Lamborghini Huracán 2016: Une belle tempête
Comme toutes les Lamborghini à moteur central depuis la fabuleuse Miura, la Huracán porte le nom d’un taureau de combat. Le sien fut célèbre pour sa combativité au 19e siècle. Mais le mot huracán signifie également « ouragan » en espagnol. Et c’est effectivement un puissant vent de changement qui est passé chez Lamborghini pendant la création de cette nouvelle diva italienne dont le code génétique recèle une poignée de chromosomes germaniques. Pour le mieux, assurément.
Ce vent a soufflé du Nord, par-delà les Alpes, apportant de précieux éléments techniques façonnés chez Audi, la marque avec laquelle Lamborghini est jumelée dans le groupe Volkswagen. Ces éléments et composantes ont fait de la Huracán une grande sportive nettement meilleure que sa devancière, entre les mains des sorciers de Sant’Agata. Le vent a soufflé aussi en sens contraire et apporté chez Audi des astuces et trouvailles imaginées chez Lamborghini, dans ce fief mondial des supervoitures qu’est la région de Modène.
Si la Gallardo a été, de loin, le best-seller de l’histoire de Lamborghini avec ses 14 022 exemplaires vendus sur une décennie, la Huracán devrait fracasser ce record sans difficulté. Parce que c’est une voiture nettement plus moderne, raffinée, agréable et puissante dont la métamorphose commence avec une nouvelle structure combinant de l’aluminium et des polymères renforcés de fibre de carbone.
Ce nouveau châssis, dont la Huracán partage l’essentiel avec la nouvelle Audi R8, est plus rigide que celui de la Gallardo de 50 % et pèse malgré tout moins de 200 kilos. Les panneaux de sa carrosserie sont en aluminium et en matériaux composites, eux aussi. En version de série, son moteur central est blotti sous trois minces lames noires, un hommage subtil à la Miura. En option : un hayon vitré qui permet de voir le moteur qui niche sous une grande entretoise en X, dans un berceau en fibre de carbone.
Le V10 de 5,2 litres de la Huracán partage les mêmes bases mécaniques que celui de la nouvelle R8. Ses cotes sont identiques à celles de la version la plus puissante de sa cousine allemande, soit 602 chevaux à 8 250 tr/min et 413 lb-pi de couple à 6 500 tr/min. Les deux partagent une excellente boîte de vitesses robotisée à double embrayage qui passe ses 7 rapports avec une rapidité et une précision irréprochables. Elle est dotée aussi d’un mode départ-canon qui laisse le régime grimper à 4 200 tr/min avant de débrayer. Lamborghini promet le 0-100 km/h en 3,2 secondes, mais des collègues américains ont atteint 60 mi/h (96,5 km/h) en 2,5 secondes. Comme avec une Bugatti Veyron de 1 001 chevaux.
Pour le son, rien à voir, surtout avec l’échappement optionnel qui augmente légèrement puissance et couple pour 10 000 $. Son rugissement rauque est du pur Lamborghini et il grimpe encore d’un cran si l’on passe du mode Strada au mode Sport avec le bouton ANIMA, monté au volant. La différence entre les deux est énorme. Les rapports passent à des régimes plus élevés et la boîte rétrograde au moindre ralentissement. Les grands freins au carbone de série sont très puissants et offrent une excellente modulation en tout temps. Le mode Corsa est vraiment pour les circuits. Sur la route, il vous fait seulement sentir la moindre aspérité de l’asphalte que vous foulez.
L’accès à bord est facile pour une sportive aussi basse et les portières se referment avec un claquement net et sourd. Les sièges sont bien sculptés et la position de conduite sans reproche. Sur le volant, on s’habitue vite aux boutons pour les clignotants et les essuie-glaces. Le thème de l’hexagone est peut-être un peu trop poussé pour le reste des commandes, par contre. L’affichage des cadrans et des données sur le grand écran de 12,3 cm, droit devant, est modulable et superbement clair.
De l’extérieur, la Huracán est plus élégante et jolie que la Gallardo, vous ne trouvez pas? Presque trop, pour une Lamborghini. On dirait qu’il lui manque un aileron à la Countach pour cette partie arrière qui semble tronquée de certains angles. Même si la Huracán est à la fois plus aérodynamique que la Gallardo et profite d’un appui supérieur de 50 %, sans aileron. Pour ça il vous faut une Huracán LP 620 Super Trofeo qui promène un immense aileron en fibre de carbone. L’ennui, c’est qu’il s’agit d’une propulsion que vous ne pourrez conduire que sur un circuit.
Ou alors, vous roulez peinard au volant d’une simple Huracán LP 610-4, dans un confort plus qu’acceptable, avec la furie et le hurlement rageur de quelques centaines d’étalons (ou taureaux) au bout des doigts et du pied droit. Vous ne risquez guère de passer inaperçu, de toute manière.