Lexus GS F 2016 : la voiture d’Akio
Points forts |
|
---|---|
Points faibles |
|
À la tête d’un constructeur automobile, particulièrement dans le cas de la division suprême de la compagnie familiale fondée deux générations plus tôt, et surtout si l’on est un passionné de performances comme Akio Toyoda, on ne peut rester inerte trop longtemps. Encore moins si nos produits sont généralement considérés comme ternes. Oh, les véhicules Lexus sont luxueux, confortables et solides, mais s’ils ne sont pas excitants à conduire, s’ils ne font pas pomper l’adrénaline dans les veines de l’acheteur, tous ces attributs rationnels sont futiles.
Toyoda a donc cherché à rendre les véhicules Toyota et Lexus plus amusants à conduire et à leur donner plus de caractère. Il a surtout mis l’accent sur Lexus, alors que les choses se réglaient tranquillement entre Toyota et la marque Scion, laquelle sera abandonnée après le millésime 2016.
- À lire aussi: Lexus GS F 2016 : la nouvelle bête de Lexus sévit à Montréal
- À lire aussi: Lexus GS 2016: « F » comme dans « fantastique »
La stratégie — qui s’est avéré un succès, doit-on le préciser — consistait à multiplier l’écusson et les ensembles F SPORT à travers la gamme, servant comme porte d’entrée aux véritables modèles F. Actuellement, on compte le coupé RC F et, depuis 2016, la berline intermédiaire GS F.
La vie sans turbo
Il est presque impossible d’offrir des moteurs atmosphériques sur le marché de luxe d’aujourd’hui, puisqu’on finira invariablement par afficher une puissance ou une économie d’essence inférieure à la concurrence.
Non pas que le V8 de 5,0 litres de la Lexus GS F 2016 soit anémique, au contraire : il fouette 467 chevaux. La livrée de puissance est rapide, bien qu’il s’agisse ici d’un moteur qui tourne à haut régime, et son couple maximal ne se pointe qu’à 4 800 tr/min. Enfoncez l’accélérateur, et la GS F se propulsera de 0 à 100 km/h en environ 4,8 secondes. Pour garder la boîte automatique à huit rapports dans le même état d’esprit, le mode Sport+ doit être activé. Sinon, elle aura la tête ailleurs, comme chercher à économiser de l’essence en mode Eco, et être un peu mêlée entre économie et performances en mode Sport.
Les accélérations à plein régime sont habituellement accompagnées d’un grognement agressif, alors que des volutes s’ouvrent dans l’échappement, libérant la rage du moteur. Il n’y a rien comme la sonorité d’un V8 de performance lorsqu’on le laisse s’exprimer librement. Par contre, elle est rehaussée à l’aide de haut-parleurs dans la cabine, grâce au dispositif que la marque appelle Active Sound Control.
Cette rage peut aussi être causée en partie par les moteurs de ses rivales, qui se fient pas mal toutes à la turbocompression pour produire plus de puissance, et beaucoup plus de couple. Comme le V8 de la Mercedes-AMG E 63 S, par exemple, qui extirpe 577 chevaux et 516 lb-pi d’une cylindrée de 5,5 litres. Ou le V8 biturbo de 4,0 litres de l’Audi S6 qui développe 450 chevaux, mais un couple de 406 lb-pi à partir de seulement 1 400 tr/min. Ou le V8 suralimenté de 6,2 litres de la Cadillac CTS-V qui écorche le pavé avec 640 chevaux et 630 lb-pi. Sur papier, la GS F semble être la faible de la classe, celle qui est toujours la dernière choisie durant les parties de ballon-chasseur dans la cour d’école.
Si cela vous convient tout de même, Akio sera content, puisque c’est probablement lui qui a recommandé de laisser tomber la turbocompression afin de conserver la sensation d’un moteur atmosphérique. C’est le passionné de voitures en lui qui parle.
Une fois que l’on se remet des rugissements du moteur et que l’on se met à conduire de façon plus responsable, on peut obtenir une consommation tout à fait raisonnable. On a observé une moyenne de 11,7 l/100 km au cours de notre semaine d’essai. Dans tous les produits Lexus, le moteur se doit d’être doux et raffiné, et c’est aussi le cas ici.
Côté tenue de route, la GS F se débrouille très bien sur les routes sinueuses, mais encore une fois, elle n’est pas la plus chirurgicale de son segment. Elle bénéficie néanmoins d’un poids relativement léger, d’une suspension à calibrage sport et de roues de 19 pouces, alors qu’en mode Sport+, la direction de la voiture se raffermit agréablement bien. La GS F dispose d’un rouage à propulsion et d’un différentiel arrière à vectorisation de couple, avec trois réglages, mais nos hivers canadiens n’en feront vraisemblablement pas une berline quatre saisons.
Du bon et du mauvais dans l’habitacle
La Lexus GS F 2016 accueille ses occupants avec de confortables sièges en cuir finement confectionnés, des accents en alcantara sur le tableau de bord et les panneaux de porte, des surpiqûres bleues, ainsi qu’avec une finition nommée Carbon Composite. Il s’agit en principe de plastique renforcé de fibre de carbone, et ça prend un peu de temps à apprécier son apparence, puisque son fini lustré ne fait pas très luxueux. Agencez ça à un design du tableau de bord plutôt conservateur, et l’habitacle de la GS F n’impressionne pas au premier coup d’œil.
En revanche, d’un point de vue ergonomique, la disposition des commandes est intuitive et les cadrans sont clairement lisibles, tout comme le grand écran de 12,3 pouces. La chaîne audio Mark Levinson à 17 haut-parleurs est excellente, aussi. Il y a même des commandes audio et de climatisation montées dans l’accoudoir central rabattable à l’arrière, pour les fois où Akio n’aurait pas envie de prendre le volant.
Si seulement le système multimédia et son dispositif de commande style souris d’ordinateur étaient aussi agréables... Tenter de se retrouver dans la complexité des menus est un irritant, et choisir le bon bouton à l’écran à l’aide de la souris est carrément frustrant. Sélectionner des chansons spécifiques sur une clé USB est un exercice ardu nécessitant plusieurs étapes. C’est comme si personne n’avait pensé tester le système dans un véhicule en mouvement avant de le commercialiser... Dans le monde d’aujourd’hui où la connectivité et la convivialité du système multimédia représentent des éléments essentiels d’une automobile, Lexus a du travail à faire ici.
Et puis il y a le prix. Évidemment, la Lexus GS F 2016 inclut une foule de caractéristiques telles que les sièges avant chauffants et ventilés, les sièges arrière chauffants, le volant chauffant, un pare-soleil électrique de lunette arrière et une myriade d’aides électroniques à la conduite. Par contre, le PDSF de 95 000 $ est élevé lorsqu’on le compare à ses adversaires arborant des écussons plus prestigieux. Au moins, le prix garantira un certain niveau d’exclusivité, et un facteur non négligeable ici, c’est la fiabilité à toute épreuve de la GS. Elle est un véritable plaisir à conduire, mais cette GS F est une Lexus « en chair et en os », donc un achat rationnel avant un choix émotionnel.
Akio est tout de même sur la bonne voie.