Ford Expedition 2015 : Oui, mais pourquoi?
Points forts |
|
---|---|
Points faibles |
|
Dans un monde où l'économie d'essence prime au-dessus de bien des facteurs, les gros VUS pleine grandeur font figure d'anachronismes; en effet, à moins de devoir transporter 7 personnes à travers un sentier forestier boueux tout en remorquant un bateau de 4 000 kg sur une base régulière, vous n'avez pas besoin d'un de ces mastodontes.
Alors pourquoi en croise-t-on autant sur nos routes? Quelle raison peut bien pousser tant de gens à conduire ces géants de la route pour leurs déplacements quotidiens, engloutissant des centaines de dollars par mois dans les cylindres de leur gros moteur glouton?
- À lire aussi: 2015 Ford Expediton: L'avenir est EcoBoost
- À lire aussi: Le Ford Expedition 2015 passe à l'Ecoboost
Juste la "bonne" taille
C'est exactement le genre de questions qui me trottaient dans la tête lorsque j'ai aperçu le Ford Expedition dont j'allais avoir la garde durant une semaine (je me demandais également comment diable j'allais pouvoir prendre place dans un véhicule aussi haut. Les marchepieds déployés automatiquement à l'ouverture des portières ont répondu à cette interrogation quelques secondes plus tard). Tout dans ce camion conspire pour le faire paraître plus gros qu'il ne l'est — ironique, quand on sait que la version « courte » mesure 5, 20 mètres d'un pare-chocs à l'autre —, ses lignes sont coupées à angle droit, ses larges vitres latérales sont parfaitement droites et les énormes roues de 22 pouces qui équipaient mon modèle d'essai ont achevé de me convaincre que les stylistes se sont probablement inspirés d'un mur de brique pour dessiner l'Expedition en 2007, et les mises à jour de cette année n'ont pas dérogé à cette règle. Après m'être hissé dans le gigantesque siège conducteur du véhicule, la première impression qui m'a assailli était plutôt mixte : oui, les cuirs du modèle Platinum sont doux au toucher et très confortables, la quantité d'équipements est surprenante et l'apparence générale de l'habitacle est très plaisante (la combinaison de sellerie brune, de boiseries et de tapis foncés est particulièrement bien réussie), mais certains plastiques durs viennent gâcher la première impression. Le volant est garni de cuir, mais n'est pas chauffé (sur un véhicule qui peut coûter près de 80 000 $, c'est une lacune importante). Jusqu'à maintenant, j'avoue ne pas comprendre ce qui pousse tant d'automobilistes à choisir un VUS pleine grandeur.
Après seulement 2 coins de rue, j'ai entièrement compris.
Au volant d'un château
Avez-vous déjà gravi une montagne, un immeuble très haut ou encore un château surplombant un village? Avez-vous ressenti cette sensation de supériorité envers tout ce qui est en dessous de vous?
C'est exactement l'émotion qui m'a assailli dès que mon Expedition s'est retrouvé sur l'autoroute. Puisque l’assise est aussi haute, une marée de toits s'offrait autour de moi. Une Honda rabaissée s'est garée à ma hauteur à un feu rouge, et j'étais capable de voir le conducteur à travers son toit ouvrant! En plus de la hauteur, la taille du véhicule m'a imprégné d'une impression d'invincibilité que je n'avais pas ressentie depuis ma première camionnette HD : si l'envie de changer de voie se fait sentir, il suffit de tourner le léger volant et les petites voitures qui entourent mon Expedition n'ont qu'à bien se tenir! À ce sujet, les modèles Platinum viennent équipés du système BLIS, qui s'assure qu'aucun objet ne se cache dans les (massifs) angles morts du véhicule. Si vous songez à vous procurer un Expedition, je recommande cette option (qui ne coûte que 500 $ sur le modèle de base XLT).
Boost? Oui! Eco? Euh...
Pour motoriser ce gros VUS, on est en droit de s'attendre à trouver un puissant V8 sous le capot de l'Expedition. Jusqu'à l'an dernier, c'était effectivement le Triton de 5,4 litres qui déployait ses 310 chevaux pour déplacer le camion. Cependant, 2015 a sonné le glas de cette motorisation; à sa place niche un tout petit V6 de seulement 3,5 litres. Par contre, la mention EcoBoost qui trône sur le couvercle vous fera comprendre qu'il ne s'agit pas d'un V6 ordinaire : grâce à ses deux turbocompresseurs, cet impressionnant moulin génère 365 chevaux et 420 livres-pied de couple. Ford nous annonce que ce changement de moteurs à des effets bénéfiques : non seulement le VUS est maintenant plus puissant que jamais, mais avec une consommation de 16,2 litres/100 km en ville et 11,8 sur la route (14,2 en conduite mixte), l'Expedition est maintenant aussi « frugal » que son compétiteur de chez Chevrolet. Ma consommation personnelle s'est chiffrée sous la barre des 20 litres aux 100 km, ce qui n’est malheureusement pas excessif pour un véhicule de cette taille, et ce, même s’il y a un badge ECO et une feuille verte estampés à l'arrière. Par contre, l'accélération du pachyderme m'a énormément surpris : un objet de cette taille ne devrait pas être capable de prendre de la vitesse aussi rapidement, sous peine de briser quelques lois de la physique!
Selon vos besoins... ou vos envies
À mes yeux, bien peu de personnes sont capables de justifier un Ford Expedition comme véhicule de tous les jours. Mais le fait qu’il se vende de façon satisfaisante même quand l'essence coûte près de 1,50 $ le litre me montre que le segment des VUS pleine grandeur n'est pas sur le point de s'essouffler. Et si vous aimez les aubaines, sachez que la version de base débute à 50 299 $, et que le modèle Platinum peut être vôtre pour 66 399 $. Même en l'équipant jusqu'aux ouïes, l'Expedition se vend 69799$, soit approximativement 10 000 $ de moins que son confrère chez Lincoln, le Navigator...alors que ces deux véhicules sont essentiellement similaires.