Tesla Model 3 : cinq éléments qui dicteront son succès ou son échec
Il y a longtemps qu’on l’attendait celle-là. Finalement, après un peu plus de 18 mois d’attente, la Tesla Model 3 a finalement vu le jour sous une forme proche de la production le 31 mars dernier.
Troisième modèle de la gamme Tesla, elle captive l’attention de la planète en entier depuis son arrivée, en partie parce que tout ce qui a trait à Tesla fait immédiatement couler l’encre, mais surtout parce que cette Tesla, contrairement aux deux autres modèles de la gamme, s’adresse à monsieur et madame Tout-le-monde. Du moins en théorie.
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C’est la Tesla Model 3, mais pour plusieurs consommateurs il s’agit simplement de la Tesla abordable. Comme si soudainement Apple offrait un MacBook à 499 $, ou Porsche une berline à moins de 30 000$. L’idée d’une Tesla accessible est si envoûtante que l’entreprise californienne a reçu plus de 276 000 dépôts de 1 000 $ chacun permettant de réserver la Model 3… une voiture qui ne viendra pas avant la fin de 2017.
Aucun autre manufacturier ne pourrait même rêver d’exiger un dépôt si important pour un véhicule qu’il ne livrera pas avant plus de 18 mois. Mais Tesla ne joue pas sur le même terrain que les autres constructeurs. Il a établi une telle aura autour de ses véhicules qu’il peut se permettre d’imposer des conditions rivalisant celles entourant l’achat d’un véhicule exotique du genre Ferrari ou Lamborghini.
C’est la même stratégie que Tesla a adoptée avec le Tesla Model X, son VUS électrique beaucoup moins à la portée du portefeuille moyen que plusieurs consommateurs attendent toujours. Il semble que cela n’ait pas trop affecté la réputation du manufacturier ni du Model X, mais cette patience sera-t-elle au rendez-vous avec la Model 3? N’oublions pas que la Model S et le Model X n’ont pas de compétition directe. La Model 3 en aura, elle.
Cela dit, la plus récente voiture électrique de Tesla a tout pour elle. Réputation déjà établie, performances, une autonomie intéressante et bien sûr, un prix accessible, du moins si notre salaire est en devise américaine. Chez nous, nous ne savons pas encore le montant qui sera exigé pour la Tesla Model 3. Il s’agit là d’une des nombreuses questions qui demeurent suite à son dévoilement.
La réponse à cette question, en plus des quatre autres éléments suivants, déterminera si la Model 3 sera ultimement un succès ou un échec.
Le prix
Si la Tesla Model 3 profite d’un tel engouement, c’est principalement en raison de son prix comme indiqué précédemment. On ne cesse de parler d’une voiture à 35 000 $, mais il s’agit du prix en dollars américains. Combien faudra-t-il débourser au Canada?
N’oublions pas que Chevrolet prépare une voiture électrique offrant un peu moins d’autonomie que la Tesla Model 3 de base, mais qui sera disponible un an avant cette dernière. La Chevrolet Bolt sera offerte à partir de 37 000 $ US avant taxes et incitatifs gouvernementaux. Donc, si l’on ne regarde que les modèles de base, la Tesla Model 3 sera plus abordable.
Par contre, Elon Musk, le grand patron de Tesla, a indiqué par le biais de son compte Twitter que le prix moyen de la Model 3 devrait avoisiner les 42 000 $ US. En dollars canadiens, la conversion approche dangereusement le prix de la barre des 50 000 $ ce qui n’est plus aussi accessible.
La Model 3 suivra le modèle de la Model S et du Model X, et l’on peut donc s’attendre à plusieurs versions et plusieurs options qui pourraient faire grimper la facture. Par contre, une Model 3 offerte à moins de 40 000 $ au Canada avant les taxes et les rabais des gouvernements provinciaux sera drôlement intéressante, surtout si elle offre un niveau raisonnable d’équipement de série.
