Bentley Continental 2016: Rolls-Royce? Connaît pas.
Au début des années 2000, personne ne donnait cher de la marque Bentley, autrefois un fleuron de l’industrie automobile anglaise aux côtés de la non moins noble Rolls-Royce. Au tournant du nouveau millénaire, les Bentley n’étaient d’ailleurs plus qu’une pâle copie des Rolls, « pâle » devant être pris dans un sens plutôt large… Dans une saga judiciaire digne d’être portée à l’écran, BMW venait de se porter acquéreur de Rolls-Royce et Volkswagen de Bentley. Chez BMW, on se tenait les côtes tant on était heureux de voir Volkswagen pris avec cette plaie de lit.
Que l’on soit riche ou pauvre, beau ou laid, petit ou grand, la vie demeure seul maître à bord. Elle avait même mis de côté une de ses magistrales claques pour BMW. Alors que celui-ci commençait à peine à retrouver un semblant de contenance après le fou rire, Bentley dévoilait sa Continental GT. Et vlan, BMW, essaie de retrouver tes dents maintenant!
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On s’habitue à tout. Même au luxe.
Au début, le style de la Continental GT avait surpris. La partie avant avec ses gros phares, surtout, ne laissait personne indifférent tandis que le reste de la voiture était loin de faire dans la dentelle. Il faut toutefois dire que de la dentelle de riche, c’est beaucoup plus solide que de la dentelle de pauvre. Toujours est-il que ce gros coupé a évolué avec les années. Bentley lui a enlevé son toit pour créer une version décapotable puis a ajouté deux portes pour en faire une berline.
Si la carrosserie fait dans le superlatif, que dire de l’habitacle où se marient cuirs fins (extraordinairement fins serait plus juste), boiseries rares et autres matériaux choisis avec un soin maniaque. Le moderne côtoie l’ancien, mais dans une moindre mesure depuis une refonte majeure en 2011. Les sièges avant évoquent davantage le trône royal que l’accessoire automobile tant ils sont confortables. Bentley s’inspire beaucoup des sièges qu’on retrouve dans les camions qui parcourent de très longues distances pour créer les siens. Les places arrière du coupé sont forcément plus petites et on a beau y être bien assis, on finit par trouver le temps long assez rapidement. Les places arrière du cabriolet ne sont guère mieux nanties, mais celles de la berline compensent allègrement.
La vie veille au grain, BMW peut vous en parler, et possède toujours un bon stock de baffes dans un coin de son atelier. Il y a quelques années, elle a foutu dans les pattes des marques de prestige une planète aux prises avec des problèmes d’environnement et des gouvernements de plus en plus sévères en matière de rejets nocifs dans l’atmosphère. Délicat problème pour une marque comme Bentley qui a fait de la puissance son cheval de bataille. Pour s’en sortir sans trop perdre la face, la marque de Crewe en Angleterre (c’est toujours là, d’ailleurs, que les Bentley sont construites) décidait, en 2013, d’offrir un V8 dans sa gamme Continental. C’était à la limite du mauvais goût et sûrement que quelques disciples du fondateur, Walter Owen Bentley, ont pleuré, mais c’était tout de même mieux que de créer un modèle hybride, ce qui aurait été une hérésie pure et simple.
Le minimum des uns, le maximum des autres
Chez Bentley, un V8, ça génère 500 ou 521 chevaux selon la version, ce qui constitue, d’après les critères « bentléens », un minimum acceptable. Avec un couple se situant dans les mêmes eaux, on a beau avoir une voiture dont le poids dépasse allègrement 2 200 kilos, les performances sont au rendez-vous. Même avec ce « petit » moteur, un 0-100 km/h demande moins de 5 secondes ce qui, pour une Bentley, est dans le domaine du raisonnable.
Pour ne pas froisser une clientèle susceptible (et ayant les moyens de l’être), Bentley a tout de même prévu laisser le W12 au catalogue. Cette année, elle lui accorde même une petite augmentation de puissance. Le 6,0 litres passe, dans sa version de base (!?!?), de 567 à 582 chevaux et de 516 à 531 lb-pi de couple. Ça va lui faire du bien, il manquait tellement de puissance auparavant… La version Speed produit 626 chevaux et 607 lb-pi de couple. Entre vous et moi, pour avoir essayé les deux variantes du W12, faire le 0-100 km/h en 4,2 secondes au lieu de 4,5, ça ne paraît absolument pas. Peut-être que je ne suis pas assez riche pour voir la différence.
Loin de s’asseoir sur ses glorieux lauriers, la Bentley continue de développer sa gamme Continental et Flying Spur en dévoilant chaque année au moins une nouvelle version. La plus récente est la livrée Beluga (un nom qui en dit long sur le poids de la voiture…), offerte seulement avec la Flying Spur V8. Chez Bentley, on se fout de Rolls-Royce et on va de l’avant. Vite.