Maybach 57 / 62 2006: somptueuse luxure
Au risque de passer pour un hérétique, j’affirme sans ambages que la Maybach, dont le prix de base se situe bien au-delà de 400 000 $, offre le meilleur rapport prestige/prix de l’industrie. Les photos, malheureusement, ne rendent pas justice à la prestance de la Maybach. Sublimement longue et trapue malgré sa hauteur (pratiquement celle d’une Subaru Forester), elle impose le respect par ses lignes classiques et ses proportions fort équilibrées. On est loin, très loin, de la Lincoln Town Car allongée pour en faire une limousine !
Quoi qu’il en soit, ce n’est pas l’extérieur de la voiture (si un tel terme générique peut être utilisé dans le cas de la Maybach !) qui impressionne le plus. L’habitacle (encore un terme banal) tient plus du salon de château que du transport des passagers. Curieusement, seulement quatre personnes peuvent s’installer à bord. Mais puisque la Maybach (prononcez Mébâhhh en gardant la bouche bien bée) ne souffre d’aucune contrainte, je suis persuadé qu’elle peut se faire en version cinq places, moyennant un « léger » supplément. D’ailleurs, il ne se fait pas deux Maybach identiques puisqu’elles ne sont construites que sur commande et que les clients (plutôt bien nantis) y vont de leurs exigences personnelles. Ces exigences peuvent aller du simple choix de la couleur du cuir à la console X-Box ! Notons que peu importe les modifications apportées, quatre personnes prennent leurs aises dans une Maybach en toute quiétude, dans un confort inouï. Chaque fauteuil est, vous l’auriez deviné, ajustable dans toutes les positions imaginables et on y retrouve un vibromasseur ainsi que des ventilateurs. Inutile de préciser que le dégagement pour les jambes n’est rien de moins que phénoménal. De là à dire que certaines Maybach ont assurément été témoins de quelques exploits charnels (on peut commander une version avec un diviseur entre le chauffeur et les passagers arrière), il n’y a qu’un pas que je franchirais avec plaisir… Et on parle ici de la « petite » 57, ce chiffre référant aux 573 cm de la carrosserie ! Il y a aussi la 62…
En plus de se laisser trimballer le popotin dans de divins fauteuils, il est possible de contempler les étoiles grâce au toit panoramique ou de se détendre à l’arrière en regardant un DVD ou une émission de télé diffusée par des écrans placés dans les dossiers des sièges avant. Et n’ayez crainte, vous n’êtes pas obligés de visionner la même chose que la personne assise à vos côtés. Au plafond, trois jauges permettent aux passagers arrière de savoir à tout moment la vitesse du véhicule, l’heure ou la température. Bien entendu, minibar (il faut voir ces flûtes à champagne dessinées de façon à ne pas se renverser !), espace réfrigéré, téléphonie sans fil, rideaux à action mécanique pour plus d’intimité, chaîne stéréo extraordinaire et matériaux sortis tout droit du palais de Buckingham font partie des petits plaisirs quotidiens des propriétaires de Maybach !
À VOITURE D’EXCEPTION, MOTEUR D’EXCEPTION
Tous ces éléments se conjuguent par contre pour faire monter l’aiguille de la balance. La Maybach pèse plus de 2 700 kilos (6 000 livres). C’est trois Hyundai Accent, ça ! Pour déplacer cette imposante masse, Mercedes-Benz (quoi, vous ne saviez pas que Maybach appartient à Mercedes-Benz ?) Mercedes-Benz, donc, a recours à un moteur V12 biturbo de 550 chevaux et 663 livres-pied de couple. Je ne sais pas si ces chiffres vous intéressent, mais dites-vous qu’ils permettent à la Maybach de littéralement « décoller » dès que le feu passe au vert et que les dépassements, peu importe la vitesse du véhicule qui vous précède, se font avec une aisance émouvante. Lors de mon essai (court, faut-il préciser), je n’ai pris aucune note sur le fonctionnement de la transmission. C’est donc dire qu’elle fait parfaitement son boulot, soit celui de se faire oublier. La tenue de cap est tout simplement fantastique et les freins, qui ont tout de même une lourde tâche à accomplir, se révèlent aussi impériaux que le reste de la voiture.
Malgré tout, le chauffeur risque de s’ennuyer de sa mère la plupart du temps, même si la pléthore de boutons et commandes mis à sa disposition devait l’occuper un bon moment. La direction se montre trop légère et, lois physiques obligent, la caisse penche passablement dans les virages pris avec le moindrement d’enthousiasme. Mais le confort est à tout moment préservé et il faudrait vraiment pousser la machine pour que Monsieur le Président, vérifiant ses notes avant sa rencontre mensuelle avec les actionnaires, se doute que le chauffeur va un peu trop vite. Le silence de l’habitacle ajoute à cette impression, vague au début mais plus marquée à mesure que les kilomètres s’additionnent au compteur, qu’une Maybach est infiniment plus agréable à vivre quand on n’a pas à la conduire. Et puis, ça ne vire pas sur un « dix cennes ». Reculer dans un espace exigu demande autant de concentration que de sang-froid !
Mais tout n’est pas rose dans la stratosphère des marques pour multimillionnaires. Les ventes ne sont pas aussi élevées que prévu et on envisage que seulement 500 Maybach 2005 pourraient avoir trouvé preneur. Ce qui, selon moi, représente déjà un grand nombre, compte tenu du prix demandé. Peut-être que mes moyens financiers me permettront d’ici une ou deux années, de me procurer une Maybach de « pauvre », basée sur la Classe S de Mercedes-Benz et affrontant directement la Bentley Flying Spur. On parle ici d’une berline et probablement d’un cabriolet, sur le marché en 2007 ou 2008. En attendant, je continue de donner 3 $ par semaine à Loto-Québec…
Feu vert
- Prestigieuse au cube
- Confort surnaturel
- Puissance fabuleuse
- Habitacle criant de silence
- Expérience d’achat ultime
Feu rouge
- Prix démentiel
- Dimensions indécentes
- Agrément de conduite nul
- Consommation torrentielle
- Fiabilité incertaine (électronique)