La fiabilité
La Tesla Model S a longtemps été considérée comme une voiture excessivement fiable, jusqu’au moment où les murmures de problèmes de poignées qui ne veulent plus sortir de la portière ainsi que d’autres défauts reliés à l’habitacle ou encore aux freins se sont fait entendre.
Cela dit, la grande majorité des propriétaires de Tesla (97 %) se dit prête à racheter un autre modèle de la marque selon Consumer Reports, la même publication qui a retiré sa recommandation d’achat de la Model S quelques temps après lui avoir donné la meilleure note jamais attribuée à une voiture qu’elle a essayée.
Bref, difficile de se faire une idée concrète sur la fiabilité de Tesla. Il n’y a pas assez de modèles, et les propriétaires de Model S sont assez satisfaits pour en vouloir une autre. Si cette réalité demeure avec la Model 3, le succès sera au rendez-vous.
La disponibilité
On le répète, Tesla a reçu plus de 276 000 précommandes pour la Model 3. Cela est équivalent à cinq fois sa production de 2015. En contrepartie, le constructeur affirme pouvoir produire 500 000 voitures annuellement dès 2020. Si tel est le cas, la Model 3 ne fera que gagner en popularité suite à son arrivée chez les concessionnaires puisque ceux et celles qui en veulent une... pourront en avoir une.
Par contre, ce n’est pas un secret que Tesla a connu quelques ratés avec les premières livraisons du Model X, lui aussi attendu depuis longtemps. Tout serait revenu à l’ordre selon Tesla, mais le fait demeure que les enjeux sont beaucoup plus importants avec la Model 3. En termes simples, Tesla ne pourra pas faire attendre trop longtemps les propriétaires éventuels qui attendront déjà depuis plus d’un an leur Model 3.
Autonomie et performances
L’autonomie de la Tesla Model 3 sera d’au moins 344 kilomètres. Celle de la Chevrolet Bolt sera un peu moins élevée. De plus, la nouvelle 3 sera plus performante, elle qui pourra atteindre 60 mi/h (97 km/h) en moins de 6,0 secondes de série. Il y aura assurément d’autres versions également qui seront encore plus puissantes et encore plus autonomes.
Du côté de l’autonomie et des performances, la Model 3 ne devrait donc pas décevoir. Si la marque souhaite cependant convertir plus de consommateurs qui ne sont pas encore initiés aux voitures électriques, elle pourrait redoubler d’efforts alors que l’on attend l’arrivée de la Model 3 pour augmenter son réseau de bornes à recherche rapide au Québec et ailleurs au Canada.
Par exemple, il y a des bornes de recharge rapide à Montréal et d’autres à Drummondville. Pourquoi ne pas en ajouter à Sherbrooke et à Québec? Les propriétaires de Tesla diront que ce n’est pas nécessaire et ils ont probablement raison. Mais nous parlons ici d’introduire plus de consommateurs à la voiture électrique, ce que la Tesla Model 3 devra faire si l’on veut parler d’une réussite absolue. Un réseau plus vaste de bornes pourra rassurer les non-initiés.
Le design
Il est trop tard pour le changer maintenant, et les opinions jusqu’à présent sur le style unique de la voiture sont généralement positives. Après tout, Tesla a convaincu, encore une fois, 276 000 personnes à mettre un dépôt pour réserver leur Model 3.
Mais qu’en est-il des autres? Est-ce que suffisamment de consommateurs aimeront le design pour parler d’une voiture qui fracassera ses chiffres de vente années après année? Disons qu’il s’agit d’une considération secondaire comparativement aux quatre autres énumérés précédemment, mais avec une silhouette aussi peu orthodoxe, l’on peut tout de même se poser la question.
La Tesla Model 3 pourrait très bien révolutionner l’industrie de l’automobile. Ce que Tesla a fait jusqu’à présent est indéniable, mais le fait demeure que le constructeur produit des véhicules de niche hors de prix pour la majorité de la population. La Model 3 pourrait changer tout cela. Sur papier, c’est déjà fait, mais il reste encore plusieurs questions, des questions qui trouveront réponse d’ici la fin 2017.
Source: EcoloAuto.com
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