Honda Pilot, Rambo en soutane

Tel que publié dans le Guide de l'auto 2007

Qui ne connaît pas Rambo ? Vous savez, ce personnage de cinéma à la musculature impressionnante dont les exploits sont devenus si légendaires ? Un combattant féroce, puissant, robuste et d’une endurance à toute épreuve. Celui sur lequel la nation peut compter et qui ne baissera jamais les bras devant les pires épreuves. Un homme découpé au couteau et fiable sur lequel chacun de nous jetterait son dévolu. Maintenant, enfilez-lui une soutane et vous aurez une bonne idée de ce qu’est le Pilot, un corps d’athlète à la carrosserie ordinaire et plutôt anonyme.

Bien qu’il fût lancé en 2003 et esthétiquement remodelé annuellement, le Pilot reste un véhicule au design neutre et fade, ne laissant transparaître aucune originalité. Et contrairement à plusieurs de ses concurrents, le Pilot n’affiche manifestement pas une apparence de virilité et de robustesse. Il est certes de bonne dimension, mais fait plutôt « petit bourgeois désireux de faire une balade à la campagne ». D’ailleurs, l’emplacement extérieur de la caméra de recul démontre à quel point l’apparence extérieure du véhicule est secondaire. Espérons que la refonte prévue bientôt lui insufflera un peu de testostérone et de style...

Sous la soutane

Ayant fait fi de son apparence, on constate à quel point le véhicule est efficace et d’une certaine façon, intéressant à conduire. Le moteur 6 cylindres affiche une puissance de 244 chevaux et contrairement à plusieurs véhicules sur le marché, cette puissance ne s’avère pas seulement juste, mais abondante et suffisamment disponible sur toute la plage du compte-tours. Les accélérations sont donc impressionnantes et les reprises franches pour un véhicule de ce poids. Nul besoin d’offrir en option un V8 qui ne ferait qu’augmenter la dépense en carburant, déjà élevée sur le V6. Jumelée à cette motorisation, on retrouve une transmission automatique 5 vitesses qui travaille de façon assez transparente mais qui hésite quelquefois lorsque la situation demande un choix rapide de rapport. Un freinage brusque suivi d’une accélération, une reprise ou une sortie de virage font souvent perdre momentanément la carte à la transmission. Autrement, elle est douce et sans à-coups, laissant la fausse impression qu’on a en fait affaire à une CVT. La tenue de route n’est pas mal non plus grâce au choix de pneumatiques qui offrent un bon compromis entre le confort et l’efficacité hors route.

Le véhicule s’avère agile et malgré l’assiette et le centre de gravité élevés, le roulis, bien que notable, est atténué grâce aux suspensions indépendantes adéquatement calibrées. Les virages se prennent d’ailleurs avec une assurance déconcertante oubliant parfois le fait qu’on est au volant d’un VUS de plus de 2 000 kg. Malheureusement, le Pilot souffre d’une faible déficience au niveau de la direction. Évidemment, comme il s’agit d’un camion, il ne faut pas s’attendre à la précision rencontrée sur une Porsche, mais l’assistance électrique rend cette direction un peu trop molle et légère, ce qui entraîne une réaction lente lors des changements de cap. On expérimente alors un « décalage » entre l’action et le résultat, une fraction de seconde seulement, mais qui nous donne l’impression de perdre momentanément le contrôle du véhicule. Pour une voiture à vocation sportive le problème serait de taille mais pour un VUS, il est, de toute évidence, secondaire et on finit par s’y habituer, d’autant plus que cela devient une qualité recherchée en situation urbaine ou dans un sentier hors route.

Contrastant

Prendre le volant du Pilot s’avère une tâche assez simple. Malgré la hauteur du véhicule, l’accès est facilité par l’absence d’imposants bas de caisse et par l’assise invitante des sièges. Sièges dont le soutien latéral est, par contre, un peu décevant compte tenu de l’environnement luxueux dont ils font partie. L’habitacle du Pilot contraste avec l’extérieur en proposant des matériaux riches, un design harmonieux et un style innovateur. Les cadrans au tableau de bord affichent les indications clairement alors que la large console centrale abrite l’écran du système de navigation, les commandes de la climatisation et celles de la radio. On doit constater que la finition y est soignée et excellente et que la visibilité est incroyable, les piliers du toit étant très discrets. C’est cependant à l’usage qu’on remarque quelques irritants. Tout d’abord, le levier de vitesse logé sur la colonne de direction nous fait immanquablement actionner les essuie-glace chaque fois qu’on l’utilise.

De plus, l’absence de résistance entre les rapports nous fait souvent « rater » notre choix. Sans oublier la troisième rangée de sièges, sympathique mais plutôt symbolique, qui ne pourra accueillir que de jeunes enfants. Ceux-là mêmes qui ne voudront pas s’y asseoir étant donné la l’étroitesse de l’endroit. Et que dire de la reconnaissance vocale du système de navigation ! Quel beau gadget à première vue pratique, mais combien complexe et inefficace ! Ce système permet de choisir ou d’activer certains éléments par la simple commande de notre voix. Évidemment, je me suis attardé à lire l’impressionnant manuel d’instructions afin de bien comprendre ledit système. Puis suite à ma commande « d’augmenter le volume de la radio », le dégivreur arrière s’est mis en marche ! Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres, mais qui me laisse un peu perplexe sur l’efficacité d’un tel système...

Le Pilot fait partie du paysage automobile depuis maintenant plus de 5 ans. Bien qu’il fut et est encore un véhicule très fiable, sécuritaire, efficace et performant, son look l’aura sûrement privé d’une fulgurante carrière dans l’industrie. Avec un prix de base sous les 40 000 $, il représente en effet un excellent rapport qualité/prix. D’autant plus que la réputation de fiabilité chez Honda n’est plus à refaire et compte pour beaucoup dans les ventes du constructeur nippon. Vivement une soutane plus moulante !

feu vert

Excellente fiabilité
Visibilité parfaite
Bonnes performances du moteur
Solidité assurée
Espace intérieur énorme

feu rouge

Sièges décevants
Transmission quelquefois hésitante
Direction imprécise
Troisième rangée de sièges symbolique
Consommation élevée

Partager sur Facebook

À lire aussi

Et encore plus

En collaboration avec nos partenaires