Acura MDX 2015: Entre confort et anesthésie
Même si son dernier passage générationnel a un peu anesthésié sa conduite, on l'aimerait inconditionnellement, cet Acura MDX – s'il était plus « apprivoisable ». Ah, ces foutus pitons... Reste que cet utilitaire demeure l'un des plus confortables et des plus logeables de sa catégorie.
L'Acura MDX s'est refait une beauté l'an passé et sous cette 3e génération se cache une nouvelle plate-forme. On a dit « be-bye » à l'architecture des Honda Odyssey et Ridgeline, pour adopter une plate-forme exclusive (à ce jour) qui allonge l'empattement de 7 cm, gage d'une meilleure assise. Et question de faciliter les manœuvres d'insertion dans les garages résidentiels, la largeur a été réduite de 3 cm.
- À lire aussi: La mécanique du MDX: Le luxe sans se ruiner
- À lire aussi: Acura MDX Elite 2016 : entre ça et un X5 de base
L'utilitaire qui évolue sur notre marché depuis une décennie et demie peut toujours accueillir sept personnes en grand confort, du moins à l'avant et au centre. Besoin d'accommoder deux adultes à l'arrière? Un beau bravo pour le mécanisme qui fait s'avancer ou reculer la rangée médiane, afin de répartir l'espace aux jambes, au gré des envies. Une fois toutes les banquettes rabattues, on a droit à l'un des chargements les plus généreux de la catégorie.
Grand confort, mais conduite anesthésiée
Sur la route, avec le contrôle des amortisseurs (de série) en mode Confort, c'est la douceur d’un mouton bien frisé. Non seulement la suspension arrière mise sur le multibras, plus conventionnel que le bras oscillant de la génération précédente, mais son système « amortisseur dans l'amortisseur » absorbe grandes et petites crevasses de la chaussée. Sauf que l'on ne sent plus grand liaison avec la route. Le mode Sport en accorde plus, mais c'est alors un brin bondissant sur les cahots, ce qui cadre mal avec ce véhicule.
L'utilitaire est assuré en virage, merci à une garde au sol diminuée (de 22 mm, à 185 mm) et à sa traction intégrale SH-AWD qui distribue le couple de gauche à droite à l'essieu arrière. Ajoutez un dispositif de vectorisation, le Agile Handling Assist, qui fait intervenir le freinage aux roues intérieures, et voilà qu'on a ce qu'il faut pour prévenir, plutôt que juste guérir. Ceci dit, les freins manquent de mordant pour immobiliser cette masse de presque 2 000 kilos; La faute incombe à ce V6 de 3,5 litres (à injection directe) qui développe sa puissance de 290 chevaux de façon si souple et linéaire que l'on n'a pas l'impression de filer aussi vite.
Les palettes au volant sont de série? En temps normal, on vous dirait « bravo! », mais lors de notre semaine d'essai, il ne nous est pas venu l'idée de les manier – c'est vous dire que la boîte automatique (six rapports) fait du bon boulot. Non, il n'y a pas de septième ou huitième rapport, mais avant de crier au scandale, rappelez-vous que Honda/Acura a toujours su régler ses motorisations pour obtenir, dans la vraie vie (et pas que sur papier), parmi les plus frugales consommations. Sur l'autoroute 50, qui va par monts et par vaux entre Mirabel et Ottawa, nous avons enregistré 9,8L/100km, merci à la désactivation des cylindres, qui a enfin choisi de monter à bord du MDX.
Quand la logique prend le bord...
La journaliste automobile que je suis a pourtant l'habitude d'en découdre avec des commandes allemandes une semaine, américaines l'autre semaine, coréennes et japonaises ensuite... Je peux vous dire qui fait les meilleurs systèmes de navigation (Nissan), qui permet les connexions Bluetooth les plus aisées (Chrysler) et... que si un prix citron était accordé pour le tableau de bord le moins intuitif, c'est l'Acura MDX qui le remporterait.
La génération précédente souffrait d'une abondance de commandes peu instinctives (une cinquantaine bien comptée) et Acura a apparemment voulu simplifier la chose. Vrai qu'on a réduit les contrôles de moitié. Le hic, c'est qu'on a transmuté ça en un écran tactile qui demande une (sur)multiplication des manœuvres. Vous optez pour la navigation? Cet écran-là n'est pas tactile, lui; il se contrôle à partir d'une roulette installée... de façon inappropriée sous l'autre écran. Enfin, les indications à l'instrumentation ont la logique d'un labyrinthe.
Un dernier« reproche technologique », si vous le voulez bien. L'Acura MDX ne se démarque pas de la concurrence avec des gadgets avant-gardistes. Certes, il propose les principales aides à la conduite que l'on apprécie, comme l'alerte aux angles morts, aux collisions, aux écarts de voie et le régulateur de vitesse intelligent, mais quelques équipements brillent toujours par leur absence. Telle l'alerte à la circulation transversale, question de sécuriser les manœuvres de recul. Dommage.