Jaguar X-Type, début raté, carrière difficile
Depuis que Jaguar a été admis dans le giron de la grande famille Ford, la direction de ce constructeur a toujours souligné que la survie de cette marque passait par un plus grand volume de vente, ce qui signifiait la commercialisation d’un modèle à vocation plus populaire. Somme toute, la réplique du constructeur de Coventry à la Classe C de Mercedes ou encore la Série 3 de BMW. C’est dans ce contexte que la X-Type a été développée à partir d’une plate-forme de Ford Mondeo. Lancée au Salon de Genève en 2001, cette « Jag » n’a jamais connu l’estime du public.
Il faut souligner que cette nouvelle venue était sans doute « trop Ford » à ses débuts, et pas suffisamment Jaguar. Dans un marché où le snobisme des gens influence leur décision d’achat, la généalogie relevée des autres modèles de cette marque n’a pas suffi à faite oublier aux gens que la X était une Mondeo endimanchée. En plus, pour attiser la braise de la critique, la qualité d’assemblage et des matériaux des premiers exemplaires n’était pas à la hauteur de la concurrence. Ce qui a poussé la direction de Jaguar à réagir en remplaçant plusieurs centaines de pièces, en augmentant le contenu de l’équipement de série et en abaissant les prix de vente. Malgré tous ces efforts et de nombreuses campagnes promotionnelles, la X-Type demeure l’os dans la gorge de Jaguar. Non seulement ses ventes ne se sont jamais élevées aux chiffres prédits au départ et révisés par la suite, mais cette mésaventure fait perdre des millions de dollars à la compagnie Ford qui aimerait que ses filiales soient aussi rentables que Volvo.
Un shooting brake ?
Curieuse appellation pour une voiture que l’on désigne comme familiale au Québec et comme Touring en Allemagne. Quoi qu’il en soit, devant la mévente de la berline, les ingénieurs ont rapidement travaillé sur une version familiale afin d’offrir une silhouette moins papy et plus d’espace pour les personnes actives désireuses de rouler en Jaguar tout en transportant tout leur attirail sportif. Et puisque ce modèle cible de jeunes familles, cette version permet de voyager plus facilement avec les enfants. Et force est d’admettre que ce type de carrosserie est plus élégant que la berline qui fait un peu pépère avec son arrière inspiré de la XJ-S mais qui ne convient pas avec les dimensions de la voiture. La familiale est donc d’allure plus jeune et plus équilibrée. Et si l’espace à l’avant est le même pour les deux voitures, le dégagement pour la tête est supérieur sur le shooting brake, pardon la Touring. Oops ! La familiale… D’ailleurs, à mon avis, celle-ci est la seule des deux modèles à offrir quelque chose de différent et d’au moins égal à la concurrence. Une X-Type versus une BMW de Série 3 ne fait pas le poids, mais la familiale versus la Touring de cette même série a plus de chances de convaincre les gens.
Il n’en demeure pas moins que ce duo offre une habitabilité moyenne aussi bien aux places avant qu’à l’arrière. Les places arrière possèdent un dégagement pour les jambes assez limité, tandis que l’énorme console avant et un tableau de bord encombrant dérobent beaucoup d’espace pour les occupants assis à l’avant. Et un peu comme la silhouette, la présentation de l’habitacle me semble trop chargée pour une voiture de cette taille et de cette catégorie. Pour une fois, les designers auraient pu tourner le dos à la tradition et remplacer les appliques en bois par de l’aluminium brossé et le cuir pompeux par des tissus plus modernes. Le style salon mortuaire ne convient pas tellement à cette petite britannique et encore moins à sa clientèle. Il faut par contre souligner l’amélioration de la qualité de la finition et de l’assemblage.
Moteur unique
Depuis l’an dernier, la X-Type n’est vendue qu’avec le moteur V6 de 3,0 litres. Le risible moteur V6 de 2,5 litres a été abandonné. Ce dernier était nettement incapable de soutenir la comparaison avec la concurrence et tous les chroniqueurs automobiles dignes de ce nom recommandaient le moteur 3,0 litres avec véhémence. Monté transversalement, ce moteur est couplé à une boîte automatique à cinq rapports et à une transmission intégrale Traction-4 qui est d’une surprenante efficacité.
En fait, même si la familiale me semble plus intéressante à tous les points de vue, ces deux modèles offrent une excellente tenue de route et un agrément de conduite que l’on a tendance à négliger en raison de ces garnitures en bois et de cette présentation rétro. La transmission intégrale privilégie le train arrière dans la distribution de couple en conduite normale afin d’offrir des sensations de conduite assimilées à une propulsion. Il faut également ajouter que la direction est d’une bonne précision. Par contre, le levier de commande de la transmission manumatique est en forme de J et convient assez mal à des passages rapides de vitesses en mode manuel. Quant aux sièges, ils sont confortables, mais leur support latéral est plutôt faible.
Somme toute, cette « Jag » possède plusieurs qualités, notamment un logo de prestige, un équipement complet en plus de se vendre à un prix très intéressant. L’erreur commise a été d’appliquer à une compacte des concepts stylistiques demi-rétro qui ont sans doute leur place sur une grosse voiture, mais pas nécessairement dans un format plus petit. Ajoutez un lancement raté, une qualité initiale atroce dont les gens se souviennent encore, et la X-type « en arrache ».
feu vert
Équipement complet
Traction intégrale
Tableau de bord traditionnel
Bonne tenue de route
Dimensions compactes
feu rouge
Habitabilité moyenne
Slhouette vieillotte (berline)
Tableau de bord traditionnel
Faible valeur de revente
Modèle en sursis