Chevrolet Corvette 2015: De la route à la piste ou le contraire?
Avant toute chose, il y a un point que l’on se doit de clarifier en traitant d’un produit General Motors. Alors que l’on ne cessait de vanter la renaissance du premier constructeur du monde depuis sa quasi-faillite en 2008, voilà qu’un chapelet de rappels est venu tout remettre en question. Or, cela ne doit en aucun cas diminuer les louanges, trophées ou autres accessits engrangés par GM ces dernières années puisque les modèles rappelés sont imputables, en grande partie du moins, à l’ancienne garde. Il serait donc injuste d’amoindrir la qualité de la plus récente Corvette Stingray, qui est de loin la meilleure voiture de cette lignée à voir le jour.
Et ce qui ne gâte rien, son prix, qui lui a toujours valu l’étiquette de la voiture offrant le meilleur rapport prix/performances sur le marché, risque de demeurer un argument encore plus substantiel en 2015 car il a été revu à la baisse de 8 000 $.
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Confrontation 911
Avec des performances analogues à celle d’une Porsche 911 S et une facture la moitié moins élevée, il est certain que la Corvette conserve l’avantage du prix, avec, en prime, une métamorphose complète. La voiture a évolué au point où il ne reste que deux anciennes petites pièces de ses milliers de composantes. Autre détail digne de mention : on ne peut plus parler dérisoirement de la « grosse Corvette » puisque son nouveau costume cintré lui donne les mêmes dimensions que la vénérée Porsche 911. La voiture a été allégée de 45 kg grâce à son châssis en aluminium et à des panneaux de caisse (capot et toit) en fibre de carbone. Et s’il n’y a que les chiffres qui vous impressionnent, sachez qu’elle peut tenir tête à la 911 aussi bien entre 0 et 100 km/h (3,8 secondes), qu’en distance de freinage et en virage avec 1,3 g d’accélération latérale. Et sur la route, le V8 de 6,2 litres de 460 chevaux à cylindrée variable devient un V4 de 3,1 litres qui ne nécessite que 12 chevaux à 90 km/h délivrant alors une consommation autour de 8 litres aux 100 km.
Épatante sur papier, elle l’est tout autant au volant avec des artifices aérodynamiques issus de la version qui s’est illustrée en course automobile. D’ailleurs, la nouvelle Corvette C7, avec l’option Z51, a tout ce qu’il faut pour avoir accès à un circuit de vitesse : des roues de 19 et 20 pouces, un échappement haussant la puissance de 5 chevaux, des disques de freins plus grands, un différentiel électronique, etc.
Avec un habitacle tapissé de cuir, de fibre de carbone et d’aluminium, l’ambiance à bord séduit, tout comme les sièges enveloppants et le volant de faible diamètre (360 mm). Le cockpit a été aménagé autour du pilote, une attention qui témoigne du souci accordé au moindre détail. Un petit espace de rangement se cache derrière la chaîne audio comme complément à l’immense vide-poche de l’accoudoir central. L’instrumentation numérique ou analogique ne saurait être plus complète. La Corvette respecte aussi sa clientèle âgée avec un accès très facile au poste de pilotage. Soulignons ici que le coupé est offert avec un panneau de toit amovible si l’on préfère cette option à la vraie décapotable également au programme. Toutefois, en le déposant dans l’espace réservé aux bagages, on ampute un coffre déjà pas très volumineux.
Un sentiment d’invincibilité
Mais, je brûle d’envie de prendre la route et même la piste. Je conduis la version Z51 à boîte automatique et je sélectionne le mode Sport au moyen d’une mollette sur la console qu’il suffit de tourner. Le moteur s’anime dans un bruit sourd typique d’un V8 de forte cylindrée. Selon l’ingénieur qui m’accompagne, il eut été possible de copier le son d’une Ferrari 458, mais il aurait fallu changer l’angle du vilebrequin, ce qui risquait de causer des vibrations. Les accélérations, que ce soit en ayant recours aux palettes sous le volant ou en laissant le kick down faire le travail, sont absolument phénoménales. On a l’impression d’être tout simplement invincible, sinon le roi de la route! Sur la piste, à 240 km/h, la Corvette ne bronche pas d’une miette malgré les ondulations qui pourraient affecter la tenue de cap. En virage, dès que le train arrière est en appui, il suffit d’enfoncer l’accélérateur pour que les pneus s’agrippent encore davantage au bitume.
Sur une route d’accès, les bosses ont confirmé la rigidité accrue du châssis. Il reste que le confort est un peu moins présent dans des conditions où la Corvette m’est apparue plus souple sans l’option Z51. En ville, on note un diamètre de braquage important qui gêne quelque peu la maniabilité.
Au final, force est d’admettre que la Corvette 2015 est une voiture à prendre au sérieux. Sa sportivité est telle qu’il suffit de tourner un bouton pour lui donner accès à une piste de course. Je connais peu de voitures capables d’une telle dualité. Et dire que la Z06, encore plus démente, s’en vient avec ses 625 chevaux et 635 livres-pied de couple minimum…