Jaguar XJ8, la continuité
Plusieurs personnes reprochent à la Jaguar XJ8 de trop ressembler aux versions précédentes. Il est vrai que la ligne a peu changé depuis les débuts de la série XJ en 1968. Mais mettez côte à côte un de ces premiers modèles et un de 2007 et vous verrez toute une différence! Et puis, qui oserait accuser Porsche de produire une 911 quasiment identique à celle d’il y a 44 ans ? Sans aucun doute que l’acheteur typique de Jaguar voit d’un bon œil ce changement dans la continuité. Le problème de la XJ8 provient plutôt de la concurrence qui a la mauvaise manie de se raffiner sans cesse...
La XJ a été entièrement revue en 2004. La ligne a certes été mise au goût du jour mais c’est surtout ce qui est en dessous qui est tout nouveau. À commencer par la carrosserie, désormais fabriquée en aluminium, question de sauver quelque 200 kilos. Il ne faut pas oublier que la XJ, et à plus forte raison la XJL, est une voiture imposante. La diminution de poids de la carrosserie a sans doute permis d’ajouter de nombreux éléments de sécurité et plusieurs systèmes électroniques. Le châssis aussi est réalisé dans cette même matière, à la fois légère et très résistante. Il n’y a donc pas lieu de s’inquiéter de la modernité des composantes de la XJ. Mais on peut s’inquiéter des coûts de réparation après un accident…
La XJ se présente en deux configurations. « Régulière » (bien que ce mot traduise mal ma pensée…) et version allongée, mieux connue sous le sigle XJL. La livrée « régulière » se décline aussi en version sportive XJR. Quant à la XJL, elle peut également recevoir l’ensemble Vanden Plas ou Super V8 qui est, en fait, une XJR allongée. Les XJ8, XJ8L et XJ8Vanden Plas ont droit au moteur « de base ». Il s’agit d’un V8 de 4,2 litres de 300 chevaux et 310 livres-pied de couple qui assure des performances de haut calibre. De plus, tonnes de matériel isolant obligent, les accélérations se font dans la plus grande discrétion. La transmission automatique ZF à six rapports fonctionne avec une douceur émouvante et la seule critique qu’on pourrait lui faire a trait à la grille de sélection en zigzag, peu commode. Si le « petit » 4,2 litres ne suffit pas à étancher votre soif de performances, on retrouve le même 4,2 mais en version suralimentée. On parle alors de 400 chevaux et 413 livres-pieds de couple. Les accélérations et reprises ne sont rien de moins que phénoménales ! Et, ce qui ne gâche rien, ces moteurs sont fort beaux avec leurs belles tubulures noires.
Souveraine
En tout temps, le comportement routier se montre à la hauteur des différents moteurs. Les suspensions semblent toujours parfaitement calibrées entre confort et tenue de route, et il faut pousser plus que de raison pour réaliser que la XJ fait montre d’un certain survirage. Même à des vitesses hautement illégales sur une route secondaire dont l’entretien laissait à désirer, notre XJL a fait preuve d’une stabilité souveraine. Les nombreuses aides électroniques veillent au grain et les contrôles de la traction et de la stabilité interviennent avec beaucoup d’autorité. Mais avant d’en arriver là, il y a de fortes chances que le support latéral déficient des sièges avant vous ait avisé des limites prochaines… Les freins agissent avec détermination tandis que la direction se montre précise mais aussi, malheureusement, légère. À noter que le compteur de vitesse est gradué par 30 km/h (0-30-60-90, etc.), ce qui est un peu stressant pour le non-initié qui voit une auto-patrouille lui coller au derrière et qui se rend compte qu’il a confondu 80 avec 120… D’autant plus que l’impression de vitesse est quasiment inexistante dans une voiture aussi bien insonorisée.
Les larges portes, qui ne possèdent pas tout à fait assez d’angle, ouvrent sur un habitacle où le luxe et le confort font loi. L’accès aux sièges avant n’est pas toujours facile mais, une fois assis, wow ! Les sièges arrière font preuve d’autant de précautions envers les occupants. D’ailleurs, tous les sièges sont chauffants, disposent de leur propre support lombaire électrique et mémoire. Si les places arrière de la XJ « de base » se montrent un tantinet justes pour les jambes, il n’y a pas de risques d’éprouver un tel problème dans la XJL. La place centrale, par contre, n’est pas des plus confortables, d’autant plus qu’il n’y a que deux appuie-têtes. Si le coffre n’est pas très haut, il peut tout de même contenir 464 litres. Malheureusement, il ne peut être agrandi en abaissant les dossiers des sièges arrière. Pire, on ne retrouve aucune trappe à skis. Au moins, la moquette qui recouvre le fond du coffre est d’une épaisseur rarement vue dans un salon !
Classique
Énumérer la liste de l’équipement standard serait aussi intéressant que la lecture d’un projet de loi par Stephen Harper. Disons simplement que les prix variant de près de 90 000 $ à plus de 125 000 $ sont amplement justifiés. Le superbe volant se prend bien en main, les boiseries (qui me laissent généralement froid) réchauffent l’habitacle, de même que les cuirs de qualité et les plastiques, tout aussi bien choisis. L’écran de navigation est grand et se consulte facilement, mais certains boutons, ceux de la radio par exemple, sont un peu trop difficiles à comprendre. Parmi les autres points négatifs, disons que tant qu’à refaire la XJ, les designers auraient pu en profiter pour doter l’habitacle de quelques espaces de rangement.
Bien qu’elle transpire la classe, la XJ doit se battre contre son vieux démon… le manque de fiabilité. Mais les choses semblent s’être beaucoup améliorées dernièrement. Alors, diantre, pourquoi retrouve-t-on, dans le coffre, 14 (quatorze !) fusibles de rechange ? Quoi qu’il en soit, rares sont les voitures sur cette planète à posséder autant de charme que cette belle anglaise. Et c’est souvent tout ce qui compte.
feu vert
La grande classe
Moteurs performants
Comportement routier impressionnant
Consommation étonnante
Fiabilité à la hausse
feu rouge
Lignes trop discrètes
Certaines commandes complexes
Peu d’espace de rangement
Grille de levier de vitesses aberrante
Coûts des réparations exhorbitants