Bentley Arnage/Azure/Brooklands, comment vieillir en beauté
Chez Bentley, on a le sens de la famille. Alors que tous les yeux sont tournés vers la jeune génération composée d’un coupé (Continental GT), d’un cabriolet (GTC) et d’une berline (Flying Spur), il faut se rappeler que les modèles plus vieux ont pavé le chemin au succès. Dans cette série plus très jeune mais encore très active, on retrouve les mêmes configurations, donc un coupé (Brooklands), un cabriolet (Azure) et une berline (Arnage). Et quand on y regarde bien, on découvre des traits physiques communs aux deux générations, ce qui n’était pas évident lorsque la GT est née en 2004.
Le membre le plus âgé de ce clan est l’Arnage. Développée du temps où Rolls-Royce était propriétaire de Bentley, cette immense berline cache de plus en plus difficilement son âge. Les nombreuses retouches ici et là et les améliorations méca niques lui permettent cependant de demeurer l’une des voitures les plus admirées au monde. Trois versions de l’Arnage s’offrent au fortuné client. L’Arnage de base (!) porte le suffixe R. Son colossal V8 de 6,7 litres, dont les origines américaines remonteraient, selon des tests au carbone14, au paléontologique, est gavé par deux turbocompresseurs. Il ne développe rien de moins que 450 chevaux et un extraordinaire couple de 645 livres-pied de couple, et ce, dès 1 800 tours/ minute. Ce qui signifie que ce monstre de puissance permet à l’Arnage, qui pèse pourtant près de 2 600 kilos (à peu près le poids d’un Ford Expedition !) d’accélérer comme un missile et d’effectuer des reprises entre 80 et 120 km/h avec une célérité déconcertante.
Le tout avec une infinie douceur. Et si jamais le fait de mentionner que ce moteur ne requiert que de l’essence super vous fait tiquer, c’est que ce type de voitures n’est pas pour vous ! L’Arnage R peut aussi être livrée en version allongée, nommée RL. Les 5 640 mm de la carrosserie se stationnent en parallèle comme si de rien n’était… à condition d’avoir toute la rue pour soi ! Au cas où la puissance de la R ne serait pas suffisante, Bentley propose la T, une version plus sportive avec le même moteur mais gonflé à 500 chevaux et 738 livres-pied de couple. Il est intéressant de noter qu’environ 90% des Arnage vendues sont d’abord passées par lesateliers de Mulliner, un préparateur associé à Bentley depuis des décennies. Mulliner, à la demande des clients, offre un programme de modifications, allant d’une couleur spéciale à des cuirs encore plus raffinés pour l’habitacle en passant par des roues particulières. Et si, par exemple, le client veut une carrosserie d’une couleur qui n’existe pas, Mulliner se fera un plaisir, moyennant un certain déboursé, de la créer.
Azure et Brooklands
Il y a deux ans, Bentley dévoilait la version décapotable, l’Azure. Même si ce cabriolet à toit souple s’avère plus lourd de 110 kilos qu’une Arnage R et qu’il a droit à la même mécanique, il ne faut pas s’en faire outre mesure pour les performances… Enfin, l’an passé, Bentley époustouflait le monde de l’automobile en présentant son coupé Brooklands. Ce nom est emprunté à la mythique piste de course Brooklands, située à Weybridge dans le Surrey, en Angleterre. C’est sur cette piste qui ressemblait à un ovale sans en être un que Bentley s’était fait un nom dans les années 20 en battant plusieurs records de vitesse. Aujourd’hui, cette piste ne sert plus pour la course mais on y tient souvent des activités liées à l’automobile. On y retrouve même un musée. Mais nous nous éloignons de notre sujet ! Le coupé Brooklands, d’une beauté intemporelle, reprend le châssis et la mécanique de l’Arnage, tandis que la puissance affiche 530 chevaux et un couple de 774 livres-pied de couple. Dire que ce moteur est puissant serait bien l’euphémisme du siècle. Du millénaire sans doute… Construit à 550 unités annuellement, la production de ce gigantesque coupé est pratiquement toute vendue à l’avance.
Depuis l’an dernier, Bentley a remplacé la désuète transmission automatique à quatre rapports par une unité beaucoup plus moderne comportant deux rapports supplémentaires. Qui plus est, il y a la possibilité de changer les rapports manuellement ! Même si le gros 6,7 litres semble dormir à 100 km/h et qu’à cette vitesse il ne boit pas nécessairement plus d’essence qu’une berline intermédiaire, il suffit d’appuyer le moindrement sur le champignon ou de rouler en ville cinq petites minutes pour que la consommation moyenne atteigne rapidement les 16 ou 17 litres aux cent kilomètres. Et amusez-vous un peu à écouter le son grave du V8 en pleine accélération que vous atteindrez les 20 ou 22 litres aux 100 km.
Une Arnage sur une piste de course !
Dans une voiture aussi puissante et lourde, les différents éléments doivent être en harmonie. Derek Bell, pilote ayant remporté cinq fois les 24 heures du Mans, avouait ne pas hésiter à mettre son Arnage sur une piste de course sans autres modifications qu’une suspension plus ferme ! C’est tout dire. Le châssis reste très rigide malgré sa conception qui date et les suspensions, en effet, mériteraient, effectivement, un peu plus de fermeté. La direction étonne par sa légèreté et, surtout, par son manque de feedback. Sa précision n’est pas parfaite non plus. La prise en main d’une Arnage demande un certain courage. Se lancer dans la circulation dense dans une voiture aussi imposante et qui frôle le demimillion de dollars une fois les différentes taxes ajoutées n’est pas évident tout de suite… La prochaine génération de l’Arnage sera basée sur la plate-forme de la future Audi A8, Audi faisant, tout comme Bentley, Lamborghini et Bugatti, partie de l’empire Volkswagen. Tout en étant, on le souhaite, beaucoup moins lourde, elle pourrait recevoir un V10 ou un V12, provenant de chez Audi ou Lamborghini.
FEU VERT
Confort princier
Prestige absolu
Moteur ultraperformant
Comportement routier étonnant
Beauté intemporelle (Brooklands)
FEU ROUGE
Aussi lourd qu’une navette spatiale
Dimensions extraordinaires
Consommation illimitée
Finition à la main très moyenne
Prix démesurés