Subaru BRZ et WRX 2016 - Lâchées lousses sur des routes fantastiques
KASLO, Colombie-Britannique – Sans doute à cause de sa taille modeste dans une industrie peuplée de géants, Subaru ne fait jamais les choses comme les autres. Ses représentants canadiens organisent presque toujours leurs présentations et activités sans tenir compte de ce que font leurs confrères américains. Ce qui est rarement le cas chez la concurrence. Ses programmes sont d’ailleurs, souvent, plus pertinents.
C’était pas mal mieux de conduire la nouvelle Legacy après avoir visité l’usine où elle est fabriquée depuis 25 ans que d’aller s’épivarder dans un autre hôtel chic après une autre balade sur la trop classique Pacific Coast Highway en Californie.
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On s’amuse, en plus. L’hiver dernier, après avoir conduit les trois utilitaires de la marque sur des routes glacées et une piste couverte de neige derrière Montebello, j’ai joué de la cuillère avec le groupe «trad » La Tuque Bleue et ma première partie de curling à vie, juste après. Avec d’autres scribes et toute la bande de Subaru. Patron inclus. Un fun noir, je vous dis.
Ces gens-là aiment vraiment les voitures, la conduite, la performance. Comme vous. Comme nous. Comme moi. Ce qui ne gâche rien.
Nouvelle conquête de l’Ouest
À preuve : la WRX ne change pas beaucoup en 2016 pour sa deuxième année dans sa forme actuelle et le coupé BRZ encore moins pour sa quatrième tournée annuelle. Nos « subaristes » ont néanmoins décidé d’inviter une poignée de journalistes à les conduire en Colombie-Britannique, sur un écheveau de routes qui sillonnent les contreforts des Rocheuses. Les voitures allaient arriver du Japon par bateau, juste avant.
Subaru choisit les journalistes parmi ceux qui aiment vraiment, mais vraiment, conduire. Ma dépendance est connue. Je suis une victime toute désignée. L’invitation arrive aux premiers jours d’avril. Le départ est pour la mi-juin, en pleine période de production pour le 50e Guide de l’auto. J’accepte quand même. Où avais-je la tête, en effet?
Une fois tous arrivés là-bas, rassemblement au bureau régional de Subaru à Richmond. Entre deux wraps santé, on nous sert une courte présentation pour souligner que Subaru a vendu plus de 42 000 véhicules au pays l’an dernier. C’est 13,9 % de plus que l’année record précédente, deux fois plus qu’en 2008 et dix fois plus qu’il y a vingt ans. On peut dire que les choses vont assez bien. Y compris pour les sportives de la famille dont la part de marché est de 12,9 % contre 2,3 % pour la gamme entière.
Après les palabres, nous partons tous fourrer sacs et valises dans les quatre voitures qui sont alignées à l’extérieur. Trois pour les journalistes à chaque étape et la quatrième pour Joe Felstein, qui vient de passer des relations publiques au marketing chez Subaru Canada, comme directeur, et Anton Pawczuk qui est le directeur de la « planification des produits » et de la formation. Ces deux-là connaissent leurs voitures, et quand je vous disais qu’ils aiment conduire .
Quatuor pas trop infernal
Il y a deux coupés BRZ avec le groupe Sport-Tech et la boîte manuelle, une WRX avec la boîte manuelle et une deuxième avec la transmission à variation continue (TVC) optionnelle. Deux autres WRX sont pour Jud Buchanan et Marc Guimont du groupe VDG, qui ont tout organisé. Et c’est tout. Pas de véhicule de soutien. Pas d’armée d’assistants. La brigade légère dans toute sa splendeur.
Chacune des voitures est équipée d’un appareil de navigation Garmin spécialement programmé qui contient l’itinéraire détaillé de tous les trajets. Nous allons parcourir 1 204 kilomètres en tout pour nos deux demi-journées et une journée entière de conduite, selon Jud Buchanan. Sans compter les détours, demi-tours et autres manœuvres pour prendre des photos ou pour l’inévitable virage dans la mauvaise direction.
Première étape dans un coupé BRZ à boîte manuelle. Je fais équipe avec Jim Kenzie du Toronto Star, comme des dizaines de fois depuis des dizaines d’années. Il tient le volant pour la traversée de Vancouver. Je remarque la finition plus relevée du tableau de bord, de la console, du volant, des commandes et des contreportes. Moins austère. Tant mieux. Difficile à dire pour le « rouge pur » de la carrosserie qui remplace le « rouge flamme » sur notre BRZ. Ce sont les seuls changements cette année.
Je prends le relais à Squamish, direction Pemberton au nord de Whistler. Même à un rythme pépère, sur une route 99 achalandée, la BRZ n’est jamais ennuyeuse. Sa direction sensible raconte chaque centimètre d’asphalte à vos deux mains, avec une suspension fine, jamais raide, pour l’appuyer. Sanglé dans un siège bien sculpté, juste assez ferme, avec un levier de vitesses court et précis pour faire le reste, c’est un plaisir tranquille.
