Rallye Gumball 3000 – Jour 4 : d’Amsterdam à Reno
Le problème quand on organise un rallye qui commence à Stockholm, en Suède, et qui se termine à Las Vegas, au Nevada, c’est qu’il y a un océan au milieu du parcours... Pour résoudre le problème en question, les organisateurs ont nolisé deux avions qui transporteront non seulement les pilotes, les représentants des médias et les équipes de soutien de l’autre côté de l’Atlantique, mais aussi la flotte de voitures et de camions que nous avons pilotés pendant la portion européenne de cette aventure.
Les chiffres ne mentent pas et les statistiques relatives à notre transport aérien permettent de dissiper un des nombreux mythes qui entourent le Gumball : le nombre d’équipes qui participent en réalité au rallye. On annonce que 120 véhicules font partie de l’événement, mais j’en ai dénombré une soixantaine à la grille de départ du premier jour à Stockholm, et il y en a 41 qui monteront à bord des 747 (appelés au dernier moment à remplacer les Antonov). Ces 41 véhicules seront complétés par une vingtaine d’équipes additionnelles qui se joindront à nous pour la portion américaine du rallye. Il y a également plusieurs équipes qui ont décidé de laisser leur véhicule original en Europe et de louer une auto aux États-Unis ou d’embarquer dans un autre véhicule qui les attendra dès l’atterrissage. C’est le cas de Michael, et son approche représente bien l’esprit du Gumball : il a abandonné sa Bentley à l’aéroport d’Amsterdam et il sautera dans une Delorean en arrivant à Reno.
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Prêts à s’envoler
Il faut se lever au petit matin pour prendre l’avion qui nous attend à l’aéroport de Schiphol. Lorsque je sors de l’ascenseur de l’hôtel, je découvre que toute l’équipe d’Asiandate.com et Anastasiadate.com m’attend dans le hall, habillée de combinaisons-pantalons – des jumpsuits – vertes armée de l’air, et décorées de logos Gumball. Il y en a une pour moi aussi. À ce moment-là, je ne doute pas que je m’apprête à passer plus qu’une journée complète dans un vêtement une pièce, une première depuis ma petite enfance.
Tous les Gumballers ont eu droit à leur combinaison. Alors, imaginez 200 personnes en jumpsuit qui font la queue aux douanes à Amsterdam – une expérience intéressante... Chose certaine, nous attirons beaucoup de regards intrigués. Il est aussi révélateur de voir les postures affaissées et les yeux fatigués qui trahissent l’impact sur le groupe de près de quatre jours de party ininterrompu. Notre mécanicien Steve, par contre, a l’air en pleine forme même s’il a travaillé jusqu’à cinq heures du matin à préparer nos deux Camaro en fonction du transport vers les États-Unis. Une des deux machines, la rouge, a terminé son périple avec un moteur qui baignait dans une soupe d’huile, de liquide de refroidissement et d’acier. En fait, Steve est emballé à l’idée d’aller à Reno et de s’attaquer à des routes qui lui sont plus familières.
Un globe terrestre pour notre agent de voyage, svp
Avant d’arriver au Nevada, nous devrons transiter par Portland. Mais il s’avère que la plus grosse petite ville d’Amérique emploie seulement trois douaniers, et ils seraient vite débordés par l’arrivée de notre équipe disparate de mécréants en jumpsuit. Nous ferons donc plutôt un vol de neuf heures et demie vers Portland en Oregon où nous serons accueillis par une équipe d’agents d’immigration nettement plus imposante. De plus, nous aurons le terminal au complet à notre disposition et nous n’attendrons que 45 minutes avant de reprendre l’avion, un 767, jusqu’à Reno. C’est la première fois, autant aux Pays-Bas qu’aux États-Unis, que les agents de sécurité doivent faire des fouilles par palpation sur des individus en combinaison-pantalon. Cela a donné lieu à un bon nombre de photos compromettantes, mais surtout très drôles, pour tous ceux qui attendaient en ligne.
