Toyota Mirai : un entretien avec le vice-président de Toyota Canada

Le moment est venu de parler de la voiture à l’hydrogène et plus spécifiquement de la Toyota Mirai. C’est du moins ce que nous a indiqué Stephen Beatty, vice-président de Toyota Canada, lors d’un entretien à l’occasion de la 5e édition de l’Écorandonnée de l'Association des Journalistes Automobile du Canada.

La Mirai de Toyota est propulsée par un moteur électrique, alimenté par une pile à combustible de 114 kW que Toyota baptise FC Stack. L’énergie nécessaire au fonctionnement de la pile à combustible provient de deux réservoirs d’hydrogène haute pression qui se remplissent en quelques minutes, comme le réservoir d’essence d’une voiture traditionnelle. L’autonomie est alors d’environ 500 kilomètres.

Il s’agit donc ultimement d’une voiture électrique, mais qui n’a pas besoin d’être branchée plusieurs heures afin de recharger les batteries. Il suffit de faire le plein d’hydrogène de la même façon qu’on ferait le plein à une station-service.

Le problème, c’est qu’il n’y a vraiment pas beaucoup de stations à hydrogène au Canada. C’est pourquoi le seul réel rival de la Mirai à l’heure actuelle, le Hyundai Tucson FCEV, n’est offert que dans la région de Vancouver où des stations existent, et pourquoi la Mirai est disponible en Californie, au Japon et en Europe, mais pas encore chez nous.

Mais pour Toyota et son vice-président Stephen Beatty, ce qui compte pour le moment est de commencer à informer la population à propos de la technologie à l'hydrogène tout en travaillant avec les entreprises privées, les différents paliers de gouvernement et les autres manufacturiers impliqués dans la voiture à pile à combustible afin de préparer l’arrivée éventuelle de ces modèles en sol canadien.

Toyota a de grandes ambitions avec la voiture à l’hydrogène. En octobre dernier, le constructeur nippon a indiqué qu’il souhaitait couper ses émissions polluantes de moitié d’ici 2020 (90% d’ici 2050) et que pour ce faire, il miserait sur les véhicules électriques alimentés par piles à combustible et non par batteries. Il s’agit d’un tournant important pour une marque associée aux véhicules hybrides alimentés par une batterie lithium-ion.

Mais selon Stephen Beatty, l’hydrogène a un avenir plus rose.

« Il y a beaucoup de gens qui croient que les voitures électriques à batterie ont plus de potentiel qu’elles n'en ont réellement selon nous », a indiqué le vice-président de Toyota Canada.

« Cela ne veut pas dire que ces véhicules n’ont pas leur place sur le marché, au contraire. Cependant, ils sont mieux adaptés aux consommateurs vivant en milieu urbain où les distances à parcourir sont plus courtes. En contrepartie, l’environnement urbain n’est pas encore adapté à la voiture électrique et n’offre pas suffisamment d’endroits où l’on peut recharger notre véhicule ».

En d’autres termes, M. Beatty croit qu’il faut trouver une manière plus efficace d’alimenter les moteurs des voitures électriques offertes aux consommateurs. La solution, toujours selon lui, est d’implanter une technologie qui n’exige pas de compromis de la part des automobilistes.

« Toutes les études que nous avons effectuées ont clairement démontré que, dès qu’il faut demander aux gens de faire les choses différemment, l’idée est rejetée. Nous devons donc nous assurer que l’infrastructure est en place et facilement disponible ».

« Voilà pourquoi nous parlons de la Mirai au Canada aujourd’hui même si elle n’est pas encore en vente. Comment pouvons-nous mettre en place le bon cadre qui permettra de développer et déployer autant la technologie que le réseau de stations à hydrogène? C’est la question que l’on se pose à l’heure actuelle ».

Voilà effectivement une très bonne question. Comment passer d’un réseau d’hydrogène pratiquement inexistant à l’heure actuelle à un réseau qui sera suffisamment développé pour convaincre les consommateurs qu’ils ne seront pas obligés de transformer drastiquement leurs habitudes?

Selon Stephen Beatty, plusieurs partis devront s'impliquer pour que le réseau de l’hydrogène puisse éventuellement croître.

« Il faut rassembler les producteurs de gaz, les compagnies qui construisent les stations d’hydrogène, le gouvernement et nos compétiteurs qui veulent également développer des véhicules à hydrogène et discuter ensemble afin de déterminer le rôle que chacun devra jouer ».

En parallèle, Toyota Canada se donne également comme objectif comme indiqué précédemment de commencer à éduquer les consommateurs à propos de la voiture à l’hydrogène dans le but éventuel de l’offrir sur le marché.

Ce n’est pas la première fois que le constructeur nippon offrira une nouvelle technologie de propulsion sur le marché, et Toyota compte bien utiliser ce qu’il a appris en introduisant la première voiture hybride au Canada il y a 16 ans maintenant.

« Quand la première Prius est arrivée sur le marché, nous avions plusieurs détracteurs qui disaient que le véhicule hybride ne fonctionnerait jamais et ne pourrait jamais s’établir. Nous avons essayé d’éduquer les consommateurs en parlant de la technologie, mais nous avons rapidement constaté qu’ils étaient souvent dépassés. Nous avons donc changé de stratégie et avons simplement offert aux gens de la conduire. Après seulement quelques minutes au volant, ceux et celles qui essayaient la Prius étaient plus confortables avec la voiture et la technologie hybride également. Malgré toute sa complexité, elle se conduisait comme une voiture normale ».

Stephen Beatty croit également beaucoup au pouvoir du bouche à oreille. Il souhaite trouver des automobilistes qui n’auront pas peur d’essayer quelque chose de nouveau et qui iront ensuite en vanter les mérites à leurs collègues et amis.

Source: EcoloAuto.com

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