Kia Cadenza 2016: En manque de propriétaires
En à peine deux ans, Kia a dévoilé deux grandes berlines. Le Guide de l’auto 2014 présentait la Cadenza (déjà en vente depuis quelques années en Corée sous le nom K7) puis, l’année passée, la K900. Si cette dernière est loin d’être à la hauteur de la concurrence, la Cadenza, plus petite, est nettement plus intéressante. Pourtant, on en voit bien peu sur nos routes. Pourquoi?
Ce n’est assurément pas une question de prix. Kia est reconnu depuis son arrivée sur notre marché pour offrir un rapport prix/équipement imbattable. Certainement pas pour des raisons de qualité douteuse. Kia a abandonné les plastiques Fisher-Price depuis belle lurette! L’espace dans l’habitacle? Le confort des sièges? La qualité de la finition? La puissance du moteur? Rien à redire. Alors pourquoi?
- À lire aussi: Kia au Mexique : la globalisation en action
- À lire aussi: Kia annonce une boîte automatique à huit rapports
Pour les 20 ans et plus… beaucoup plus
La Cadenza est fort joliment tournée. Personnellement, je trouve qu’elle ne se démarque pas suffisamment de l’intermédiaire Optima malgré plusieurs petites différences ici et là, la plus importante étant ses dimensions, plus imposantes. Malheureusement, le coup de crayon des designers a été moins heureux quand est venu le temps de dessiner le tableau de bord. Il n’est pas vilain, mais il lui manque cette fluidité qu’on retrouve dans l’Optima, par exemple.
L’assemblage est réussi et les matériaux utilisés ne s’attirent aucun commentaire négatif. Les appliques en bois, qui auraient l’air dépareillées dans une sportive, sont ici tout à fait dans le ton. Car, voyez-vous, la Cadenza ne s’adresse pas à un jeune de 20 ans. On peut tripler ce chiffre sans avoir peur de se tromper… Le gros compteur de vitesse, en plein devant les yeux, se lit facilement tout comme l’écran central. Et que dire de la chaîne audio Infinity qui, grâce à sa qualité sonore, fera sourire les tympans. Même s’il s’agit d’un rigodon.
Les sièges avant sont étonnamment confortables et m’ont quasiment fait oublier ma longue et pénible aventure avec plusieurs sièges de véhicules coréens. L’espace est généreux, qu’on soit assis à l’avant ou à l’arrière. Curieusement, l’assise de la banquette est basse et l’on tombe pratiquement dessus quand on y prend place. Pas sûr que les personnes âgées apprécieront. Tout juste derrière cette banquette, il y a un coffre de bonnes dimensions au seuil assez élevé. L’ouverture n’est pas des plus grandes, ce qui lui enlève un peu de sa polyvalence.
Sage personnalité
Au chapitre de la motorisation, un seul moteur, soit un V6 de 3,3 litres. Ce moulin, qu’on retrouve dans d’autres créations sud-coréennes, m’a paru moins à l’aise qu’ailleurs. N’allez pas croire qu’il ne performe pas. Les accélérations et les reprises sont vives mais il semble manquer de volonté. Chanceux, il est épaulé par une boîte automatique à six rapports qui fait son boulot tout en douceur. Fait à noter, il est possible de rétrograder en utilisant la palette gauche derrière le volant même quand le levier est placé sur le D. Ne souriez pas, c’est plus rare que l’on pense! Les roues motrices sont situées à l’avant, ce qui pourrait entraîner un effet de couple dans la direction si le conducteur réveille les 293 chevaux d’un coup (la sensation des roues avant semblent vouloir aller à gauche et à droite en même temps). Mais dans la Cadenza, cet effet de couple est très bien maîtrisé.
C’est en conduisant une voiture qu’on découvre sa personnalité et c’est particulièrement vrai avec la Cadenza. Le volant en partie recouvert de bois ne nous amène pas à imaginer des réactions propres à une Porsche Cayman… Et effectivement, la direction est plutôt vague et ne démontre aucune aptitude pour retourner les informations. Le silence de roulement impressionne, dérangé seulement par le grondement, au demeurant fort agréable, du moteur en accélération. Les suspensions font tout en leur pouvoir pour préserver le confort des occupants mais, à vitesse élevée sur mauvaise chaussée, elles n’inspirent pas parfaitement confiance. La levée du pied droit se fait d’elle-même.
Si la Kia Cadenza se vend peu, en tout cas beaucoup moins que ses rivales, ce n’est pas faute de qualités. Dans ce créneau, dominé au chapitre des ventes par la dynamique Chrysler 300, la Cadenza doit affronter une clientèle souvent fidèle depuis des décennies à une marque en particulier. Et demander aux gens qui pourraient être intéressés par cette Kia de changer à la fois de marque et de continent d’origine, c’est peut-être trop demander. Si ce n’est pas ça, c’est quoi?