Hummer H2/H2 SUT, politiquement incorrect
Il suffit d’examiner les caractéristiques mécaniques du Hummer H2 pour en conclure qu’il s’agit d’un excellent véhicule tout-terrain. De plus, sa silhouette taillée à la hache s’inspire du légendaire Humvee des forces armées américaines et a donc tout pour plaire aux Arnold Schwarzenegger de ce monde. Pourtant, il est l’un des véhicules les plus ciblés par les environnementalistes qui le décrivent comme une machine démoniaque qui fait tout pour polluer et détruire l’environnement. Et avec le prix de l’essence qui ne cesse d’augmenter, ce n’est assurément pas un véhicule politiquement correct !
C’est une chose de crier au scandale en raison de sa seule existence. Et il est certain qu’un tel véhicule est encore plus scandaleux à vos yeux si vous résidez sur le Plateau Mont-Royal et vous rendez à votre travail en vélo ou en métro... Le H2 n’est pas un véhicule citadin, je l’admets, et il est vrai que trop de personnes se le procurent pour les mauvaises raisons. Toutefois, si vous êtes propriétaire d’une pourvoirie en Mauricie, d’une ferme en Montérégie ou d’un ranch au Texas, le H2 possède des qualités qui vous le feront apprécier. De plus, il sera utilisé pour ce quoi il a été conçu. Je trouve un peu débile que certaines personnes en fassent un véhicule pour conduire des mariés à l’église...
Silhouette à part
Si le Hummer est si mal vu par les embrasseurs d’arbres, c’est que sa silhouette en fait l’archétype des gros VUS. Puisqu’il est inspiré d’un véhicule militaire dont la silhouette est uniquement dictée par le côté pratique de sa conduite, il est certain qu’il se démarque des autres par ses parois planes, son énorme grille de calandre et une fenestration relativement petite pour un gros 4X4. C’est pourtant là le charme de ce véhicule, du moins aux yeux de plusieurs. Il leur donne une certaine exclusivité, à coup sûr. Et il faut ajouter que cette disposition permet de circuler en forêt sans avoir trop d’inquiétude quant aux éraflures et à la disparition de garnitures chromées. De plus, sa garde au sol très généreuse le rend pataud dans la circulation, mais lui donne beaucoup d’agilité en terrain accidenté.
Il faut accorder de bonnes notes aux stylistes qui ont dessiné le tableau de bord. Avec ses faux boulons visibles, son plastique gris mat et des commandes qui ont des allures quasiment commerciales, on a l’impression de s’asseoir dans un véhicule à vocation spécialisée. Le levier de vitesse en forme de « L » inversé ainsi qu’un regroupement de quatre petits cadrans indicateurs placés à droite de l’indicateur de vitesse accentuent cette impression. Cette année, une version spéciale permettra de profiter d’une caméra vidéo de recul qui facilitera les choses lors des marches arrière. Par contre, il faut vraiment être souple et agile pour monter à bord puisque le seuil des portes est très haut. Et le marchepied circulaire n’est pas tellement utile si vous portez des souliers de grande taille. Comme il y a peu de place pour prendre pied, vous avez de fortes chances de glisser et de vous heurter les tibias sur ce tube. Soulignons qu’il est possible de déboulonner rapidement les marchepieds avant de s’aventurer sur des terrains très accidentés afin qu’ils n’entravent pas la marche du H2. Toujours sur une note pratique, les premières versions étaient dotées d’une énorme roue de secours placée dans la soute à bagages. Non seulement cet objet empiétait sérieusement sur l’espace réservé aux bagages, mais une forte odeur de caoutchouc imprégnait l’habitacle en permanence. La roue de secours est maintenant ancrée à l’extérieur et c’est tant mieux. Cela nécessite une opération en deux étapes pour ouvrir le hayon arrière, mais c’est tout de même un moindre mal. Avec le SUT, pour « Sport Utility Truck », la présence d’une petite boîte de chargement extérieure donne un cachet spécial en plus de faciliter le déplacement d’objets verticaux ou susceptibles de souiller l’habitacle.
Rien ne l’arrête !
Il ne faut pas croire que le H2 soit un produit uniquement destiné à faire de l’épate et qu’il soit nul en conduite hors route. C’est tout le contraire. Aussi bien en raison de son poids, de sa largeur et d’une transmission intégrale permettant de verrouiller les trois différentiels qui l’équipent, il passe partout ou presque. Il faut vraiment avoir affaire à des conditions nettement hors-norme pour l’arrêter. J’ai eu l’occasion de le piloter sur un trajet parsemé de grosses pierres et même d’escalader des marches de plusieurs centimètres de haut sans que cela puisse l’immobiliser. Par contre, il faut avouer que son gros gabarit et son poids sont des handicaps sur un parcours serré et étroit. Cependant, en terrain découvert et aux mains d’un expert, il peut passer partout ou presque. Il est vrai que la prise d’air sur le capot et les crochets d’hélitreuillage sont factices, mais le reste est vraiment à la hauteur de la silhouette.
Comme l’an dernier, un seul moteur est au catalogue. Il s’agit du moteur V8 6,0 litres d’une puissance de 325 chevaux dont le couple généreux à bas régime convient fort bien à une utilisation hors route. La boîte automatique à quatre rapports est efficace et solide, mais un ou deux rapports supplémentaires permettraient d’espacer les visites à la pompe. Enfin, sur la route, ce costaud surprend par une suspension confortable et une tenue de route correcte. Soulignons au passage qu’il faut se fier aux gros rétroviseurs extérieurs puisque la visibilité arrière est assez déficiente. Bref, en tant que véhicule tout terrain, le Hummer impressionne. Il est cependant loin de se montrer politiquement correct au moment où le réchauffement de la planète et la lutte à la pollution sont des préoccupations mondiales. Rouler en Hummer, c’est faire tout un pied de nez aux environnementalistes !
feu vert
Style unique
Moteur bien adapté
Passe partout
Tableau de bord
Caméra de recul
feu rouge
Marque ostracisée
Peu pratique en ville
Seuil élevé
Moteur gourmand
Habitabilité moyenne