En ce qui concerne le vol lui-même, disons qu’il y a eu de la nudité, un DJ improvisé qui a fait jouer de la musique dans le système audio de l’avion, et ma première (et sans doute nettement trop intense) bataille d’oreillers à 37 000 pieds d’altitude. L’alcool coulait à flots et au bout de six heures, la valse des regrets était sérieusement enclenchée. L’anecdote qui résume le mieux l’état de désolation résultant, c’est l’appel au calme entendu dans les haut-parleurs du Boeing après qu’un individu qui s’était endormi un peu trop tôt se soit réveillé en découvrant qu’il avait été rasé sous la taille pendant qu’il était inconscient.
On ne pourrait pas y aller en bus à la place?
À Reno, nous sommes accueillis à bras ouverts. Des représentants de la Ville, la police locale et une fanfare scolaire nous attendent sur la piste avec des drapeaux et des banderoles pour donner aux participants internationaux « un goût de l’Amérique authentique ». Nous prenons une pause pendant que le 747 qui transporte nos véhicules se pose juste devant nous. La chose peut sembler romantique, mais elle reflète en réalité le manque d’anticipation des organisateurs du Gumball pour la planification de cette portion du trajet à conduire.
Oui, vous avez bien lu : conduire. Dès que nous descendons comme des zombies en bas des escaliers de l’avion et que nous mettons le pied au sol dans le soleil trop brillant du Nevada, nous réalisons que nous devrons nous taper au moins trois heures de conduite avant de pouvoir reposer nos pauvres corps à San Francisco. Les Gumballers à demi éveillés se mélangent avec les nouveaux arrivants pendant que nous attendons qu’on décharge nos véhicules et qu’on prépare l’itinéraire des prochains jours. Sur le tarmac, juste à côté des McLaren P1 et Challenger Hellcat, il y a la Camaro 1969 Pro Touring d’Anthony, déjà décorée d’autocollants et prête à remplacer sa jumelle tombée au combat.
Nous devons attendre encore au moins deux heures avant de prendre la route, ce qui veut dire que nous décollons seulement vers 18 h, heure du Pacifique. Fatigués et bougons, les membres de l’équipe s’engouffrent dans une flotte de VUS Expedition qui prennent la route, un par un, vers la Californie. La chaussée est plutôt déserte pendant les premières heures et les seuls autres Gumballers que nous apercevons sont arrêtés au bord de la route, à côté d’une auto de police. Un peu plus loin, par contre, pendant que c’est moi qui suis au volant, nous rejoignons un de nos journalistes, Sam, dans une Lexus RC F Super Street. Nous le suivons jusqu’à l’orée de la ville, nous traversons le pont et le parc, épuisés et à moitié fonctionnels, jusqu’à l’entrée de l’hôtel. Il est 22 h. Je suis éveillé depuis plus de 25 heures.
Il ne fait pas de doute dans mon esprit que les quatre heures de route qui séparaient Reno de San Francisco constituaient la période de conduite la plus dangereuse de tout le rallye jusqu’ici. Absolument tous les membres de l’équipe étaient épuisés, ce qui, en combinaison avec les festivités intenses de certaines équipes dans l’avion, constituait une situation où personne n’aurait dû conduire, point final. C’était une décision idiote de la part des organisateurs de mettre à l’horaire une période de conduite immédiatement après un vol international de 14 heures où l’alcool coulait à flots.
Mais nous avons survécu. Et maintenant Los Angeles nous attend.
Statistiques Gumball : Jour 4
Nombre d’oreillers utilisés comme projectiles en survolant l’océan Atlantique : 85
Nombre de tentatives par un pilote Gumball qui voulait faire entrer un autre pilote dans le compartiment à bagages au-dessus des sièges : 1
Niveau d’irritabilité de l’équipe : 11/10
Nombre total de décès de voitures exotiques : 1 (Une des Viper de l’équipe Betsafe est restée bloquée en Allemagne à cause d’un problème d’embrayage – nous l’avons appris parce qu’elle manquait à l’appel à Schiphol hier)
Mesure du détecteur de comportement bizarre des célébrités : 6/10 (Dolph Lundgren et Tommy Lee dans la même chambre?)
Index de nudité allemand : 5/10 (pendant le vol), 6/10 (sécurité à l’aéroport)
Nouveau mot appris en russe : « Poyehali », qui signifie « Allons-y! ».
Ne manquez pas la suite du Gumball 300.
Consultez le compte-rendu de la journée précédente du Gumball 3000.