Lamborghini Huracán 2015: L'influence de Audi
Avec ses lignes anguleuses et son allure généralement excessive, la Countach est sans doute la plus connue des Lamborghini. Bien des jeunes en ont eu une affichée sur le mur de leur chambre, et il fut un temps où elle était pratiquement obligatoire dans tout film de chars qui se respecte. Même ceux qui ne pouvaient distinguer une Ferrari d’une Porsche pouvaient reconnaître la Countach!
Pour aller vite, ces Lamborghini légendaires comptaient essentiellement sur la puissance débridée de leur V12 et la largeur excessive de leurs pneus Pirelli. La toute nouvelle Huracán est radicalement différente à cet égard. J’irais jusqu’à dire qu’elle est presque sophistiquée. Oh, n’ayez crainte, elle a tout ce qu’il faut pour livrer avec entrain les 610 chevaux de son V10 de 5,2 litres. Mais, grâce à la main invisible du nouveau système de gestion électronique ANIMA (d’inspiration Audi) et aux quatre roues motrices, la bête est plus facile à contrôler.
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Cela dit, Audi est loin d’avoir émasculé la Lamborghini. En mode Corsa, la Huracán demeure redoutable. En essayant de suivre notre instructeur dans son Aventador, j’ai poussé au-delà de mon talent et j’ai réalisé une série de dérapages pas toujours contrôlés... Amusant, mais stressant. J’ai donc remis le système ANIMA en mode Sport. Et le taureau sauvage s’est transformé en cheval de course.
Quand on est rassuré par le système de stabilisation électronique, on peut se concentrer sur le plaisir numéro un du pilotage d’une Lamborghini : faire tourner le moteur à fond de train pour extraire chacun des 610 chevaux. Même si la firme explique qu’elle a opté pour un engin à longue course (92,8 mm) afin de favoriser le couple à bas régime, ce V10 a besoin de tourner vite pour que la Huracán se comporte en véritable supercar. La zone rouge débute à 8 500 tr/min.
Il est intéressant de voir comment cette courbe de puissance (centrée sur les hauts régimes) affecte les performances. La McLaren 650S, par exemple, produit un couple nettement plus élevé à bas régime et elle est environ une seconde plus rapide en accélération de 0 à 200 km/h. À priori, on serait donc porté à croire que la McLaren sera avantagée sur un circuit de course.
En réalité, c’est le contraire. Le V8 de 3,8 litres de la 650S est un peu plus difficile à moduler dans les virages à cause de la poussée de couple livrée par ses turbocompresseurs. La Huracán, avec son V10 à aspiration naturelle, offre une réponse à l’accélération plus linéaire, ce qui est idéal lorsqu’on attaque les virages à la limite de l’adhérence des pneus.
Sur les routes publiques, le couple généreux de la McLaren à moyens régimes permet de faire des dépassements rapides sans rétrograder. La Huracán est loin d’être déficiente à ce chapitre (413 lb-pi à 6500 tr/min), mais sa puissance plus haut perchée oblige à rétrograder plus souvent (ce qui ne pose toutefois aucun problème avec la nouvelle boîte à double embrayage). Bref, les moteurs turbo se révèlent plus pratiques en usage routier, tandis que les moteurs à aspiration normale, même s’ils sont moins puissants, brillent en circuit.
Par ailleurs, même si le châssis en fibre de carbone et aluminium incroyablement rigide de la Lambo est relié à une nouvelle suspension magnétorhéologique réglable, son roulement n’a pas la souplesse de celui d’une McLaren, par exemple. Par contre, les disques en céramique et carbone de la Lamborghini offrent plus de mordant initial que ses concurrentes, une qualité qu’on apprécie en conduite de tous les jours.
Là où l’influence de Audi se fait le plus clairement sentir, c’est dans l’habitacle. Certains le trouveront sans doute un peu trop allemand avec son système d’infodivertissement très semblable au MMI de Audi et son écran TFT de 12,3 pouces directement importé de la nouvelle TT, mais il faut reconnaître que l’exécution est très réussie. Combiné avec le bon goût typique de Lamborghini, notamment des sièges aux couleurs coordonnées avec l’extérieur et des cuirs d’une grande douceur, l’habitacle de la Huracán est peut-être le plus séduisant de tout le segment des supercar de prix intermédiaire.
Bien des amateurs de supervoitures rêvaient depuis longtemps de ce mariage entre la passion à l’italienne et la qualité allemande. Les anciennes Lamborghini étaient des machines extrêmement rapides avec des moteurs capricieux et des habitacles parfois un peu étranges. Les nouvelles sont un peu plus classiques, mais toujours extrêmement rapides.