Tesla Model S 2015: L’idole des verts
Pour moi, écrire un texte sur la Tesla Model S présente un coefficient élevé de difficulté parce que la démarche équivaut à faire le panégyrique d’un de mes enfants en demeurant parfaitement objectif... Car, avouons-le tout de suite, je suis propriétaire de cette fabuleuse voiture électrique qui ne cesse de faire les manchettes depuis maintenant deux ans. La chose est de notoriété publique puisque je me suis prêté à de multiples manifestations sur les voitures vertes tout en proclamant ma satisfaction dans de nombreux médias.
Cela dit, essayons quand même de ne pas verser dans les louanges dithyrambiques et de séparer distinctement le pour du contre. J’ai pris livraison de ma Model S P85 bleue en août 2013 et la voiture accuse aujourd’hui environ 12 000 km, étant restée à l’abri de décembre à avril. Cela ne doit pas être considéré comme un désaveu de la voiture en conduite hivernale. Bien que l’autonomie souffre de la froidure et de l’utilisation du chauffage, la voiture n’est pas la savonnette que l’on pourrait imaginer malgré ses deux seules roues motrices postérieures. Une séance d’essai sur les terrains enneigés du complexe motorisé d’ICAR a prouvé que l’on pouvait envisager sans problème majeur de soumettre la Tesla aux méfaits de nos hivers. La traction intégrale n’en serait pas moins un atout non négligeable.
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J’ai déjà dit et écrit tout le bien que je pensais de cette voiture qui stupéfait non seulement par son autonomie maximale de 425 km, mais aussi par ses performances tout simplement époustouflantes. Ce sont d’ailleurs ses accélérations phénoménales et son comportement routier d’exception qui m’ont convaincu qu’une Tesla Model S me donnerait la même satisfaction qu’une Porsche 911 S tout en éclipsant la voiture allemande par ses reprises. Je ne connais aucune automobile de la production actuelle capable de doubler un traînard aussi vite que le Model S. C’est le couple instantané propre à la voiture électrique qui permet de telles envolées. La douceur et le silence font également partie de ce que l’on pourrait appeler l’expérience Tesla.
La question qui tue
Quand il s'agit de voiture électrique, la question qui tue porte sur l’autonomie, un sujet à controverse s’il en est un. Avec la Tesla, elle varie entre 370 et 425 km, selon que l’on se montre respectueux de la durée des batteries ou que l’on fait fi des recommandations du constructeur de procéder à une recharge complète qu’occasionnellement. Comme avec une voiture à moteur thermique, cette autonomie est étroitement liée à votre façon de conduire, à l’environnement (profil de la route) et à la température. Ainsi, il est facile de se laisser griser par les accélérations et d’enfiler tout ce qui se trouve devant vous, mais il faut s’attendre à voir l’afficheur d’autonomie vous priver du 1 pour 1 (1 kilomètre parcouru par 1 km d’autonomie affichée). La température extérieure reste toutefois l’ennemie numéro 1 de la voiture électrique avec une consommation qui grimpe de 30 % lorsque le froid vous oblige à utiliser le chauffage. C’est d’ailleurs dans de telles conditions que j’ai eu ma seule petite frayeur avec la Tesla.
Ayant quitté Ottawa par une température de moins 14 avec 330 km d’autonomie pour un trajet envisagé de 241 km, je me suis retrouvé à 30 km de ma destination avec un compteur affichant 37 km. Ce n’est qu’en acceptant de me geler les foufounes sans chauffage et de rouler à 80 km/h que je suis arrivé à bon port, non sans avoir vécu des moments d’appréhension. En passant, le climatiseur est beaucoup moins exigeant pour les 7 500 batteries de la Tesla. Ce qui n’empêche pas qu’il faille savoir bien planifier ses déplacements et ajuster sa façon de conduire pour rouler en voiture électrique. D’ailleurs, un voyage de 1 200 km effectué en compagnie de Sylvain Juteau, président de roulezélectrique.com, s’est déroulé sans la moindre angoisse parce que celui-ci avait choisi à l’avance les endroits où nous étions assurés de trouver une borne de recharge rapide, équivalent à une prise 220 volts. Oubliez les prises domestiques de 110 volts qui sont d’une lenteur désespérante au moment de faire le plein d’électricité.
Des dimensions démesurées
Il doit quand même y avoir des « feux rouges » avec cette Tesla, direz-vous. Personnellement, je lui reproche d’abord et avant tout ses dimensions démesurées qui la rendent difficile à garer, d’autant plus que ma propre auto ne possède pas les alertes sonores de proximité. L’équipement n’est pas non plus à la hauteur du prix de la voiture qui se prive des détecteurs de présence dans les voies adjacentes que l’on trouve dans des modèles coûtant la moitié moins cher. Ajoutons à cela le manque d’espace de rangement, le piètre rendement du téléphone de bord et l’on aura à peu près fait le tour de cette bagnole distinctive qui laisse entrevoir un avenir automobile brillant et emballant.