Ford Taurus 2015: La grande classe… à l’américaine
Autrefois dominante dans sa catégorie et souvent décrite comme la berline répondant le mieux aux besoins des acheteurs, la Taurus d’aujourd’hui ne profite plus des mêmes attributs. Elle a pris du poids avec l’âge, mais son format la place également dans une catégorie de moins en moins populaire au Canada alors que le marché tend davantage vers des véhicules plus compacts, frugaux en carburant et généralement tout aussi spacieux.
Dommage puisque la Taurus propose un ensemble extrêmement bien ficelé où chaque composante rivalise avantageusement avec ce qui se fait de mieux sur le marché, à commencer par son châssis qui cache des origines européennes. Pas surprenant qu’il soit si rigide et aussi bien équilibré lorsque l’on sait qu’il a été emprunté à Volvo.
Pure américaine
Outre les populaires VUS, ce sont les berlines pleine grandeur qui conservent la cote chez nos voisins du Sud, et la Taurus est probablement l’américaine la plus connue d’entre elles. Visuellement, la cuvée 2015 reprend un bon nombre d’éléments ayant caractérisé les voitures de l’époque, c’est-à-dire un gabarit imposant, une caisse haute, un empattement généreux et une carrure très angulaire. Ford ne lésine pas non plus sur les détails en proposant une calandre surdimensionnée et des jantes de 17 pouces sur le modèle de série, atteignant 20 pouces sur la version SHO!
À l’intérieur, le même constat s’applique avec un habitacle très généreux qui n’est jamais pris en défaut, même lorsque 5 adultes s'y installent. Assis à l’avant, on remarque immédiatement la vastitude de notre « bulle » et la distance qui nous sépare de notre passager serait bien suffisante pour qu’un troisième adulte y prenne place, si la banquette avant pleine longueur faisait un retour! La présentation des commandes ne tombe pas dans l’extravagance et la présence du système MyFord Touch permet de réduire au minimum la quantité de boutons sur le tableau de bord. Leur fonctionnement désoriente au début, mais on finit éventuellement par s’habituer à ces commandes à effleurements qui parsèment la console centrale. Les occupants arrière profitent d’un dégagement très généreux dans toutes les directions, ce qui est particulièrement apprécié lors des longs trajets. Pas surprenant de trouver des Taurus dans la flotte ministérielle!
Sur la route, notre plus récente Taurus d’essai, une SEL à traction, ne nous a pas déçus. Sa motorisation V6 est nettement adéquate pour un véhicule ne disposant pas de la traction intégrale. Évidemment, elle ne livre pas des performances époustouflantes mais puisqu’il s’agit d’un V6, on éprouve tout de même un léger frisson d’enthousiasme lorsque l’on accélère à fond. Durant ses années de gloire, la plus prolétaire des Taurus cachait un petit V6 alors que les livrées haut de gamme s’équipaient d’un gros V8. Aujourd’hui, la moins dispendieuse des Taurus profite d’un 4 cylindres, à notre avis bien suffisant pour déplacer la bagnole adéquatement sans trop de visites à la station d’essence. Le châssis rigide à souhait garantit un comportement routier sain tandis que les suspensions sont juste assez flexibles pour absorber les imperfections de la route.
SHO, pour les nostalgiques
Pour plusieurs, la Taurus s’est fait connaitre pour sa version SHO et son vigoureux moteur V8. Au fil du temps, et pour des raisons économiques et environnementales, Ford l’a troqué pour un V6 Ecoboost à double turbo développant assez de puissance pour envoyer la voiture en orbite. De plus, cette version à tout près de 50 000 $ hérite du rouage intégral Haldex provenant de la défunte union avec Volvo. Sur papier, la SHO impressionne, malheureusement sur la route, c’est autre chose... Équipée de la sorte, on se serait attendu à des performances époustouflantes, mais ce n’est pas ce qui se produit lorsque l’on pousse la voiture à ses limites. Son poids, déjà élevé, auquel il faut ajouter celui du rouage intégral la rend plus difficile à manœuvrer. En slalom, la voiture sous-vire et le roulis ne manque pas de se faire sentir, heureusement, l’efficace suspension et l’excellent châssis compensent. Malgré ces accros, la voiture reste une icône de puissance américaine avec son style d’enfer et la sonorité de sa motorisation. C’est d’ailleurs le même moteur qui équipe la nouvelle Mustang, pas si mal non?
La Taurus profitera d’une refonte majeure l’an prochain. Elle troquera son châssis actuel pour celui de la Fusion et devrait perdre de nombreux kilos dans l’exercice. Cette cure de minceur lui sera totalement bénéfique et permettra à la version SHO de livrer des performances plus que respectables. En attendant, la mouture 2015 conserve les caractéristiques de l’an dernier, soit une voiture sobre, confortable et américaine à souhait.