Festival Aston Martin à ICAR - Des bêtes de race étonnantes
MIRABEL, Québec - Pour des centaines de millions d’humains, Aston Martin c’est la voiture-fétiche de l’agent secret le mieux connu de la planète. Son nom? Bond, James Bond, évidemment. De la DB5 pleine de gadgets qu’il étrennait il y a un demi-siècle à la magnifique DB10 qu'il conduira bientôt dans le film Spectre, son nom est indissociable de cette marque britannique plus que centenaire. Et vice-versa. Même si l’agent Bond a conduit plein d’autres bolides.
Pour moi, Aston Martin c’est la DB5 dorée de Goldfinger à l’échelle 1:43, avec une carrosserie en métal, des portières qui s’ouvrent, des moyeux qui s’allongent pour trancher les pneus des méchants et un écran antibazooka qui se soulève à l’arrière. Elle n’avait peut-être pas les gicleurs d’huile pour faire déraper les poursuivants mais c’était quand même un de mes jouets les plus précieux.
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Aston Martin c’est également une victoire aux 24 Heures du Mans – une seule – décrochée en 1959 par une DB1R devant une meute de Ferrari 250 GT. Elle était pilotée par le Britannique Roy Salvadori et un Texan nommé Carroll Shelby qui courait avec une pilule de nitroglycérine sous la langue au cas où son mauvais cœur flancherait en piste. Le cœur de la DB1R et des deux pilotes ont tenu et Shelby est devenu la légende que l’on sait.
Il était grand temps
Mais pour être franc, Aston Martin c’était surtout pour moi la marque dont je n’avais jamais conduit une seule des voitures en trente-trois années de carrière comme journaliste automobile. Jusqu’à la semaine dernière où j’en ai finalement essayé cinq le même jour, à fond la caisse, au circuit ICAR. Une mission que j’avais acceptée instantanément, vous pensez bien!
Quels que soient le programme ou la météo ce jour-là, j’allais enfin découvrir ce que l’on ressent dans une Aston Martin, les mains sur le volant et les pieds sur les pédales. Parce que mes yeux ont décidé, il y a plusieurs années déjà, que certaines des plus belles voitures de cette planète portent l’écusson ailé de ce constructeur britannique.
Agents spéciaux
C’est d’ailleurs une sorte d’équipe volante qui nous accueillait ce matin-là à ICAR. Un groupe d’instructeurs chevronnés, la plupart coureurs ou ex-coureurs automobiles, qui sillonnent le monde avec un escadron d’Aston Martin pour les faire découvrir à des acheteurs potentiels. Et parfois une poignée ou deux de journalistes.
Après les conseils et consignes d’usage, j’enfile mon casque et c’est le temps d’entrer en piste, sans autre préambule. Cinq Aston Martin sont alignées sagement sur le ciment pâle aux abords du circuit. La plus imposante est forcément la Rapide S avec sa grande calandre, ses quatre portières, sa ligne de toit profilée et son V12 de 6,0 litres et 552 chevaux.
La Vanquish Coupé est toujours la plus belle, à mes yeux, avec cette robe argente. La plus chère et la plus puissante aussi avec un prix de base de 304 805 $ pour le coupé et les 568 chevaux que produit sa version du même V12. La Vanquish Volante décapotable bourgogne (prix de base 325 652 $, précisément) a dû être retirée à cause d’un capteur défectueux en rupture de stock. Dommage. Elle est là seulement pour les photos.
À leurs côtés, trois versions de la Vantage qui affichent les mêmes dimensions. Les Coupé et Roadster Vantage S partagent un V12 de 565 chevaux alors que la Vantage V8 GT Roadster, exclusive au marché nord-américain, cache un V8 de 4,7 litres et 430 chevaux sous son capot. Elle pèse également 55 kilos de moins.
Surprise instantanée
Le programme est réglé au quart de tour. On me pointe vers la Vantage S Roadster blanche qui ressort du lot avec sa cabine et ses sièges enveloppés d’un cuir rouge magnifique. L’instructeur m’accueille avec une politesse toute britannique et prend le volant pour me faire découvrir les cônes placés à l’entrée des virages et à la sortie des plus rapides sur le tracé long de 3,2 km au circuit ICAR.
Andy (je crois) m’explique ensuite certains contrôles assez particuliers de cette Vantage S. J’ai déjà remarqué les réglages des sièges installés sur les flancs de la console centrale, bizarrement. On s’y habitue vite, même si ce n’est pas idéal. Le siège est bien sculpté, le volant superbe, la position de conduite et le pédalier impeccables. Andy s’applique surtout à me décrire le fonctionnement de la boîte de vitesse mécanique italienne Graziano Oerlikon à 7 rapports et simple embrayage automatisé des Vantage S V12.
Quand j’ai enfin le feu vert, j’enfonce la manette droite, le chiffre 1 remplace la lettre N sur le tableau de bord et c’est parti. Même sans accélérer à fond, je suis instantanément époustouflé par le son et le couple extraordinaires du V12. Le hurlement grave et la poussée dans le dos ne font que s’améliorer à mesure que l’accélération, la vitesse et le niveau de confiance de l’instructeur augmentent.
Je m’attendais à des voitures un peu balourdes et ce n’est pas ça du tout. La Vantage S est solide et stable. Elle se moque des ondulations et des saillies sur le béton du circuit. Le train avant va chercher le point de corde sans la moindre hésitation. La direction est linéaire et précise, avec de bonnes sensations dans le volant gainé de cuir. Les changements de rapports sont nets en accélération et très raisonnablement rapides en rétrogradant avec la manette gauche.
Chacune brillante à sa manière
Andy m’affirme que les Vantage S sont les plus sportives de la famille mais je ne suis déçu par aucune de ces cinq Aston Martin. Impressionné plutôt par chacune. Parce qu’elles sont toutes construites autour d’un châssis fait d’extrusions d’aluminium collées, que leur moteur est installé le plus loin possible vers l’arrière et que leur boîte de vitesse est carrément greffée à l’essieu arrière. Parce que leur tarage de suspension est juste (tarage : donner une position déterminée à un élément réglable) et leur freinage impeccablement adapté, avec de grands disques qui mesurent 398 mm de diamètre à l’avant et 360 mm à l’arrière pour les Aston à moteur V12 et des plateaux en carbone-céramique pour les plus sportives : Vanquish et Vantage.
Cinq Aston Martin toutes équilibrées et toutes à l’aise sur un circuit. Bien sûr que la Rapide S prend le plus de roulis en virage avec ses 5 mètres de longueur et ses deux tonnes métriques. Bien sûr aussi que la Vanquish est un poil plus souple que les Vantage S dans les grosses transitions. Mais quel son fabuleux, quelle majesté en piste pour cette reine de beauté! Et la Vantage V8 GT est tout à fait sympathique avec sa trame sonore aux accents américains et une boîte manuelle très correcte, malgré un levier perché haut sur cette large console.
Ne me demandez pas si la chaîne audio de ces cinq anglaises au sang chaud est performante ou si leurs clignotants fonctionnent bien. Ce sera pour une prochaine fois, peut-être. Je sais seulement que j’ai enfin conduit des Aston Martin, à fond, sur un circuit en plus! C’est une grâce et un plaisir que je vous souhaite.
Les voitures mises à l'essai au circuit ICAR :
- Aston Martin Rapide S
- Aston Martin Vantage V8 GT Roadster
- Aston Martin Vantage S V12 Coupé
- Aston Martin Vantage S V12 Roadster
- Aston Martin Vanquish Coupé