Pontiac, vivement la retraite...

Ayant pris le volant cette semaine d'une Pontiac G8, je me suis curieusement remémoré la triste existence de l'Eagle Premier, une voiture talentueuse mais qui en raison d'un très mauvais timing pour son constructeur, s'est vue condamnée à l'échec. Et malheureusement, tout porte à croire qu'il en sera de même pour la G8. En fait, le contexte dans lequel la G8 tente de grandir diffère de celui de l'Eagle Premier. Car en plus de faire partie d'une division dont l'avenir est incertain, elle doit faire face à une crise économique majeure où la clientèle plus rationnelle que jamais, se fait aussi plus rare.

Personnellement, la G8 me plait bien. Elle est certes un peu bruyante, mais son agrément de conduite se situe à des années-lumière de celle de la Grand Prix, de qui elle reprend le flambeau. En revanche, je ne peux pas dire que cette voiture possède une très forte personnalité. Et il est là, le problème majeur des produits Pontiac.

Autrefois, il y a tout juste quinze ou vingt ans, une Pontiac se reconnaissait à ses lignes agressives et chargées, desquelles découlait une force de caractère unique. Vous pouviez certes ne pas aimer, mais les Sunfire, Grand Am, Grand Prix, Firebird et Bonneville attiraient néanmoins un lot d'acheteurs nettement plus important que les modèles d'aujourd'hui. Ces voitures possédaient une identité qui leur était propre, et qui se distinguait très facilement dans le paysage automobile nord-américain.

Aujourd'hui, la division Pontiac nage en pleine confusion. L'image peut-être kitsch mais plus populaire qui caractérisait les modèles de cette division s'est envolée à la demande du récemment retraité Bob Lutz, sans toutefois qu'elle ne soit remplacée par quelque chose d'autre. Et si Pontiac survit encore aujourd'hui, ce n'est à mon sens qu'une simple question de distribution. Car n'eut été du réseau de concessionnaire, des modèles comme les G3 Wave, G5 et Torrent n'auraient jamais vu le jour. Certains d'entre eux seront d'ailleurs éliminés prochainement, tout comme la fourgonnette Montana SV6. Que restera-t-il alors au sein de cette gamme?

Une impopulaire Solstice qui se retrouve aussi chez Saturn (sous le nom de Sky), une G6 qui survit essentiellement grâce à l'existence des compagnies de location à court terme, et une Vibe qui pourrait très bien porter un logo Chevrolet. D'ailleurs, sachez que la Vibe est une voiture issue d'une longue association avec Toyota (elle dérive de la Matrix) et qu'auparavant, ce mariage s'est fait du côté de Chevrolet, avec les modèles Prizm et Nova, dérivés de la Toyota Corolla. Quant à la G8, elle dérive d'une voiture très populaire en Australie, l'Holden Commodore. Mais saura-t-elle rejoindre la clientèle nord-américaine? J'en doute. Et si l'on se fie aux objectifs de vente du constructeur, du moins au Canada, il semble que GM soit aussi de cet avis.

Bref, la division Pontiac n'a aujourd'hui plus sa raison d'être. Et il faudrait presqu'un miracle pour que GM puisse remettre cette marque sur les rails. Car contrairement à Cadillac, Pontiac ne se démarque pas chez GM en attirant une clientèle différente et qui est en surplus, mieux nantie.

En terminant, sachez que GM prétend vouloir restructurer Pontiac au cours des prochaines années pour en faire une division mettant l'accent sur l'exclusivité et la sportivité. Il faudra alors que l'on m'explique pourquoi les sportives, hormis la Solstice, se retrouvent toutes du côté de Chevrolet. Pensez bien sûr à la Corvette, mais aussi à la Cobalt SS qui n'a pas d'équivalent chez Pontiac. Mais surtout, pensez à la nouvelle Camaro, une voiture sensationnelle qui en se nommant Firebird, aurait très bien pu redorer le blason de Pontiac. Sauf qu'encore là, vous en conviendrez, l'image de la Camaro prédomine sur celle de la Firebird. Voila donc la preuve que Pontiac, c'est mort…

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