Kia RIO, sans se prendre pour une autre
Les Québécois, pour diverses raisons, sont de grands amateurs de voitures économiques. Chacun rêve de sa future Lamborghini mais la plupart conduisent une sous-compacte. Alors, tant qu’à être « pogné » pour posséder une petite automobile, aussi bien en posséder une qui a de l’allure ! La Kia Rio, revue totalement l’an dernier, fait désormais
partie des incontournables de la catégorie. Il ne s’agit certes pas d’une Lamborghini, mais la Rio a au moins l’avantage de ne pas se prendre pour une autre. C’est déjà beaucoup, surtout en ces temps où l’apparence fait loi...
La Rio se présente en deux configurations, soit une berline et une version cinq portes, appelée Rio5, dont le style se situe entre la familiale et le hatchback. Les deux modèles partagent la même plate-forme et les mêmes organes mécaniques. Par contre, la Rio5 est moins longue de 25 cm que la Rio tout court. Esthétiquement, la 5 se démarque davantage avec sa ligne de toit très arrondie qui semble descendre bien bas grâce aux feux arrière qui adoptent cette courbe. Cependant, peu importe le modèle, les pare-chocs et les larges moulures de porte sont noirs. C’est peu esthétique, surtout sur les voitures pâles… mais ça, c’est une opinion tout à fait subjective !
Question d’argent
Rio ou Rio5, la dotation de base équivaut grosso modo à ce que la concurrence (Chevrolet Aveo, Toyota Yaris, Hyundai Accent) propose. On retrouve donc un dispositif antidémarrage et d’antivol, le siège du conducteur ajustable en hauteur, chaîne AM/FM/CD MP3 et essuie-glace intermittents à cadence variable. Pour jouir un peu plus de la vie et dépenser 1 700 $ supplémentaires, Kia a prévu le groupe EX Commodité qui ajoute, entre autres, la climatisation, le déverrouillage à distance (une manette, quoi !) et des rétroviseurs et glaces électriques. La Rio5, elle, peut, de plus, recevoir le groupe EX Sport qui, moyennant 600 $, apporte des roues en alliage un peu plus larges (185/70R14 contre 175/70R14), deux haut-parleurs additionnels et un aileron arrière. Nous voilà donc avec une voiture fort bien équipée qui coûte un peu plus de 16 000 $. Toutefois, ce groupe ne procure rien au confort ou à la conduite.
Cependant, pas besoin d’un groupe d’options pour s’apercevoir de la qualité de fabrication. Les différents panneaux de carrosserie de notre voiture d’essai étaient tous bien alignés et la qualité de la plupart des plastiques de l’habitacle surprenait même si on aimerait que le couvercle du coussin gonflable du passager soit un peu plus discret. Le tableau de bord n’est peut-être pas un modèle de design mais il s’avère pratique, surtout que sa partie centrale est orientée vers le conducteur. J’ai eu un peu de difficultés à trouver une bonne position de conduite et il est fort possible que les grands gabarits en aient encore plus! Je mesure 5’ 6" et mes pieds touchaient les pédales même en reculant le siège, plutôt dur d’ailleurs, au maximum. On retrouve quelques espaces de rangement et deux porte-verres dans la console. Par contre, ces derniers sont trop gros pour des canettes ou des bouteilles de 500 ml.
Compte tenu des dimensions de la Rio, l’espace intérieur se montre très généreux. Même à l’arrière, on retrouve suffisamment d’espace pour que deux personnes puissent entrevoir un long périple sans sombrer dans une profonde détresse psychologique. Fait à noter, les vitres arrière ouvrent complètement, une rareté à une époque où l’être humain parle de plus en plus de se rendre sur Mars… Peu importe qu’il s’agisse de la berline ou de la familiale, les dossiers du siège arrière s’abaissent, question d’agrandir le coffre. Celui de la berline a une petite ouverture mais son volume est important. La familiale, malgré un seuil un peu élevé, possède une bonne capacité de chargement.
Aussi sportive que l’auteur de ces lignes…
Un seul moteur est proposé pour les deux Rio. Il s’agit d’un quatre cylindres de 1,6 litre de 110 chevaux et 107 livres-pied de couple. Marié à une transmission automatique à quatre rapports ou à une manuelle à cinq rapports, ce moteur hurle son mécontentement à chaque accélération. Les performances ne sont tout de même pas dramatiques, dans la mesure où la Rio s’adresse à des étudiants ou comme deuxième (ou troisième !) voiture de la famille. L’automatique passe généralement les vitesses avec douceur, sauf à quelques occasions où, sur les rapports inférieurs, elle se montre un peu plus rude. La transmission manuelle est tout aussi indiquée, même si la pédale d’embrayage semble reliée à du Jell-O et que le levier ne peut souffrir d’une utilisation brusque. Très peu recommandée pour le street racing…
Bien entendu, la conduite sportive est à proscrire même si le comportement général de la Rio est très sain. Dans une courbe prise avec trop d’enthousiasme, le véhicule démontre un comportement sous-vireur. Et il ne faut pas trop se fier aux freins pour se sortir d’embarras. L’ABS n’est pas offert, même en option. La direction est plus ou moins précise et devient dure lors de changements de voies brutaux, mais c’est davantage le cuir très glissant du volant de notre Rio5 d’essai qui dérange.
La Rio n’est sans doute pas parfaite mais elle se mesure facilement aux autres voitures de la catégorie. Son prix de base n’est certes pas le meilleur mais sa qualité de fabrication et l’équipement compensent largement. Reste que la version la plus cossue, la Rio5 EX Sport, n’est pas aussi intéressante qu’elle en a l’air puisqu’il s’agit seulement d’ajouts esthétiques ou de luxe. Malgré tout, le rapport qualité/prix de n’importe quelle Rio est infiniment meilleur que celui d’une Lamborghini…
feu vert
Excellent rapport qualité/prix
Qualité de fabrication indéniable
Habitacle vaste
Comportement routier correct
Bon antirouille
feu rouge
Moteur plus bruyant que performant
Manque de recul du siège du conducteur
Groupe EX Sport peu utile (Rio5)
Embrayage très Jell-O
Freins ABS non disponibles