Kia Sedona, duo grand format
Un jour, il n’y a pas si longtemps, un savant analyste de la chose automobile avait prédit la fin de la classe des
fourgonnettes au profit de tous les multisegments qui ont pris d’assaut le marché. Cet expert des quatre roues devrait cependant expliquer son point de vue aux manufacturiers qui, depuis cette analyse incroyablement précise, n’ont eu de cesse de renouveler et de créer de nouvelles fourgonnettes dans leur gamme. La dernière en lice, c’est la Hyundai Entourage, la première fourgonnette du constructeur coréen.
Difficile de croire à l’éclair de génie soudain quand on regarde l’Entourage puisqu’elle est clairement la sœur jumelle, copie clonée sans trop de recherches, de la Kia Sedona. Une croissance logique d’ailleurs car les deux compagnies sont désormais elles-mêmes jumelles, et c’est ensemble qu’elles veulent atteindre d’ici quelques années le cinquième rang au classement mondial des producteurs d’automobiles. Les jumelles ainsi présentées au public profitent de la même motorisation, et sensiblement du même design, même si certains éléments diffèrent légèrement d’une bannière à l’autre.
Grande comme le stade
La grande qualité de toute fourgonnette qui se respecte, c’est l’espace qu’elle promet. Dans le cas du duo coréen, cette caractéristique n’est certes pas la moins importante. À ce chapitre en effet, les deux fourgonnettes arrivent presque en tête de leur catégorie, ne cédant la première place qu’à la gigantesque Nissan Quest ou à la Toyota Sienna. Inévitablement, ce choix de dégagement intérieur a des retombées directes sur les dimensions extérieures du véhicule. La Sedona, tout comme l’Entourage, est donc une fourgonnette aux proportions imposantes. Si on les compare à l’ancienne génération de la Sedona par exemple, le véhicule a gagné en corpulence, comptant désormais sur une longueur totale de 5,130 mètres, gagnant ainsi près de 20 centimètres. En largeur aussi la fourgonnette a progressé, atteignant maintenant 1,985 mètre, une hausse avoisinant 10 centimètres. Le résultat se fait principalement sentir à l’intérieur, où les passagers peuvent dorénavant profiter d’un dégagement beaucoup plus vaste, même pour les deuxième et troisième rangées, ce qui n’est pas peu dire. En fait, les sièges de la deuxième rangée, des sièges baquets repliables d’une seule main ou amovibles (avec un peu d’insistance cependant puisqu’ils sont lourds), sont d’un bon confort.
Même ceux de troisième rangée (que l’on peut dissimuler dans le plancher) offrent assez d’espace pour un adulte de taille moyenne. Ce dernier devra toutefois se contenter d’une banquette un peu trop rigide pour être confortable. Soulignons par contre que les dossiers sont légèrement inclinables, ce qui permet d’offrir une position assise moins coincée que dans les traditionnelles fourgonnettes. Quant au design, on a, dans un cas comme dans l’autre, opté pour une sobriété de bon aloi. Après tout, jamais fourgonnette ne sera véritablement symbole de sex-appeal. Les calandres diffèrent un peu d’une version à l’autre, mais la filiation est évidente au premier regard. Les phares, allongés à l’avant, utilisent la ligne de caisse pour se prolonger vers le haut, alors que le hayon arrière, un peu plus carré, ajoute une note de modernisme.
Le syndrome de l’escargot
Avez-vous déjà pensé à la puissance nécessaire à un escargot pour transporter avec lui toute sa maison ? Voilà sans doute ce qui explique sa lenteur légendaire. Mais c’est un syndrome dont ne souffre pas trop l’Entourage, puisque malgré son volume plus grand, et conséquemment son poids plus élevé, elle se « déménage » plutôt bien sur la route.
