Aston Martin Rapide S 2016, la bombe familiale
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Il y a toujours des premières dans la vie, s’en fut une de plus pour moi récemment alors que j’ai pu prendre le volant de non pas une mais bien de deux Aston Martin, la Vanquish Volante et la Rapide S. C’est toujours excitant de conduire la première fois un modèle issu d’une marque mythique, mais on a souvent peur d’être déçu et de briser le charme. Après quelques heures au volant de la Rapide S et de la Vanquish Volante, il m’a été drôlement difficile de remettre les clés, j’ai même songé les garder et ne jamais revenir!
Si la Vanquish a obtenu ses lettres de noblesse en tenant la vedette dans les célèbres films James Bond, la Rapide S est un peu moins connnue. C’est un peu normal puisqu’introduite en 2010, elle représente le dernier ajout dans la famille Aston Martin. Qui plus est, elle n’a pas les prétentions d’un superbolide, mais rivalise plutôt dans le créneau des berlines sport à quatre portes de haute performance. Elle fait donc un peu moins rêver les passionnés, mais a sa défense, peu de voitures offrent autant de confort pour quatre passagers tout en demeurant capables de surprendre n’importe quels bolides sur piste.
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En fait, seule la Porsche Panamera Turbo S s’approche des gènes de la Rapide S et on pourrait ajouter la Tesla Model S P90D – au grand plaisir des amateurs de voitures électriques –, et la Maserati Quattroporte. Ces modèles jumellent prestige, performance et aspect pratique.
Style chic sans excès
Côté style, la Rapide S est simplement magnifique. Certes, elle est plus imposante que les autres bolides du constructeur, mais on a su préserver les lignes d’un coupé, notamment avec le toit qui plonge fortement à l’arrière et la taille réduite des portières arrière. Le compromis se fait justement là, en arrière : moins de dégagement pour la tête et un accès un peu plus exigu, mais on a tout de même beaucoup plus de confort que dans n’importe quel coupé de type 2+2. Fait intéressant, les portes s’ouvrent légèrement vers le haut, ce qui évite de les égratigner sur les chaînes de trottoir et ajoute à l’exclusivité du modèle.
Le « museau » — imité par Jaguar — est typique à la marque, les jantes de 20 pouces laissent entrevoir les larges disques et étriers de frein, alors que les prises d’air sur le capot et l’échappement double à l’arrière accroissent le dynamisme de cette familiale. On fait tout de même dans le chic et la sobriété, pas dans le tape-à-l’œil.
À bord, on découvre un habitacle assez déroutant et c’est exactement ce que l’on recherche lorsque l’on se paie ce type de véhicule. L’instrumentation et le volant n’ont rien de très distinct, mais la partie centrale du tableau de bord n’a rien de très commun, surtout avec les boutons de commande de la boîte de vitesses qui y sont placés très haut. Entre ceux-ci se trouve le démarreur qui prend la forme d’une cavité dans laquelle on enfonce la fameuse crystal key, certainement l’un des accessoires les plus dispendieux du véhicule qui comprend un embout en cristal véritable.
La console centrale s’étire jusqu’à l’arrière, isolant ainsi les deux passagers. Oubliez les rapprochements! Puisque l’on ne peut fixer de banquette, les deux passagers obtiennent en guise de consolation des sièges baquets, tout aussi confortables et stylisés que ceux à l’avant. L’effet est splendide, on croirait être à bord d’un jet de grand luxe, surtout grâce aux deux écrans placés dans les appuie-tête et aux nombreux contrôles. Une fois ouvert, le large hayon procure un bon accès à l’espace de chargement. Ce dernier peut être maximisé en rabattant le dossier des sièges.
L’un des derniers V12 disponible
Si les moteurs V10 sont en voie d’extinction, c’est encore plus vrai dans le cas des V12 qui ont pratiquement tous été rayés de la carte au profit de cylindrées réduites, mais turbocompressées. Peu de constructeurs, dont Ferrari, Lamborghini, Rolls-Royce et Mercedes-Benz en ont encore dans leur portfolio.
Côté cavalerie, le V12 de la Rapide se situe entre ceux de la DB9 et de la Vanquish. D’une cylindrée de 6,0 litres (5,9 litres en fait, avec une cylindrée de 5 935 cc), le V12 AM29 de la Rapide S développe pas moins de 552 chevaux pour 465 lb-pi de couple. Le 0-100 km/h se boucle en moins de 4,5 secondes, et ce, en compagnie de trois autres passagers. Tout comme les coupés, elle reçoit la boîte automatique ZF à huit rapports qui est d’une redoutable efficacité.
Le vrai charme du moteur, c’est sa riche sonorité qui s’accentue à haut régime et qui fait inévitablement frémir l’enfant en soi. On a fait tout un boulot à ce chapitre, même si la sonorité est un peu moins marquée qu’à bord de la Vanquish. L’avantage du moteur, c’est son couple et sa verve, peu importe la vitesse à laquelle vous circulez, il lui reste toujours une bonne réserve de puissance. Oubliez les consommations réduites, ce n’est pas la tasse de thé de ce V12, mais il ne nous punit pas trop si l’on conduit posément. Le grand défi, c’est d’être raisonnable, un exploit presque impossible au volant d’un tel bolide. À 100 km/h, on s’endort!
Malgré sa vocation plus familiale, ses 1 990 kg sont répartis d’une manière pratiquement optimale avec un ratio de 49/51, à peine un peu plus de masse sur les roues arrière. Une commande permet aussi de personnaliser la conduite selon nos goûts. Le mode Confort s’avère très utile si vous voulez attendrir la bête lors de longues randonnées : suspension plus souple et régimes moins élevés.
Même s’il lui manque quelques gadgets technologiques pour bien rivaliser avec des modèles plus contemporains, la Rapide S fait davantage appel au cœur qu’à la logique. Son prix de base de 220 000 $ n’est pas à la portée de toutes les bourses, mais si vous cherchez une voiture à la fois performante, pratique et carrément prestigieuse, vous frappez à la bonne porte.