Kia K900 V8 Elite: Taunka
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Il est présentement 21 h15. Je conduis à travers la nuit noire, éclairé par des phares dont les DEL adaptatives pivotent dans les virages en suivant l’angle du volant. Bien assis dans un confortable siège en cuir chauffant (et ventilé, au besoin), je planifie le dépassement d’un camion qui peine à monter les pentes. Au moment où les lignes doubles sur la chaussée deviennent pointillées, j’appuie légèrement sur la pédale d’accélération. La transmission à huit rapports rétrograde avec souplesse, faisant du coup augmenter le régime moteur; le V8 de 5 litres s’anime. La large berline que je conduis s’affaisse légèrement sur ses roues arrière, signe que ce sont elles qui transmettent la puissance à la chaussée. Dans un silence presque parfait, la semi-remorque qui m’ennuyait n’est plus qu’un souvenir. Cependant, juste devant elle se cachait une fourgonnette que je ne pouvais voir avant d’entreprendre la manœuvre. Qu’à cela ne tienne, il suffit d’enfoncer l’accélérateur pour que le moteur chante jusqu’à 6 400 tours/minute, déployant 420 chevaux. L’indicateur de vitesse holographique qui est projeté sur le pare-brise affiche un chiffre plus haut qu’il ne le devrait sur une route secondaire, mais la voiture ne montre aucun signe d’essoufflement, me propulsant dans un confort souverain comme elle le fait depuis déjà 1 000 kilomètres.
Une fois la manœuvre complétée, mes yeux passent rapidement la planche de bord digitale en revue pour m’assurer que tout est en ordre. Ce faisant, je remarque l’écusson qui trône au milieu du volant, et je suis ramené à la réalité : je conduis présentement une Kia.
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Une Kia, vraiment?
La Kia K900 n’est pas la première voiture à laquelle on associe le nom de ce manufacturier coréen : la marque est arrivée ici en 1992, vendant des petites voitures bon marché à des prix très bas. Après son rachat par Hyundai en 1998, la marque a progressé à pas de géant, créant des modèles de plus en plus fiables, équipés et confortables… Aujourd’hui, Kia est reconnu comme un constructeur à part entière avec une vaste gamme de voitures et de VUS.
Par contre, dans le segment des berlines luxueuses de plus de 50 000 $, là où la compétition s’appelle Mercedes-Benz Classe E, Audi A6 et BMW Série 5, la K900 arrive comme un cheveu sur la soupe.
Ce n’est pas que la K900 n’a pas les attributs nécessaires : il s’agit d’une luxueuse berline pleine grandeur à propulsion. Débutant à 51 480 $, elle vient d’office avec une liste d’équipements longue comme le bras : moteur V6 3,8 litres de 311 chevaux, amortisseurs dynamiques, phares au xénon, capteurs de stationnement, sièges avant chauffants à 12 réglages, chaîne audio à 17 haut-parleurs… Elle offre énormément d’espace pour les passagers arrière et est extrêmement confortable sur la route.
De plus, mon modèle d’essai est un V8 Elite, ce qui lui ajoute diverses options comme le gigantesque toit panoramique, de belles roues de 19 pouces, des phares aux DEL (qui ressemblent à des lance-missiles!), des sièges refroidis/ventilés, des soutiens lombaires à coussin d’air et un système de caméra à 360 degrés. Mais la pièce de résistance est sous le capot : le moteur V8 de 5 litres développe 420 chevaux, et propulse la grosse voiture avec aisance, peu importe les conditions. Ce moulin a le défaut d’être plutôt énergivore : avec une consommation moyenne de 13,8 litres en conduite mixte, il ne s’agit pas d’un véhicule que l’on se procure pour économiser à la pompe...
Sur la route, la K900 impressionne cependant par sa qualité de roulement : elle fait contraste avec les autres voitures de ce segment car elle n’affiche aucune prétention sportive. Là où la compétition germanique offre une version ultraperformante et vante sa conduite peaufinée sur circuit, la K900 est tout simplement confortable, telle un Lincoln Town Car (d'ou le titre de ce texte: Taunka signifie Town Car, en coréen). Sa direction est ultralégère et ses suspensions absorbent les trous sans rechigner. Comme mon collègue Alain Morin l’a dit dans son essai de la K900, prendre un virage très vite occasionne un roulis qu’on retrouvait dans les Buick des années 70. Pour ma part, je trouve qu’il s’agit là d’une qualité, puisqu’on se plaint aujourd’hui que beaucoup de voitures luxueuses sont trop fermes et directes. Oui, la BMW Série 5 risque d’être plus rapide et agréable sur un circuit… mais achetez-vous vraiment une grosse berline pour la pousser à bout sur une piste de course?
Laissons la chance au coureur
Il est vrai que la K900 n’est pas exactement un modèle qui a battu des records de vente (l’an dernier, seulement 1 330 K900 ont trouvé preneur, contre 66 400 Mercedes-Benz Classe E…), qu’elle n’est pas frugale, que son badge n’attire pas les mêmes commentaires qu’un logo BMW ou Audi et que sa valeur de revente est incertaine, mais regardez-la sous un angle différent : prenez sa liste d’équipements, et équipez une Classe E aussi richement… Vous allez voir que la Mercedes-Benz vous coûtera près de 20 000 $ de plus. Par ailleurs, si vous êtes à la recherche d’originalité, vous pouvez être assuré de ne jamais vous stationner à côté d’une Kia comme la vôtre!