Rolls-Royce Phantom 2015: « Prenez le meilleur et améliorez-le »
Le titre de cet article représente la philosophie de Sir Henry Royce et Charles Rolls quand ils ont fondé Rolls-Royce en 1906. Encore aujourd’hui, la célèbre marque demeure fidèle à son credo. Reconnue depuis lors pour la très grande qualité de ses voitures, Rolls-Royce est même devenue le qualificatif suprême, comme dans : « La Rolls-Royce des frigidaires ». Les plus raffinés, ceux qui tutoient le luxe, peuvent même se permettre de l’appeler par son petit nom « J’ai vu une Rolls en fin de semaine ». Évidemment, bien peu peuvent se vanter du « J’ai conduit une Rolls en fin de semaine »! La rareté, c’est ce qui fait la beauté d’une Rolls-Royce.
Si j’étais méchante langue, je dirais que c’est bien la seule chose qui fait la beauté d’une Rolls-Royce… Certes, la Phantom est imposante, tel un barrage sur la rivière Manic, mieux, telle une pyramide dressée en l’honneur de son maître. Aussi aérodynamique qu’une boîte de chaussures (en peau de crocodile, les chaussures, cela va sans dire!) et dotée d’une grille avant qui transpire le pouvoir, cet hymne à l’ostentation pèse autant qu’un Ford Expedition, mais Rolls-Royce n’a pas cru bon dévoiler ses capacités de remorquage. Pourtant, avec son V12 de 6,7 litres, ce n’est assurément pas une petite remorque qui doit la déranger.
Prestance quasiment religieuse
L’extérieur impressionne? Attendez de vous asseoir dans un des sièges recouverts d’un cuir provenant sans doute d’une vache royale ou d’un bison élevé aux graines de lin du Sri Lanka. Le confort est apothéotique et l’habitacle est digne d’une cathédrale gothique autant au niveau de l’espace que du respect qui envahit ceux qui y pénètrent. Alors qu’on s’attendrait à un tableau de bord glorifiant le design et la technologie, on se retrouve devant une planche massive, recouverte de matériaux que seul Bill Gates peut se payer, qui manque cependant d’originalité. Faut croire qu’une Phantom, c’est fait pour les gens importants assis à l’arrière, pas pour le chauffeur. Pas un chauffeur comme dans « moé, chu un chauffeur de camion » non, un chauffeur avec des gants blancs, un habit foncé et qui écoute de la musique classique quand le patron est là. Et Slayer le reste du temps.
D’ailleurs, il doit s’ennuyer ce chauffeur. Le V12 a du couple à revendre et la transmission à huit rapports est d’une douceur émouvante. Les suspensions préservent le confort contre toute agression de nos routes mais accusent du roulis en virage. Et puis la direction est d’une légèreté angélique. La même légèreté dans une Toyota Avalon aurait été qualifiée de déconcertante mais on ne dit pas ça d’un demi-million de dollar sur roues. On a beau appartenir à des Allemands, la noblesse anglaise a conservé ses droits. Oh, vous saviez sûrement que Rolls-Royce appartient à BMW.
Si une Phantom ne fait pas votre bonheur puisque le peuple ne peut pas vous voir quand vous vous déplacez, il y a la Drophead Coupé. Cette version décapotable porte un nom bizarre pour nous, mais qui sied parfaitement aux cabriolets ou décapotables anglaises qui ont depuis longtemps adopté ce terme. Bref, cette Phantom possède un toit en toile (pas n’importe quelle toile. Notre stade olympique en est jaloux...) qui se rétracte dans le coffre sous un couvercle souvent recouvert de bois, sinon d’aluminium. Les places arrière sont, curieusement, pas très logeables mais qu’est-ce qu’on s’en fout!
On est quand même loin d’une Lamborghini…
Pour les gens qui aiment conduire leur villa mobile, il y a la Phantom Coupé. Tout aussi imposante et luxueuse que la version berline ou décapotable, cette Coupé est la sportive de la famille. Ses suspensions, sans être le moindrement dures sont un peu plus fermes et la direction, surprise!, est moins angélique que dans les deux autres modèles. La motorisation toutefois demeure la même mais elle suffit amplement.
Acheter une Rolls-Royce, c’est afficher, non, c’est crier haut et fort son pouvoir financier. Personnaliser sa voiture devient alors plus qu’une fantaisie de millionnaire. C’est pour cette raison que la maison de Goodwood en Angleterre a prévu la collection Bespoke qui offre des voitures faites sur mesure pour répondre aux désirs les plus extravagants ou les plus cossus. Des coupes de champagne à 5 000 $ chacune? Une couleur de carrosserie spéciale? Une couleur de cuir particulière? Une essence de bois qu’on retrouve juste sur Uranus? Une mascotte de radiateur « Spirit of Exctasy » en or massif? De la classe ou du bling-bling? Payez, vous recevrez, c'est aussi simple que ça!