à la chaîne audio BeatsAudio et ses 10 haut-parleurs, récemment ajoutée à la 300, sa sonorité est convenable sans être époustouflante. Le système harman/kardon à 19 haut-parleurs de la 300C nous aurait probablement impressionnés davantage.
Lors de notre voyage de 1 000 km en 24 heures, les sièges de la Chrysler 300S 2016 ont démontré leur grand confort et leur soutien. Quelques caractéristiques de luxe, parsemées dans des groupes d’options, ont rendu la vie à bord plus agréable lorsque plusieurs personnes prennent le volant tour à tour, comme la colonne inclinable et télescopique à réglage électrique. Le toit ouvrant panoramique apporte une belle luminosité à l’habitacle, et rehausse l’ambiance pour les occupants arrière. Malgré que la 300 soit une grande berline, trois personnes prenant place sur la banquette ne seront pas totalement à l’aise, car le passager du milieu devra composer avec un large tunnel de transmission.
Sur la route, le roulement de la voiture est agréablement raffiné et silencieux, surtout lorsque l’on considère l’âge de sa plate-forme et ses composants mécaniques. Par ailleurs, le volume du coffre est assez grand, à 462 litres.
On aime bien l’apparence monochrome de la 300S, notre voiture à l’essai étant encore plus racée en rouge avec le toit optionnellement peint en noir. Les roues Hyper Black de 20 pouces ont également donné un look plus agressif à la voiture, mais remplacer ces gros pneus Firestone Firehawk sera coûteux.
En parlant de coût, une Chrysler 300 Touring 2016 de base est vendue à partir de 39 995 $, avant les frais de transport et de préparation. Notre 300S, tout équipée avec le moteur V8 et presque toutes les options disponibles, a fait grimper la facture à 52 720 $. C’est beaucoup de sous, quoiqu’une Ford Taurus SHO à équipement similaire coûtera plus ou moins la même chose.
Par contre, ici on obtient une berline spacieuse et confortable avec un moteur V8, qui peut toujours se tirer d’affaire dans son segment malgré ses vieux os. Comme on l’a dit précédemment, on retrouve de la machinerie plus moderne dans la catégorie des grandes berlines, et la 300 donne l’impression d’être coincée entre deux époques. Pourtant, l’acheteur typique de ces voitures n’est probablement pas un mordu des plus récentes technologies. On est curieux de voir ce que fera FCA avec la Chrysler 300 lorsque le moment inévitable arrivera de devoir la redessiner, mais entre temps, on aime toujours la 300. On l’aime beaucoup. Et la disponibilité d’un moteur HEMI la rend encore plus désirable.