Elle peut d’ailleurs en remercier le moteur v6 de 3,8 litres (encore une fois partagé avec la Sedona et qui, souhaitons-le, sera plus frugal que le précédent), qui lui fournit un des plus hauts niveaux de puissance de toute la catégorie, soit plus de 242 chevaux. Et certainement un des couples les plus élevés aussi, avec ses 251 livres-pied disponibles, ma foi, à un régime suffisamment bas pour ne pas avoir à trop peiner lors des accélérations et des reprises. On ne parle pas d’une voiture de course, mais avouons que l’on ne ressent pas trop d’hésitation. La transmission automatique agit avec assez d’ardeur lorsque laissée à elle-même, mais les prétentions semi-manuelles du mode Shiftronic (Steptronic chez Kia) sont toutefois un peu trop lentes pour être utiles.
Le vaste choix d’options et de configurations dans l’une et l’autre de ces fourgonnettes permet de trouver celle qui répondra aux exigences de la famille. Évidemment, de base, elles offrent l’espace et le moteur, mais délaissent un peu la question confort. Il faut se hisser en milieu de gamme pour obtenir une meilleure valeur. Mais ce sont les haut de gamme qui présentent les choix les plus intéressants, incluant par exemple un dispositif électronique de stabilité dont les réactions sont à point, et tellement transparentes qu’elles ne donnent jamais l’impression au conducteur de ne pas être en parfait contrôle. Et cette offre comprend plusieurs éléments visant à améliorer la sécurité. Les modèles de base respectifs proposent de série six coussins gonflables, des capteurs de pression de pneus, une gestion de la climatisation trizone, des portières et fenêtres électriques, et même un système de sonar qui se met en marche dès que la voiture est embrayée en marche arrière. La même générosité se remarque au chapitre de l’aménagement de l’habitacle. Toutes les gammes proposent des commandes au volant, et le design général est moderne et simple. Seul le haut de gamme ajoute des appliques de bois qui ont plutôt l’allure d’une feuille de tapisserie collée que de véritables boiseries. C’est d’ailleurs dans les versions de luxe que l’on retrouve les sièges en cuir et chauffants. Autre défaut, l’habitacle aurait eu avantage à être un peu mieux insonorisé. On entend un peu le bruit du moteur, et beaucoup les bruits éoliens quand on roule sur l’autoroute.
Sur la route
Sur la route, peu importe la marque, ce duo est docile et facile à maîtriser. Une fourgonnette n’est pas, et ne sera jamais, une voiture à vocation sportive mais qu’elle soit une Kia Sedona ou une Hyundai Entourage, l’une et l’autre sont confortables et tiennent la route avec aplomb même dans les courbes plus serrées, prises avec un certain excès d’enthousiasme. Le système de contrôle de traction s’est avéré fort peu intrusif et très efficace. En conduite normale, le roulis est presque absent, et le véhicule enfile gracieusement les courbes les unes après les autres… L’accélération sans être fulgurante est aussi suffisante pour tous les besoins. Il est vrai que dans certaines côtes, j’ai dû manipuler plus souvent qu’à mon tour la transmission Steptronic pour garder la vitesse acquise mais rien d’anormal avec un véhicule de ce poids. La puissance se fait cependant sentir un peu trop linéairement, ce qui annihile presque complètement ce qui subsiste des sensations de conduite.
L’Entourage, tout comme la Sedona, a toutes les armes nécessaires pour trouver sa place en tête de liste des achats de fourgonnette. Quant à faire un choix entre les deux, la question n’est que rhétorique, puisque c’est à vous, consommateur, de le faire. La liste d’accessoires, le service après-vente ou la confiance envers votre concessionnaire devraient dicter votre choix. Car les véhicules, eux, s’équivalent sans aucun doute.
feu vert
Dimensions impressionnantes
Gamme de prix abordable
Habitacle bien aménagé
Troisième rangée habitable
feu rouge
Consommation élevée
Transmission Shiftronic trop lente
Modèle de base trop dénudé
Silhouette sans recherche