Kia K900 2015: De biens grandes aspirations...
Le marché a de ces frivolités… Mercedes-Benz, BMW, Audi, Porsche – pour ne nommer que ceux-là – tentent par tous les moyens d’élargir leur clientèle en offrant des véhicules plus petits et plus abordables. De leur côté, Hyundai et Kia – pour ne nommer que ceux-là – tentent par tous les moyens d’élargir leur clientèle en offrant des véhicules plus gros et plus chers.
Prenons l’exemple de Hyundai qui, depuis l’année-modèle 2011, offre l'Equus, une berline haut de gamme qui essaie, sans grand succès jusqu’à maintenant, de ravir des ventes aux BMW Série 7 ou Mercedes-Benz Classe S. Hyundai et Kia appartenant à la même famille, pourquoi ne pas en faire profiter la cousine? C’est ainsi que Kia présente la K900.
D’abord vue au Salon de Los Angeles en novembre 2013 sous le nom K9 et appelée Quoris sur certains marchés, la K900 partage sa mécanique avec la Equus. Tandis que cette dernière roule avec un seul V8, la Kia a droit, en plus, à un V6. Et puis, au chapitre du style, les deux voitures diffèrent passablement malgré un empattement rigoureusement identique. Alors que la Hyundai joue la carte d’un conservatisme quasiment extrême, la Kia est nettement plus dynamique. En fait, elle ressemble à une grosse Cadenza qui, elle, ressemble à une grosse Optima. Heureusement que ses phares la démarquent!
Des tonnes d’équipements
Dès qu’on ouvre une portière, on est assailli par le luxe. Les cuirs ont de toute évidence été choisis avec soin, de même que les boiseries. Le tableau de bord est bien dessiné et les principes de base de l’ergonomie sont respectés. Il y a bien quelques peccadilles… comme l’écran central de 9,2 pouces qui n’est pas tactile. Trouver comment programmer les stations de radio sans passer par le manuel du propriétaire dépasse mon niveau de compétence (il n’est pas très élevé, j’en conviens) et l’écran de visualisation tête-haute (HUD) est plutôt sommaire. Cependant, le niveau d’équipement compense largement ces petits désagréments modernes. La version la moins nantie est quand même bien nantie en offrant des accessoires comme les sièges avant chauffants et rafraîchissants, un système audio Lexicon et, évidemment, tout ce qui est imaginable en termes de connexion multimédia et de systèmes de sécurité.
Les sièges avant sont d’un confort intarissable. Ceux à l’arrière méritent la même remarque mais, en plus, il y a suffisamment d’espace pour que les gens mesurant moins de 8 pieds s’y sentent confortables. La position de conduite se trouve facilement et le volant, qui me fait penser à Sid le paresseux de L’ère de glace avec ses yeux de chaque côté de la tête, se prend bien en main.
La Kia K900 de base arrive avec un V6 de 3,8 litres. Je n’ai pas pu conduire une K900 équipée de ce moteur, mais son essai dans une Hyundai Genesis prouve qu’il est amplement suffisant pour permettre des déplacements véloces et sécuritaires. Les 100 kilos de plus de la K900 pourraient toutefois avoir un certain effet à la baisse sur les accélérations et à la hausse sur la fréquence des arrêts à la pompe. Quant au V8 de 5,0 litres, il propulse la K900 à des vitesses très illégales en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire dans un doux grondement malheureusement trop étouffé par des kilos de matériel insonorisant. Dommage, il boit comme une éponge... Même en conduite plutôt pépère, il est difficile de descendre sous 13,0 l/100 km. La transmission à huit rapports, baptisée Sportmatic, n’a de sport que le nom... Elle passe ses rapports avec une douceur infinie et les rétrograde avec autant de délicatesse. Sauf que le V8 que nous avons essayé avait la détestable habitude de donner un coup aussi fort que surprenant chaque fois que la boite passait du 3e au 2e rapport, lors d’un arrêt. Une reprogrammation de l’ordinateur devrait régler ce problème.
Mode Sport?
La K900 est plutôt jolie, supraconfortable et très puissante et cela sera suffisant pour un certain type d’acheteurs qui se foutent d’avoir une direction déconnectée, des suspensions flasques au point d’égratigner les poignées des portières sur l’asphalte dans les courbes prises rapidement, des freins mous et un ABS trop sensible… Et n’allez pas croire que la sélection du mode Sport améliorera le comportement routier. En fait, hormis des jauges différentes au tableau de bord et une augmentation des révolutions du moteur, je n’ai pas vu grand changement.
En Amérique, au Canada à tout le moins, je serais fort surpris que la K900 se vende le moindrement, bien peu de gens étant prêts à dépenser plus de 60 000 $ pour une Kia, aussi fiable et confortable soit-elle. Cependant, ailleurs dans le monde, les perceptions sont très différentes et la K900, avec son équipement pléthorique, ses dimensions de BMW Série 7 au prix d’une Série 5 risque de connaitre le succès.