Subaru WRX STI 2017 : 210 km pour 6,7 km de frustration
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J’ai eu la chance, ou le malheur, c’est selon, de passer cinq belles journées dans la région de Toronto. Cette ville est immense, vous n’en avez même pas idée. En 2011, on estimait que plus de six millions d’individus vivaient dans le Grand Toronto. Un Canadien sur cinq!
Dans cet enfer de congestion routière, ou même des routes à cinq voies de large ne fournissent plus, ou les gens mettent 90 minutes pour faire 27 km, il est difficile de trouver une route sur laquelle, pour tuer le temps, je peux profiter de la voiture que l’on me prête cette semaine, une Subaru WRX STI 2017. Une bagnole assez spéciale, vous en conviendrez.
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En attendant en file dans un restaurant rapide, un jeune de 21 ans, au maximum, me dit qu’il trouve que ma voiture est jolie. Je le remercie, avant de lui expliquer qu’elle n’est pas à moi... Je lui demande s’il connaît une route, dans le coin de Toronto, où je pourrais tester l’auto, histoire que mon essai ne se limite pas à des impressions de conduite dans la circulation. Il me suggère un endroit, au nord-ouest de Toronto, appelé Forks of the Credit. Googlez-le, vous verrez!
Petit ennui, c’est à 105 km de mon hôtel. Avec le trafic, on parle d’un trajet d’une heure et quinze minutes... Pour parcourir les 6,7 km d’une belle route. Pourquoi pas? On est un « gars de chars » ou on ne l’est pas!
Une fois arrivé, ce fut l’enfer : des dos-d’âne partout, des pancartes qui me menacent, et plusieurs policiers patrouillant une route déserte. On m’a expliqué plus tard que cette route, autrefois légendaire, a aujourd’hui été convertie en un gros piège à contraventions. Quelle déception! C’est Jeremy Clarkson qui disait que nous sommes une espèce en voie de disparition, les amateurs de vitesse, les amateurs de belles et bonnes voitures, que nous n’avons plus notre place parmi le transport en commun et la congestion.
Il a raison. Tout ce chemin pour 6,7 km de frustration et de déception. À bien y penser, cette aventure est l’ultime métaphore de la STI, en 2017…
À quoi s’en tenir
Avant de parler de toute cette aventure et de comment la STI se comporte, sachons à quoi nous avons affaire.
Tout d’abord, rappelons qu’on ne dit plus une Impreza WRX STI. En effet, Subaru a changé sa gamme pour faire de la WRX un modèle à part entière. La STI est donc la version vitaminée de la WRX. Toutefois, elle n’a pas le même moteur, comme ce fut déjà le cas.
Dans la WRX, on retrouve un quatre cylindres turbo de 2,0 litres, tandis que le moteur est de 2,5 litres dans la STI. Au Japon, la STI a aussi le moteur de 2,0 litres, mais pas ici.
Ici, on obtient 305 chevaux et un couple de 290 livres-pied. Pas mal! Mais en 2016, cette mécanique semble dépassée, surtout quand on considère que le 2,0 litres turbocompressé de la CLA 45 AMG, chez Mercedes-Benz, génère 375 chevaux et 350 livres-pied.
La puissance est acheminée aux quatre roues à l’aide d’une boîte manuelle à 6 rapports, plutôt difficile à maîtriser, d’autant plus que les rivales de la voiture, comme la Golf R, ont des boîtes manuelles bien plus commodes.
La force de la STI demeure le différentiel ajustable par le conducteur, qui permet d’envoyer le couple en priorité aux roues avant ou aux roues arrière, fonctionnalité prisée par les « experts ».
Mais voyez-vous, le châssis de l’auto n’est plus ce qu’il était. Certains pilotes expérimentés à qui j’ai parlé prétendent que la WRX d’ancienne génération est plus rapide sur une piste. Drôle d’affirmation.
On s’en fout
L’ancienne génération plus rapide, car le châssis était meilleur? Je peux vous dire que dans la vie de tous les jours, la génération actuelle est bien mieux. Elle est plus raffinée, plus civilisée, nous avons droit à un habitacle à des années-lumière de l’ancien, côté design et finition.
Même si la Golf R est plus raffinée et la Ford Focus RS bien plus puissante, on s’en fout. Au volant de la STI, qu’elle soit plus rapide que l’ancienne ou non, on ignore ces choses-là. Chaque occasion de la conduire devient spéciale. Cette auto arrive encore, malgré tout, à nous faire vivre des moments particuliers, grâce à son moteur qui performe bien sous la pression et sous les accélérations, ou encore à sa direction précise, et à son système quatre roues motrices, qui confère à la voiture une adhérence quasi magique. Prendre des bretelles d’accès à plus de 100 km/h, ça vous dit?
Toutefois, la réalité nous rattrape. La STI est extrême, elle ne demande qu’à être poussée. On veut toujours aller plus vite, tourner plus vite, dépasser, répondre aux demandes du moteur qui veut toujours plus d’essence. Dans le trafic de Toronto, on réalise que sa boîte manuelle n’a pas été pensée pour ça. En bas de 20 km/h, la voiture est désagréable, avançant par coup, semblant être incapable de trouver une allure confortable, peu importe le rapport sélectionné.
Dans le monde de congestions, de limites et de lois qu’est devenu le nôtre, il semblerait qu’une auto spéciale comme la STI n’a plus sa place. On veut tout défoncer, mais tout n’est que frustration, à la fin.