Honda Accord, plus haut, plus loin
Honda était, il n’y a pas si longtemps, un manufacturier très frileux qui avait fait du conservatisme stylistique sa marotte. On peut certes parler des anciennes Prelude et des plus récentes S2000 comme de véritables explosions esthétiques mais, aux côtés de ces mignonnes sportives, les Civic, Accord, CR-V, Odyssey et autres affichaient des lignes d’une sobriété quasiment déprimante. Puis est apparue la Civic 2006 aux lignes tout à fait différentes. Puis l’année dernière, l’Accord. Dans les deux cas, il nous a fallu un peu de temps pour digérer !
Cette année encore, la Honda Accord est proposée en deux configurations, soit berline et coupé. Même si le châssis et la mécanique ont des points communs, les deux modè les présentent des différences notables. Autant le coupé que la berline cachent un quatre cylindres de 2,4 litres développant 190 chevaux et 162 livres-pied de couple. Mais la berline offre, en plus, une version plus édulcorée de ce moteur qui ne dégage alors que 177 chevaux et 161 livres-pied de couple. Aussi bien le dire tout de suite, ce moteur n’a d’autres utilités que de faire bien paraître Honda sur les listes de consommation d’essence. La version à 190 chevaux se montre nettement plus intéressante tout en consommant à peine davantage.
Deux moteurs, trois puissances
L’Accord propose aussi un V6 de 3,5 litres de 271 chevaux. Franchement, à moins d’avoir à remorquer une charge dans des régions montagneuses (en passant, Honda ne dévoile pas les capacités de remor quage de ses automobiles), je ne vois pas en quoi il est si important d’accélérer entre 0 et 100 km/h en moins de 8,0 secondes. Ce moteur a beau se montrer souple, performant et économique pour un V6, il semble de plus en plus incongru dans un monde où les prix de l’essence ne sont pas appelés à descendre de sitôt. Le quatre cylindres est amplement suffisant dans la plupart des cas, d’autant plus qu’il n’affiche pas l’effet de couple du V6 dans le volant lors d’accélérations brusques.
Tous les modèles à quatre cylindres sont dotés, à la base, d’une transmission manuelle à cinq rapports, autant pour le coupé que pour la berline. Les versions V6, elles, reçoivent d’office une automatique à cinq rapports, aussi proposée en option pour les quatre cylindres. Et il est possible de doter le V6 d’une manuelle à six rapports. Comme c’est l’habitude chez Honda, l’automatique fonctionne avec précision et douceur et est bien étagée. Contrairement à la plupart des autres manufacturiers, Honda n’offre pas de mode manuel sur son automatique et bien peu s’en plaignent. Quant aux manuelles, à cinq ou six rapports, leur embrayage présente une certaine résistance, ce qui tranche agréablement avec la mollesse habituelle des produits Honda.
Sur la route, l’Accord montre de belles dispositions. La tenue de route est relevée, la résistance aux vents latéraux minime et le confort notable. Il ne faut toutefois pas s’attendre à de grandes prestations sportives, surtout de la part de la berline, dont l’empattement est plus long que celui du coupé. La direction offre peu de retour d’information et les freins, s’ils sont efficaces, ne sont pas sont exceptionnels. Le coupé manifeste des aptitudes sportives plus évoluées. Le système de contrôle de la traction et de la stabilité latérale fait preuve de discrétion et son intervention se fait toujours en douceur mais avec autorité. Son action apparaît plus tardivement que dans la berline. Nous avons eu l’occasion de faire l’essai de quelques Accord durant l’hiver (et Dieu sait qu’on en a eu tout un !). Chaussée de bons pneus d’hiver (des Blizzak), la voiture a affronté tempêtes, neige et glace avec brio.
Question de goût
Au chapitre du style, on aime ou on n’aime pas. Si le coupé passe plus facilement le test, la berline en a fait tiquer plus d’un. Quoi qu’il en soit, l’Accord de nouvelle génération est imposante. Et, très important pour Honda, ses dimensions sont plus grandes que celles de l’ennemie jurée, la Toyota Camry. Comme de raison, ces généreuses dimensions se reflètent dans l’habitacle où l’espace ne manque pas, même à l’arrière… de la berline. Le coupé se veut nettement moins accueillant et le simple fait d’accéder aux places arrière se transforme en une épreuve athlétique ! Le tableau de bord est sobre, joli et, surtout, bien agencé. On dirait du Acura ! Là où Honda semble avoir épargné, c’est au niveau de la qualité des matériaux. Certains plastiques de l’habitacle nous ont semblé pauvres. Le cuir (ou cuirette ?) qui recouvrait les portes d’une berline essayée l’hiver dernier devenait rapidement très sale.
Comme tous les autres produits de ce constructeur, l’Accord propose des accessoires et des douceurs à ses propriétaires mais elle est loin de trop les gâter. À preuve, le dossier des sièges arrière qui ne s’abaisse que d’un pan laisse songeur. Une simple Honda Civic possède des dossiers arrière s’abaissant de façon 60/40 ! Le système audio de l’Accord n’est pas mauvais du tout, mais si vous avez l’oreille le moindrement musicale vous risquez de faire la baboune ! Par contre, rendons à César sa salade, la possibilité d’avoir une version quatre cylindres aussi bien équipée que le V6 est grandement appréciée par plusieurs consommateurs. Au fil des années, la Honda Accord s’est embourgeoisée mais c’est sans doute ce que demande la clientèle nord-américaine. Le coupé se veut beaucoup plus dynamique que la berline qui, elle, privilégie le confort.
FEU VERT
Fiabilité encore en avance
Moteurs performants
Châssis solide
Habitacle confortable
Version quatre cylindres peut être bien équipée
FEU ROUGE
V6 plus ou moins utile
Certains matériaux pauvres
Insonorisation perfectible
Places arrière pénibles (coupé)
Esthétique discutable