Subaru Forester 2016: Le joueur le plus utile
On aime souvent les choses en gros et grand sur ce continent. À preuve, les ventes du Outback qui ont doublé quand il a pris du coffre, il y a six ans. Pour plusieurs d’entre nous, le Forester est pourtant un choix plus sensé, à défaut d’être plus sexy. Il est plus agile, compact, maniable et presque aussi spacieux. Et c’est le seul des utilitaires Subaru à être offert avec un des moteurs turbo de la marque. Ce qui n’est pas rien.
Nul doute que le Forester vit dans l’ombre du Outback depuis que ce dernier est devenu plus costaud. À l’inverse, le XV Crosstrek attire les acheteurs qui cherchent quelque chose d’encore plus compact, maniable et accessible. Avec raison, sans l’ombre d’un doute. Malgré tout, c’est le Forester qui est le juste milieu, le pivot et le centre de gravité de cette gamme aussi exceptionnelle que discrète. Et pas seulement sur papier ou sur la seule foi des chiffres.
Côté discrétion, le Forester est certainement le champion avec cette carrosserie qui a tout le charme d’une boîte aux arêtes à peine adoucies. Impossible d’imaginer un coup de foudre au premier coup d’œil. Il doit faire ses conquêtes autrement. Par la conduite, surtout. Une comparaison directe avec les Outback et XV Crosstrek, menée au cœur du dernier hiver, sur des routes et des tracés de toutes formes et de toutes surfaces, a été particulièrement révélatrice.
Toujours prêt
Le rouage (véritablement) intégral est évidemment une force et un avantage certain pour les Subaru. Le différentiel central électronique du rouage jumelé à la boîte automatique à variation continue achemine normalement 60 % du couple aux roues avant et la répartition sera au plus égale (50/50) entre les deux essieux. Sur des routes étroites, ondulées, glacées et souvent bosselées, les trois frères Subaru en font le meilleur usage en amorçant les virages glacés et serrés avec juste une touche de sous-virage pour pivoter aussitôt après dans le sens voulu.
Ce sera la même chose avec la boîte manuelle qu’on peut toujours s’offrir avec le vénérable quatre cylindres de 2,5 litres, chose de plus en plus rare dans cette catégorie. Elle est effectivement livrée avec un rouage intégral à viscocoupleur qui répartit toujours le couple également (50/50, encore). Le XV Crosstrek, plus léger, est forcément le plus agile, lui qui offre déjà la meilleure tenue de route chez les utilitaires compacts. À l’opposé, le grand Outback trahit son poids et son gabarit sur de telles routes.
Entre les deux, c’est le Forester qui se révèle le plus équilibré et franchement le plus agréable à conduire de ce trio, quel que soit le tracé. Il est également le meilleur sur un parcours tout-terrain truffé de bosses, recouvert d’une bonne couche de neige et parcouru à bonne allure. Il faut mentionner que les trois frères profitent d’une excellente garde au sol de 220 mm (8,7 pouces) qui fait honte à bon nombre de ces quasi-camions qui jouent les machos avec leur allure de tank et leurs grosses roues. Surtout que l’accès aux sièges n’en est aucunement affecté. Plutôt le contraire, pour les places avant à tout le moins.
La suspension du Forester est la mieux amortie sur les bosses, qu’elles soient longues ou courtes. Il franchit également sans effort un monticule dont les fortes pentes permettent de vérifier du même coup l’efficacité du système X-Mode que partagent les Forester et Outback à boîte à variation continue. Ce système, qu’on enclenche en appuyant sur un bouton, adoucit la réponse de l’accélérateur électronique en montée et laisse ensuite le Forester redescendre à la vitesse d’une tortue en raquettes, sans qu’on ait à toucher la moindre pédale.
Toujours à l’aise
En fait, le Forester se débrouille aussi bien dans les rodéos urbains que pour les expéditions de plein air en famille. Son volume cargo est presque égal à celui du Outback et on peut évidemment l’augmenter en repliant les dossiers d’une banquette arrière confortable et à peine moins spacieuse. Quant à la version XT, dotée d’un moteur turbocompressé qui produit 250 chevaux et 258 lb-pi, c’est un bolide, tout simplement. Un utilitaire sport éminemment pratique, performant en diable et doué pour le rallye, de surcroît. Rien d’étonnant quand on connaît le code génétique de la marque et les multiples talents de ses sœurs, les berlines WRX et STI.
Avec le Forester, tout est dans la substance plus que dans le style. On n’a rien contre, surtout dans ce pays où la conduite est souvent et longtemps éprouvante. Souhaitons quand même au Forester la belle silhouette qu’il mérite, au prochain tour. Inspirée par exemple du splendide prototype VIZIV 2 qu’on a vu au dernier Salon de l’auto à Montréal.