Mercedes-Benz SLK 1997 : La souriante image du renouveau
-Tel que publié dans le Guide de l'auto 1997-
S'il est une voiture qui Incarne d'éclatante façon la réorientation de Mercedes-Benz, c'est bien ce petit bijou de roadster identifié par les lettres SLK. Pour briller de tous ses feux un tel modèle a besoin de deux choses: un soleil radieux et une petite route à l'avenant. Montez avec moi, je vous emmène en Toscane.
Le dossier de presse consacré à la plus récente création de Mercedes renferme deux CD-Rom, un choix de 450 photos et pas moins de sept cahiers d'information s'étalant sur 166 pages. Assez pour remplir la moitié de ce Guide de l'auto… C'est dire l'importance que le constructeur allemand accorde à ce nouveau modèle qui doit lui permettre de franchir le seuil du prochain millénaire avec une image rajeunie. Pour le scribe que je suis, un tel déluge de renseignements fait que l'on ne sait plus très bien par où commencer.
Réglons d'abord certains menus détails. SLK signifie «sport», «léger» et «compact» (ce mot s'écrivant avec un «k» dans la langue de Goethe), ce qui situe bien cette petite voiture par rapport à une SL par exemple, dont elle est la sœur cadette. Elle s'adresse cependant à un public bien différent dont Mercedes estime l'âge entre 30 et 39 ans. Tous ces automobilistes aisés qui refusaient de rouler en Mercedes de peur d'exhiber un âge certain pourront dorénavant s'offrir le plaisir d'une SLK sans passer pour des retraités. Ils pourront ainsi se joindre au clan des conducteurs de Z3 (BMW) ou de Boxster (Porsche), les deux vraies concurrentes du roadster Mercedes.
Deux voitures dans une
Si le nom «roadster» ou «cabriolet biplace» identifie parfaitement ses deux rivales germaniques, la SLK mérite aussi l'appellation de coupé.
En effet, sur la simple pression d'un bouton, un toit métallique escamotable s'extirpe du coffre et, en 25 secondes, la voiture adopte une tout autre personnalité. Le bruit de vent qui est si souvent le talon d'Achille des cabriolets disparaît illico et la rigidité de la coque y gagne aussi énormément. Une pure merveille dont le fonctionnement mystifie les badauds qui assistent à cette métamorphose assurée par une pompe reliée à cinq vérins hydrauliques.
Non, Mercedes n'a pas lésiné sur le spectaculaire même si le volume du coffre doit en souffrir. En configuration coupé, son volume de 348 litres, mais lorsque le toit rigide vient s'y engouffrer, la place réduite à 145 litres, juste assez pour le bikini et la brosse à dents. E un peu plus mais pas tellement, surtout que pour insérer certains articles dans le mince espace disponible, on est forcé de remettre le Esthétiquement, la SLK réussit le tour de force d'être aussi séduisante décoiffée que protégée des intempéries par son astucieux couvre-Son style est actuel même s'il emprunte à d'anciennes sportives Mercedes (la 300SL notamment) le grillage de sa calandre et le double bombage de son capot. Bref, un élégant amalgame de traditionalisme et de modernité.
Méli-mélo technique
Je devine que vous avez hâte d'arpenter la Toscane, mais patientez encore un brin pendant que je vous fais faire le tour du propriétaire.
Autant la solution du toit rigide escamotable est coûteuse, autant la mécanique a permis à la marque allemande de faire des économies afin de respecter le prix abordable (pour une Mercedes) annoncé tout au long de la gestation de la SLK. Celle-ci s'alimente en effet d'éléments empruntés à divers modèles de la gamme. Le moteur, les suspensions et les freins notamment se sont déjà fait apprécier dans les berlines des classes C et E. Alors que l'Europe a le choix entre deux motorisations, seule la version la plus poussée, la 230 Kompressor, sera offerte ici. Elle bénéficie d'un 4 cylindres 2,3 litres multisoupape dont le compresseur mécanique agit comme une soufflante, créant une pression de suralimentation qui fait bondir la puissance à 191 chevaux. Le grand avantage de ce moteur est d'offrir un couple quasi constant de 206 lb-pi s'étalant de 2500 à 4800 tr/min. Pour l'Amérique, la seule transmission offerte est une 5 vitesses automatique à pilotage électronique. Les quatre freins à disques ont été piqués à la classe E tandis les suspensions (multibras à l'arrière et double bras transversaux à l'avant) sont identiques à celles des modèles C.
