Nissan GT-R 2016: Née pour la course
Quand la crise pétrolière a pratiquement éliminé les muscle cars dans les années 1970, les voitures sport japonaises n'ont pas tardé à prendre la relève. À la fois frugales et performantes, les plus illustres furent les Toyota Celica et Toyota Supra, la Mazda RX-7 et la légendaire Nissan Z qui a vu défiler au fil des ans les modèles 240Z, 260Z, 280Z, 280ZX, 300ZX, 350Z et l'actuelle 370Z. Pour éviter que la Z ne perde son trône, Nissan a résisté pendant de nombreuses années à importer chez nous sa fabuleuse Skyline, laquelle faisait la pluie et le beau temps au Japon. Finalement en 2009, Nissan a décidé de nous offrir son véhicule amiral en la rebaptisant GT-R.
Même si cette bête japonaise entame sa huitième année en Amérique du Nord, elle est une espèce rare sur nos routes. Pour préserver cette rareté, Nissan n'a pas succombé à la tentation de réduire ses tarifs comme Chevrolet et Dodge l'ont fait avec la Corvette et la Viper. Le constructeur nippon a plutôt imité la stratégie de Ferrari et Porsche en maintenant un prix élevé qui assure une certaine exclusivité. Toutefois, il s'agit d'un jeu dangereux puisque les acheteurs ne font pas la file chez les concessionnaires qui détiennent une licence pour vendre et faire l'entretien de la GT-R.
Une place sur le podium
Comme ses ancêtres Skyline R31, R32, R33 et R34, l'actuelle GT-R R35 n'est pas une reine de beauté. Moins sensuelle que les voitures exotiques italiennes et anglaises, sa silhouette ne fait pas dans la dentelle et adopte un look taillé à la scie mécanique.
Sans la présence de son aileron arrière et ses énormes sorties d'échappement, personne ne pourrait croire que ce monstre d'acier peut accélérer de 0 à 160 km/h en 7 secondes et des poussières pour ensuite continuer sa course et franchir la vitesse de 200 km/h en 11 secondes et quelques dixièmes dans le même temps chronométré. Sur une ligne droite, la GT-R peut rouler jusqu'à 315 km/h. Des chiffres qui lui permettent de se classer dans le top 3 des voitures de production ayant réalisé le meilleur temps au tour sur le circuit du Nürburgring. La voiture la plus rapide étant la Porsche 918 Spyder suivie de la Lamborghini Aventador LP 750-4 Superveloce. Que la GT-R prenne place sur un podium aussi prestigieux révèle toutes ses capacités et pourquoi elle doit être prise au sérieux.
Si vous êtes un inconditionnel des voitures électriques et de la Nissan LEAF, on comprend que ces chiffres peuvent vous faire dresser les cheveux sur la tête. Pour les autres qui vont continuer à lire, ils vont saliver... Le V6 de 3,8 litres à double turbo développe 545 chevaux, soit 65 chevaux de plus qu'à ses débuts. Quant à la version NISMO qui a entrepris une carrière aux États-Unis en 2015, sa cavalerie de 600 chevaux est complètement délirante avec un rapport de 158 chevaux au litre! Moins lourde que les GT-R Premium et Black Edition, la NISMO est affublée d'éléments aérodynamiques et mécaniques plus poussés qui la rendent encore plus véloce. Toutefois, son prix est proportionnel à sa puissance puisqu'elle exige environ 50 000 $US de plus que la Premium sur le marché américain.
Un châssis équilibré
Peu importe la version, la boîte séquentielle à double embrayage compte six rapports et la boîte-pont présélectionne le rapport précédent ou suivant pour des changements de vitesse plus rapides. La configuration de la plate-forme fait en sorte que la transmission, la boîte de transfert et le bloc d'entraînement de l'essieu sont situés à l'arrière de la voiture. Ce positionnement renforce la stabilité et abaisse le centre de gravité pour une meilleure maniabilité.
Pour plaquer toute la puissance des pneus de 20 pouces au sol, le rouage intégral répartit le couple entre les essieux avant et arrière dans l'ordre de 0:100 ou jusqu'à 50:50 en fonction de la vitesse, de l'accélération latérale et du braquage des roues. Pour les amateurs de gadgets, la GT-R est équipée d'un indicateur de dérapage. Quant aux freins, les étriers Brembo à six pistons à l'avant et à quatre pistons à l'arrière vous feront perdre votre toupet lors d'un freinage à fond.
Prendre place dans l'habitacle exige quelques contorsions. Le toit est bas et les fauteuils sont fixés au ras du sol. Quant aux deux places arrière, oubliez-les, elles sont symboliques et servent plutôt d'espace de rangement. À l'image de la carrosserie, le tableau de bord manque de raffinement et fait dans le kitsch japonais. Pour égayer l'habitacle, mieux vaut opter pour des sièges de couleur.
En conclusion, un cours de conduite avancé ne serait pas superflu pour apprécier la GT-R dans son élément, soit celui d'une piste de course!