Jacques Duval, toujours pionnier à 80 ans
Si le corps vieillit, l’esprit, lui, ne fléchit pas. En 1967, Jacques Duval publiait le tout premier Guide de l’auto. Il était alors pionnier dans un domaine qui n’existait à peu près pas au Québec : celui du journalisme automobile.
À 81 ans, près de 50 ans plus tard, M. Duval est toujours pionnier, mais cette fois-ci, c’est dans le domaine de la voiture électrique qu’il a décidé de tracer les sentiers.
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Les origines du Guide
Au début du XXe siècle, l’automobile est un objet réservé à l’élite. Ce n’est pas pour rien que les premières Ford Model T furent vendues à des médecins et des avocats.
Avec la démocratisation de l’automobile vers la classe moyenne dans les années 1920 et 1930, une nouvelle presse spécialisée vit le jour. Tranquillement, on pouvait lire ici et là des futuristes, passionnés de l’objet, qui se prononçaient sur certains modèles disponibles. Mais, à l’époque, il y a avait tellement de constructeurs qu’il était difficile de dresser un bon portrait de l’industrie. Si des compagnies comme Ford, Chevrolet et Dodge pouvaient être qualifiées d’importantes, que dire des Hupmobile, Alpana et Anderson?
Même si à force de difficultés économiques et de guerres mondiales le nombre de fabricants a grandement diminué, il a fallu attendre longtemps avant que la presse automobile moderne voie le jour.
En 1967, année de publication du premier Guide de l’auto, la presse automobile n’existait à peu près pas au Québec. Il y avait seulement une chronique épisodique dans La Presse.
À l’époque, M. Duval, journaliste et pilote automobile connu, fut amené de par son expertise à collaborer sur le sujet de l’automobile à quelques émissions de télévision, et même à avoir sa propre émission consacrée à l’automobile sur les ondes de Radio-Canada. Baptisée Prenez le volant, on y parlait de trucs pratiques pour aider les consommateurs à faire les bons choix, et de bonnes astuces pour l’entretien de son véhicule.
Comment en vient-on à lancer une publication annuelle dédiée à l’automobile?
Pour préparer son émission, M. Duval créait des fiches avec quelques notes sur l’essai de certains véhicules. Sa conjointe de l’époque lui a alors suggéré de publier ses notes! Le premier Guide se serait appelé Prenez le volant, si ce n’eût été d’Alain Stanké des Éditions de l’Homme (et grand ami de Jacques Duval), qui lui conseilla d’appeler son livre le Guide de l’auto. Le reste appartient à l’histoire.
50 ans plus tard, toujours à l’avant-garde.
Après avoir conduit des Mercedes-Benz, des BMW, des Bentley, vers quoi se tourne aujourd’hui Jacques Duval pour ses déplacements? Vers la Tesla Model S.
Il le dit, il possède la « meilleure voiture au monde ». Elle ne consomme pas d’essence, elle est « très performante » avec ses 691 chevaux, et c’est l’une des automobiles les plus sécuritaires du marché. C’est elle qui a amené M. Duval à réaliser tout le potentiel de la voiture électrique. S’il admet ne pas être autant emballé par une Nissan Leaf, par exemple, la voiture électrique demeure pour lui la seule solution d’avenir pour l’environnement de notre planète, et pour le transport individuel.
Quant à l’hydrogène, il n’est pas convaincu. Selon lui, « Les piles à l’hydrogène sont plus complexes, moins sécuritaires, et représentent moins de potentiel ». Qui plus est, il ajoute que « le potentiel des piles électriques ne cesse de s’améliorer ».
Il se fait donc aujourd’hui ambassadeur de la voiture électrique. Si M. Duval dit avoir été particulièrement marqué par les suspensions indépendantes et les freins à disque aux quatre roues, ces deux innovations, qui ont fait avancer l’automobile, ne se comparent pas à l’arrivée de voitures électriques réellement compétitives comme la Tesla Model S.
Il se dit bien conscient que le seul désavantage de la Model S, c’est qu’elle est dispendieuse, mais il est persuadé que d’ici 10 ans Tesla offrira une voiture pour « monsieur-madame Tout-le-monde ». En attendant, la Tesla 70D à traction intégrale est disponible en entrée de gamme.
En ce qui concerne l’avenir de l’automobile en tant que tel, il ne croit pas qu’un jour, les voitures pourront être livrées sans volant. Même si son propre véhicule se conduit à peu près tout seul sur l’autoroute, il n’est pas convaincu que les voitures seront 100 % autonomes. « Dans un environnement rempli de véhicules de constructeurs différents, ça va être difficile de faire un système infaillible », conclut-il.