Un morceau grisant de Targa version Rocheuses
La cadence monte d’un cran ou deux le matin suivant, dans la même BRZ rouge. D’abord sur Duffey Lake Road, une route fétiche pour les amateurs de conduite britanno-colombiens, sur deux ou quatre roues. Par une très heureuse coïncidence, je démarre du point prévu pour un changement de conducteur derrière Jud Buchanan, le maestro du programme, dans sa WRX.
Je connais Jud depuis des lunes et encore mieux depuis mes trois participations au rallye Targa à Terre-Neuve. Jud et moi avons partagé à deux reprises, avec nos copilotes et une troisième équipe, le trophée Churchill qui va aux trois meilleures équipes du même pays.
Mieux encore, Jud Buchanan est le seul qui ait décroché un Platinum Plate pour avoir complété sept Targa consécutifs en respectant, sans faillir une seule fois, les temps Trophy qui sont plus exigeants. On parle ici de près de 300 spéciales chronométrées. Un exploit qui ne sera sans doute jamais égalé.
Donc, Jud me connaît bien et je connais Jud. Sur une section de route diablement sinueuse, ondulée et rapide, il hausse sérieusement le rythme et je fais ce que je peux pour le suivre comme une ombre. Il faut vraiment pousser chacun des rapports de la BRZ pour tirer le meilleur de son quatre cylindres atmosphérique de 2,0 litres qui livre son couple maxi à 151 lb-pi à 6 400 tr/min et ses 200 chevaux à 6 400 tr/min. Surtout si l’on veut rester dans le sillage d’une WRX dont le 2,0 litres turbocompressé crache 268 chevaux mais surtout 258 lb-pi de couple à seulement 2 000 tr/min.
Avec le coupé BRZ il faut toujours la jouer en finesse et en agilité pour préserver l’élan. Parce que l’on n’a pas la puissance pour compenser le moindre excès ou décrochage. Jud nous prend quelques longueurs sur les sections droites mais la BRZ se rapproche au freinage et en virage. La WRX, c’est la stabilité, l’efficacité et la motricité sans faille. Tiercé magique pour une sportive que l’on veut conduire à longueur d’année dans ce pays, sans se soucier de la route ou de la surface.
Un peu de terre avec votre asphalte?
J’aurais franchement fait le voyage seulement pour ce bout de conduite avec Jud Buchanan mais le reste du trajet n’était pas piqué des vers. Loin de là. Tous ont aimé les deux sections de route de terre que Jud et Marc ont eu la bonne idée d’intégrer au parcours. Elles sont partagées de manière rigoureusement égale entre les équipiers. La BRZ exige encore plus de douceur et de doigté, en bonne propulsion sur ces surfaces très glissantes. Avec l’antidérapage en mode Sport, l’exercice est amusant.
Avec la WRX à boîte TVC, on parle de grand plaisir. La petite berline au profil carré est dans son élément. Son antidérapage entièrement désactivé, on amorce la dérive en braquant le volant et on la maintient à volonté en jouant de l’accélérateur. C’est la joie, virage après virage. Et lorsque l’on revient sur asphalte, je retrouve une direction et un train avant superbement linéaires et précis.
À l’instar de la BRZ, la WRX enfile les virages comme un bon chien pisteur, le museau au sol, sans dévier d’un centimètre. Elle est simplement un peu plus lourde et prend plus de roulis en virage. Le plaisir de conduire les deux est très différent et tout aussi attrayant. Leur personnalité et leur mission sont pratiquement opposées et pourtant complémentaires au sein de la même famille.
Pour la variété du parcours, le choix des routes, le temps de conduite et la sélection des étapes (vive l’hôtel Kaslo sur le Lac Kootenay) et cette approche inusitée d’une logistique ultralégère, Jud et compagnie méritent amplement leurs cinq étoiles.
Pour ses deux sportives solides, agiles, sûres, abordables et sans prétention, j’accorde quatre étoiles et demie à Subaru. La WRX aura son autre demi-étoile quand on lui taillera enfin la silhouette sexy qu’elle mérite.
La BRZ aura la sienne quand on lui offrira une version plus costaude de son moteur atmosphérique. Mettons un 2,2 litres avec une trentaine de chevaux et de livres-pied de couple en plus. Avec une suspension, des freins et des pneus retouchés en conséquence.
Ce jour-là, je retournerai volontiers sur Duffey Lake Road, et la route 31A vers Kaslo, et la 6 et la 97. Pour voir ce que ça donne. Cette fois-là, ce serait bien d’avoir la WRX STI pour comparer, avec son 2,5 litres plus musclé, sa direction plus vive, ses freins plus grands et la magnifique tringlerie de sa boîte manuelle. Je m’y vois déjà.