Sa légèreté, la SLK la doit à une foule d'astuces dont l'utilisation de magnésium dans la structure de la carrosserie et un pneu pliant assisté d'une pompe à air électrique offerte sans supplément. D'ailleurs, les quelque 55 000 $ que coûtera ce roadster à son arrivée sur le marché au début de 1997 comme modèle 1998 ne pourront être gonflés que par trois options: une peinture métallique, un chargeur de disques CD et des sièges chauffants.
La sécurité offerte par la SLK a aussi reçu toute l'attention que l'on doit lui porter chez une voiture aussi petite et vulnérable. Les coussins frontaux sont secondés par des sacs gonflables latéraux dissimulés dans les portières tandis que la voiture est munie de deux arceaux de protection dressés en permanence en plus de tubes spéciaux dans l'armature du pare-brise. Le coussin gonflable côté passager est aussi muni d'un détecteur qui l'empêche de se déployer si le siège est inoccupé, qu'un siège d'enfant y est installé ou que le poids qu'il supporte est inférieur à 12 kilos.
Dans les vignes du Chianti
Je suis loin d'avoir tout dit de cette Mercedes, mais l'appel de la Toscane se fait de plus en plus pressant et il est temps de prendre la route.
Déjà belle à ravir, la SLK est encore plus saisissante toute habillée de jaune comme ma voiture d'essai, une couleur qui montre bien que le conservatisme a été jeté par-dessus bord chez Mercedes.
Avant de quitter le Grand Hôtel de Florence, un bref inventaire de l'aménagement intérieur de la voiture permet d'en apprécier l'originalité. À côté des cadrans sur fond ivoire, la console centrale fait place au «look» carbone tandis que les pédales marient la sobriété de l'acier poli à la commodité d'un revêtement de caoutchouc antidérapant. Avec le jaune, la couleur anthracite de l'habillage intérieur est sobre par rapport au rouge éclatant qui se conjugue avec le gris argent (voir photo). Qu'importe, la SLK fait tourner les têtes de partout alors que sa compacité la rend d'une maniabilité appréciable à la ville, dans un environnement étranger et congestionné. Cinq petits kilomètres et nous voilà sur les hauteurs de Florence dans le grand belvédère de la Loggia, où les photos passent avant le cappucino. Le toit fait son p'tit numéro devant les curieux avant d'emprunter l'autostrada pour un bref moment, le temps de vérifier la rigidité accrue de la caisse et l'absence de bruit de la SLK en mode coupé. Puis, on met le cap sur Greve in Chianti par ces petites routes jalonnées d'oliveraies et de vignobles qui permettent d'apprécier la vivacité de la direction à billes, l'équilibre de la tenue de route (neutre avec une trace de sous- virage) et la sécurité de l'antipatinage qui tempère les excès de vitesse en virage. Le confort n'est jamais remis en question malgré le court empattement de la voiture. On actionne quelquefois involontairement le klaxon, le large pilier du pare-brise gêne un peu la visibilité et les rétroviseurs semblent bien petits, mais ce sont là des broutilles face au plaisir de rouler que procure ce roadster.
