Land Rover LR2 2015: Entre Saint-Jérôme et Kuujjuaq
Il y a deux ans, lorsque Land Rover a dévoilé le Range Rover Evoque, plusieurs, dont l’auteur de ces lignes, croyaient que c’en était fini du Land Rover LR2, le véhicule d’entrée de gamme du constructeur anglo-indien. Contre toute attente, le LR2 s’est bonifié!
Cette décision est sage. Land Rover est réputé depuis ses débuts en 1948 pour concevoir des véhicules capables de grimper l’Everest et s’est forgé une solide réputation basée, en grande partie, sur les traditions de la marque. Il aurait été facile de dérouter la clientèle. L’Evoque possède des lignes « urbaines » en contraste avec les angles carrés habituellement vus sur les produits Land Rover ou Range Rover. En continuant d’offrir son LR2, toujours baptisé Freelander 2 ailleurs dans le monde, en même temps que l’Evoque, Tata, le propriétaire indien de la marque anglaise, ne renie pas la tradition tout en proposant de la nouveauté. Pour être bien certains de ne pas effrayer leur clientèle, les designers n’ont à peu près pas revu la carrosserie du LR2.
- À lire aussi: Et elles sont parties...voici les disparues de 2015 !
- À lire aussi: Land Rover LR2, LR3 ou LR4 : quelle est la différence?
Plein les yeux et les oreilles
Par contre, ils ont complètement changé le tableau de bord, il en avait d'ailleurs bien besoin! La lecture des cadrans et l’utilisation des différentes commandes ne causent plus de problèmes. Les matériaux sont de belle facture et bien assemblés quoique certains plastiques semblent avoir été moins bien choisis. Les sièges font preuve d’un confort étonnant et quatre personnes prendront place à bord sans se frotter les coudes ni la tête sur le plafond, gracieuseté d’un habitacle fort vaste. Les gens assis à l’arrière ont même droit à une très bonne visibilité puisque les sièges sont relevés par rapport à ceux situés à l’avant. Vos oreilles ne vous remercieront jamais assez de les dorloter au son de la chaine audio Meridian et vos yeux, ainsi que le parechoc, n’auront jamais suffisamment de bons mots pour la visibilité arrière vraiment supérieure à celle de la majorité des VUS actuellement en production. Enfin, la forme haute du véhicule et très carrée à l’arrière tient peut-être davantage du réfrigérateur que d’un coupé sport, mais elle permet d’obtenir un coffre de très grandes dimensions, parmi les plus grandes de la catégorie.
Lors du remaniement de l’an dernier, le vénérable six cylindres en ligne de 3,2 litres a laissé sa place à un quatre cylindres de 2,0 litres turbocompressé (en fait, c’est le 2,0 litres Ecoboost de Ford) beaucoup plus moderne, plus puissant et un peu moins glouton. La seule transmission disponible est une automatique à six rapports. Même si, sur papier, sa consommation est très retenue, il en va autrement en usage quotidien et, pour peu que le conducteur abuse de la pédale droite, les passages à la pompe peuvent être douloureux. Ce quatre cylindres n’est pas aussi noble qu’un V6, ou mieux un V8, mais il autorise de bonnes performances bien qu’il soit bruyant en accélération et qu’il manque un peu de couple à bas régime. Le court délai du turbo explique en partie, selon moi, cette situation.
4x4 solide
Évidemment, le rouage intégral est infiniment mieux adapté aux excursions hors route que celui des Acura RDX, Audi Q5, BMW X3, Mercedes-Benz Classe GLK et autres Volvo XC60 de ce monde qui constituent le gros de sa compétition. Le rouage du LR2 provient de chez Haldex et il est lié au système Terrain Response. Ce système, grâce à un bouton, modifie plusieurs paramètres du véhicule (gestion du moteur, transmission, contrôle de la traction, freins ABS et contrôle de la stabilité latérale) pour tirer le maximum du rouage 4x4 selon le type de terrain : normal, herbe-gravelle-neige, boue et ornières et, enfin, sable. Même ainsi doté, le LR2 ne peut pas cependant suivre un Jeep Wrangler. Cette tâche appartient à son grand frère, le LR4 qui, lui, est probablement le seul au monde à pouvoir tutoyer le Rubicon et lui parler d’égal à égal. Tout ça pour dire que le LR2 en donne quand même bien plus que ce que le client demande en termes de conduite hors route. D’ailleurs, combien de gens exploiteront ne serait-ce qu’une seule fois tout son potentiel? Ironiquement, et tous les conseillers aux ventes vous le diront, ce n’est pas ce qu’on fait avec un véhicule qui est important, c’est ce qu’on PEUT faire avec…
Le Land Rover LR2 n’est pas un Range Rover malgré ses capacités en hors route et son niveau de luxe. Offert dans une gamme de prix allant de 40 000 $ jusqu’à 50 000 $, ce VUS n’est pas plus cher (ni moins cher, remarquez) que ses concurrents. Si l'on en voit aussi peu sur nos routes, c’est principalement à cause d’un réseau de concessionnaires des plus ténus et d’un manque de fiabilité d’une consternante régularité. À quoi bon avoir un rouage intégral pouvant vous amener à Kuujjuaq si un problème électrique ou électronique vous empêche de dépasser les limites de Saint-Jérôme?