Lamborghini Huracán LP 610-4 2015 : elle bouleverse l’ordre établi
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La Lamborghini Huracán LP 610-4 2015 est dotée d’une caractéristique unique dont on ne fait mention nulle part dans le manuel du propriétaire. Et si vous en parlez à votre concessionnaire, tout ce que vous obtiendrez, c’est un sourire énigmatique de votre représentant; jamais il ne confirmera ni ne niera son existence. Je fais référence bien sûr à la cape d’invisibilité qui s’étend à 30 mètres tout autour de la voiture. Cette cape fait en sorte que les simples humains ne peuvent apercevoir ni les autres véhicules, ni les piétons, ni les soucoupes volantes, ni les tornades, ni les créatures mythologiques dans l’entourage immédiat de cette machine orange pétant, la plus récente proposition de l’Italie en matière de bolide exotique d’entrée de gamme.
Mes derniers doutes au sujet de ce phénomène astrophysique surprenant se sont envolés tard un soir alors que j’étais arrêté à un feu rouge au centre-ville de Montréal. À côté de moi, une autre Huracán de la même couleur. Juste derrière, un cabriolet Gallardo de couleur tout aussi coordonnée. Tout à coup la densité des Lamborghini a atteint une masse critique et il en est résulté un trou noir tellement puissant que plus rien ne pouvait s’échapper, sauf bien sûr la couleur orange et le hurlement des moteurs V10 qui grimpaient jusqu’à 8000 tr/min. Sous une pluie éblouissante de flashs de caméra, nous avons quitté l’intersection. Puis nous avons répété la recette à l’infini tout le long du boulevard Saint-Laurent, livrant ainsi une impressionnante démonstration scientifique du pouvoir de ces super voitures.
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Est-ce de l’hérésie?
L’impact visuel de la Huracán est tellement intense qu’il redéfinit virtuellement le modèle héliocentrique du système solaire de Galilée. Il réorganise les planètes et tous ses occupants de façon à ce qu’ils ne soient plus en orbite autour du soleil, mais autour du métal hurlant de la Lamborghini. En pilotant cette Huracán, j’ai bien sûr pu apprécier toute la puissance et la force de son 10 cylindres de 5,2 litres. Mais j’ai aussi apprécié tout le chemin parcouru par Lamborghini pour construire une machine exotique qui défie les lois de la physique, mais sans vous torturer au passage.
Avec ses 602 chevaux et son couple de 413 lb-pi, le moteur à montage central de la Huracán a tout ce qu’il faut pour vous propulser en orbite, ou pour vous mettre dans le trouble, surtout quand on considère que la plus abordable des membres de la famille Lamborghini est plus légère que la Gallardo qu’elle remplace. Merci donc à Lamborghini d’avoir équipé son coupé de la traction intégrale de série, et de trois modes de conduite (Strada, Sport, Corsa). Ces dispositifs font un excellent travail pour harnacher l’impressionnante puissance de la Huracán.
Quand on engage le mode « Thrust » (pour les départs canon), la bête bondit à 100 km/h en 2,9 secondes, ce qui est déjà fortement impressionnant. Puis la elle continue à accélérer avec tellement d’entrain qu’il suffit d’ajouter une distance remarquablement courte pour atteindre sa vitesse de pointe de plus de 320 km/h. La Huracán est dotée d’une transmission manuelle automatisée à sept rapports avec double embrayage, une première pour la marque. Avec la Gallardo, on pouvait choisir une boîte automatique ou manuelle, mais on n’y perd pas au change avec cette nouvelle transmission. Les changements de vitesse sont vifs même en mode Strada. Et quand on passe en mode Sport ou Corsa, la machine enfile les rapports plus vite que ne pourrait l’espérer n’importe quel humain. Ces modes commandent également une réduction de l’intervention du système de contrôle de la stabilité, une augmentation de l’effort au volant et une augmentation de la fermeté du système de suspension à contrôle magnétique.
Une main de fer dans un gant de velours
Même au cœur de la furie de la Lamborghini Huracán LP 610-4, vous pouvez oublier que la forme du véhicule qui vous enveloppe a plus à voir avec un engin échappé d’un entrepôt secret de Roswell qu’avec une voiture sport ordinaire. C’est parce que presque tous les aspects du comportement routier de la Huracán sont remarquablement raffinés (si on fait exception de la mauvaise visibilité vers l’arrière, une conséquence de sa lunette arrière étroite et de son compartiment moteur exposé).
Il n’y a pas de brasse-camarade sur les revêtements en mauvais état, pas de menace de demi-tour subit dans les virages glissants, et une absence totale de raideur excessive dans le volant. De même, l’intérieur est joliment aménagé. Grâce à l’effet de synergie apporté par la société mère Volkswagen, on y trouve des éléments de luxe de qualité Audi, comme des cuirs de couleur coordonnée et le système d’infodivertissement MMI (avec élégant affichage à cristaux liquides). L’habitacle est silencieux et facile d’accès et on peut refermer les portes sans avoir besoin de se faire allonger les bras. La Huracán est invitante pour de longues randonnées (au lieu de vous proposer nerveusement de faire des pauses à tous les 100 km), ce qui annonce une nouvelle ère pour Lamborghini, et ce qui envoie un avertissement à plusieurs autres supercars de prix comparable en matière d’ergonomie.
Mise en garde obligatoire
Tout cela étant dit, n’allez pas croire, ne serait-ce que pour une seconde, que cette Lamborghini plus conviviale est moins virile que les modèles précédents. Vous pouvez bien apprécier le raffinement de James Bond et l’inviter à dîner, et peut-être même le présenter à votre mère, mais il restera toujours capable de tuer de sang-froid.
La Huracán LP 610-4 est en mesure de clencher pratiquement toutes les voitures qui oseraient l’affronter en ligne droite, et elle peut se montrer tout aussi combative sur n’importe quelle piste de course. Mieux encore, elle a conservé – non, elle a renforcé – l’approche impertinente sans compromis qui fait l’essence des meilleurs Lamborghini modernes. La Huracán affiche un caractère aussi aiguisé que les lames à l’avant de sa carrosserie. Et il ne s’agit pas là seulement de mon opinion : c’est une constatation scientifique.
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