La puissance du moteur ne vous cale pas dans votre siège (très confortable, soit dit en passant), mais le couple constant assure de bonnes reprises à presque tous les régimes avec un temps de réponse imperceptible. J'ai conduit une SLK à boite manuelle et une autre avec l'automatique et je ne suis pas sûr que j'insisterais pour que Mercedes importe la première version. Le levier de vitesses n'a ni la précision ni la douceur que l'on souhaiterait et, avec ses 5 rapports, l'automatique permet d'obtenir pratiquement les mêmes performances avec un 0-100 km/h autour de 8 secondes et une vitesse maximale de 228 km/h. Ce faisant, le moteur émet juste la bonne note avec une sonorité qui a des accents d'Alfa Romeo.
Le trajet avant la destination
Au cœur de Greve, la pause salami nous emmène chez Falorni, la plus célèbre et la plus ancienne charcuterie du Chianti pour une dégustation des salamis maison. Sur la Piazza Matteotti, j'en profite pour prendre quelques notes: position de conduite d'adaptation facile finition fidèle à Mercedes, bons rangements avec poches aumônières dans les contre-portes mais le porte-documents pose problème, le filet coupe-vent qui se tend sur les arceaux de sécurité est peu encombrant mais gêne la visibilité arrière...
Mercedes a trouvé une jolie phrase pour illustrer l'agrément de conduite de sa SLK: ({Peu importe où l'on va dans une telle voiture, la destination c'est le trajet lui-même. Je réalise que c'est très vrai en flânant vers Badia a Passignano pour savourer quelques gouttes du Tignanello qui vieillit dans les caves de l'abbaye du domaine vinicole d'Antinori.
Comme toutes les Mercedes, la SLK230 Kompressor n'est peut-être pas née sous le signe de la passion mais, malgré son Oit côté frivole, son exécution répond aux normes sérieuses que la marque allemande a érigées en système. Elle est mignonne, on éprouve beaucoup de plaisir à son volant et son toit tout à fait génial lui permet d'envisager de prendre la route, n'importe où, 12 mois par année. Ne serait-ce que pour cela, la Z3 de BMW doit s'incliner devant sa rivale. Enfin, si la SLK vous démange, faites vos réservations au plus tôt, car Mercedes Canada n'en aura que 325 à vendre la première année.
DONNÉES GÉNÉRALES
Echelle de prix:55 000 $ à 58 000 $ (estimé)
Prix du modèle essayé. 55 000 $ (estimé)
Type:cabriolet - propulsion
Empattement: 240 cm
Hauteur: 1.26 cm
Longueu: 399.5 cm
Largeur: 171,5 cm
Poids: 1325 kg
Coffre/Réservoir: 348 litres (145 litres toit ouvert)/53 litres conducteur
Coussins de sécurité: passager et latéraux
Garantie de base: 4 ans/80 000 km
DONNÉES TECHNIQUES
Suspension av/arr.: indépendante
Freins av/arr.: disques ABS
Direction: à biles, assistée
Diamètre de braquage: 10,6 mèetres
Pneus:av.:205/55816 arr.: 225/50R16
Système antipatinage: oui
QUOI DE NEUF !
Nouveau Modèle
POUR
Deux voitures en une Exécution soignée
Confort étonnant
Prix raisonnable
Moteur souple
CONTRE
Coffre étroit en mode cabriolet
Rétroviseurs petits
Accélérateur mal gradué
Performances moyennes
MOTORISATION
Moteur/Transmission: 4L 2,3 litres - à compresseur/aut. 5 rapports
Puissance/Couple: 191 ch à 5300 tr/min / 206 lb-pi de 2500 à 4800 tr/min
PERFORMANCES
Accél. 0-100 km/h: 8,5 secondes
Vitesse maximale: 228 km/h
Freinage 100-0 km/h: n d
Consommation: 8,6 litres/100 km
Coût annuel: 1230 $
EN DEUX MOTS :
Enfin une Mercedes pas sérieuse
VERDICT :
Agrément : 4/5
Confort :4/5
Fiabilité :nouveau modèle
Habitabilité : 2/5
Hiver : 3,5/5
Sécurité : 4/5
Valeur de revente : nouveau modèle