Toyota 4Runner 2015: L'origine des espèces
Les paléontologues estiment que la grande majorité des espèces animales vivent entre 1 et 10 millions d'années avant de s'éteindre ou d'avoir suffisamment évolué pour qu'on puisse parler de nouvelles espèces. En « année-automobile », l'équation se calcule différemment et on parle plutôt de décennie avant de voir une catégorie de véhicule disparaître ou être modifiée génétiquement. Si les berlines et les camionnettes perdurent, il n'en va pas de même pour les utilitaires sport qui se sont transformés, au cours des dernières années, en véhicules multisegments (ou crossovers).
Qu'on se le dise, les véhicules utilitaires sport « purs et durs » sont une espèce en voie de disparition. Déjà qu'il restait peu de survivants, cette transmutation a été scellée pour de bon lorsque le Nissan Pathfinder a troqué son châssis en échelle il y a deux ans – pour une plate-forme monocoque – afin de rejoindre les Jeep Grand Cherokee et Ford Explorer dans l'enclos des multisegments. Abandonné par ses semblables, le Toyota 4Runner est depuis confronté à lui-même et se retrouve un des derniers de sa race avec le Nissan Xterra. Lors de sa naissance il y a 30 ans, on se rappellera que le « 4x4 » de Toyota avait inauguré un nouveau genre aux côtés des Ford Bronco II, GMC Jimmy et Chevrolet Blazer. Si les rivaux de l'époque ont disparu, le 4Runner a évolué de génération en génération pour devenir l'une des références de sa catégorie. Pour cette raison, Toyota persiste et signe en prolongeant l'existence de son tout-terrain.
Fin seul ou presque de son espèce, le 4Runner pourrait tirer avantage de cette situation puisque les acheteurs devront nécessairement jeter leur dévolu sur lui s'ils veulent se procurer un véritable VUS avec son châssis autonome, son rouage à 4 roues motrices avec boîtier de transfert (gamme basse et haute), son différentiel central verrouillable, son régulateur de traction, sa commande d'assistance au démarrage en pente et sa garde au sol démesurée de 24,3 cm.
Pour des aptitudes hors route encore meilleures, la version Trail fait appel à des mécanismes supplémentaires comme un système de réglage à la volée du patinage des roues selon la surface (boue et sable, terrain rocailleux, bosses et grosses roches), un différentiel arrière à verrouillage électronique pour répartir la motricité de façon égale aux roues arrière, un système ABS évolué améliorant le freinage lors d'une décélération dans une courbe ou sur une pente glissante, et une commande de vitesse lente (entre 1,5 et 5 km/h) contrôlant le papillon des gaz du moteur et les freins en terrain accidenté.
La version TRD Pro… pas pour nous!
Aux États-Unis, Toyota offre une série d’accessoires destinés à rehausser les qualités en hors route de son 4Runner… comme si la version Trail n’était pas suffisante! Baptisée TRD Pro, cette version d'exception rend hommage aux courses Baja 500 et 1000 – des épreuves d'endurance de type rallye-raid, lesquelles ont lieu depuis 1967 en Californie.
L'attirail de la version TRD Pro comprend des amortisseurs Bilstein avec réservoir séparé, des ressorts de suspension plus robustes, une garde au sol accrue de 3,8 cm, des plaques supplémentaires de protection sous le moteur, des jantes et pare-chocs peints en noir, une calandre et des décalques distinctifs.
Souhaitons que ce 4x4 ultime vienne un jour faire son tour de notre côté de la frontière.
Un baroudeur pur et dur
Le V6 de 4,0 litres et la boîte automatique à 5 rapports ont fait leur preuve depuis longtemps. Fiable et robuste, cette mécanique sied bien au 4Runner qui s'avère un fidèle compagnon de voyage pour tracter une roulotte, un bateau, des VTT ou motoneiges grâce à sa capacité de remorquage de 2 268 kg (5 000 lb).
Pour faire des économies de carburant, son frère Highlander équipé du V6 de 3,5 litres représente un choix plus logique. Par contre, il est loin d’être aussi robuste et agile en conduite hors route. Si vous hésitez entre le 4Runner et son frère cadet FJ Cruiser, sachez que ce dernier n’est plus offert. De toute façon, il ne pouvait accueillir que cinq personnes comparativement à sept dans le 4Runner. Toutefois, cette troisième banquette sert essentiellement de dépannage puisqu'une fois dépliée l'espace de chargement rétrécit à 255 litres – soit à peine pour transporter des sacs d'épicerie placés en rang d'oignons.
Autant dans les bois que sur les autoroutes, la visibilité du 4Runner est gênée par l'étroitesse de la fenestration. La caméra de recul offerte en équipement de série n'est pas du luxe. Les suspensions sont confortables et lissent bien les imperfections de la chaussée. Dans les courbes, le sautillement du train arrière sur mauvais revêtement est une caractéristique de sa suspension rigide à ressorts hélicoïdaux. Cette dernière est cependant un mal nécessaire pour affronter les obstacles en terrain accidenté.
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