Chevrolet Camaro 2015: Quand une Camaro tutoie une 911 Turbo...
Au circuit privé de Monticello, New York
La Camaro est parfois l’objet de moqueries, mais avec la Z/28, Chevrolet démontre qu’en y mettant de la volonté, beaucoup de haute technologie et un prix de vente à l’avenant (77 400 $), on peut parfois faire des miracles.
Au début, le retour des Camaro n’avait rien de très encourageant, et il n’était certainement pas de nature à inquiéter les GT-R et les 911 Turbo de ce monde. Le moteur de base, un V6 de 3,6 litres, produit 323 chevaux et émet une belle sonorité sportive, mais on est encore loin des supercars. L’arrivée de la SS a soulevé une bonne dose d’enthousiasme avec son V8 de 6,2 litres et ses 426 chevaux (400 avec la transmission automatique à six vitesses). Mais elle s’est avérée trop molle côté suspension et direction.
Le lancement de la ZL1 en 2012 nous a permis de croire que la Camaro n’avait pas dit son dernier mot. Son V8 suralimenté par compresseur crache un très solide 580 chevaux et son système de gestion de la traction est l’un des plus efficaces sur le marché pour contrôler la stabilité sans ruiner la sportivité. La tenue de route fondamentale de la ZL1 demeurait toutefois encore vague. Elle affichait le comportement typique des muscle cars américains, ce qui signifie notamment un trop long délai entre le moment où l'on tourne le volant et celui où l’auto commence à tourner... Mais la touche magique du système antipatinage sauvait la mise en ajoutant un élément de sophistication indéniable pour maîtriser la puissance brute du V8. Bref, un modèle impressionnant, mais rien pour laisser croire qu’une Camaro pourrait un jour se comparer à une 911 ou une Nissan GT-R.
Et pourtant, me voilà en piste au volant d’une voiture qui ressemble étrangement à une Camaro, mais qui se comporte plutôt comme une Porsche 911. En effet, la direction de la Z/28 a une délicatesse – c’est le mot le plus approprié – qui s’approche étonnamment de celle de la Porsche, une référence en ce domaine. Chose certaine, le train avant de la Z/28 a beaucoup plus de mordant que celui de la GT-R. Comment diable ont-ils pu réussir cela? C’est ce que je me demandais en abordant l'un des nombreux virages à rayon décroissant de la chic piste privée de Monticello, dans l’État de New York.
Premier élément de réponse, m’explique Mark Stielow de Chevrolet, le V8 de la ZL1 a été remplacé par le V8 à aspiration naturelle de 7,0 litres de la Z06. On y perd un peu en puissance (75 chevaux), mais cela permet de remplacer le lourd différentiel en fonte par un modèle Torsen plus léger à glissement limité. La réduction de poids se poursuit du côté des jantes plus petites (19 pouces) et des freins à disque en céramique et carbone. On a également éliminé le climatiseur. Au total, la Z/28 a perdu 137 kilos par rapport à la ZL1.
Côté pneumatiques, GM a opté pour des Pirelli PZero Trofeo R à cause de leur adhésion phénoménale (à 1,08 G, l’accélération latérale maximale annoncée s’approche de celle d’une Porsche 911). À l’avant, ils sont extrêmement larges (305/30R19 comme à l’arrière) pour combattre la tendance traditionnelle au sous-virage des Camaro. Et ça marche : l’équilibre entre l’adhérence à l’avant et à l’arrière est presque parfait. De plus, le roulis est bien maîtrisé grâce au système sophistiqué de suspension Multimatic DSSV. Avec ces énormes pneus, on pourrait s’attendre à une conduite digne d’un camion. Mais au contraire, le système de direction à assistance électrique ajustable permet d’obtenir une direction raffinée, communicative et rassurante.
Le V8 de la Z/28 monte en régime plus librement que son cousin suralimenté et il livre son couple de façon plus linéaire. Il est ironique de constater que cette voiture, habituellement réputée pour sa puissance brute avant toute chose, soit maintenant moins puissante que certaines des rivales auxquelles elle s’attaque. La Z/28 accélère de 0 à 100 km/h en 4,0 secondes. Excellent, certes, mais presque anémique en comparaison avec les temps de trois secondes ou moins de la Porsche Turbo S et de la GT-R.
Cela dit, les performances de la Z/28 sur un circuit sinueux sont carrément impressionnantes. GM affirme qu’elle met 2,5 secondes de moins que la ZL1 (pourtant plus puissante) pour boucler sa piste de Milford Road, et qu’elle est 5 secondes plus rapide que la Mustang Boss 302 Laguna Seca. Plus impressionnant encore, la Z/28 a fait le tour du célèbre circuit de Nurburgring en 7:37.47 sous la pluie! GM veut y retourner, convaincue de pouvoir atteindre le cap des 7:28.
C’est-à-dire le même temps qu’une McLaren MP4-12C. En Camaro.
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